L’alliance Villiers-Le Pen : le cauchemar ?

Villiers Le Pen

Dans la salle d’attente de mon médecin, l’autre jour, à cause de ma fille allergique au smartphone, j’étais condamné à choisir entre les revues éparpillées sur la table basse : Gala, Elle, VSD ou le n° 617 de Challenges qui titrait : « Les Fortunes de France ». Curieux, et un brin espiègle, je le feuillette pour voir si mon nom y figure et, page 16, mon œil accroche un petit article d’une rubrique tenue par Nicolas Domenach (le vis-à-vis de Zemmour sur RTL) au titre provocateur : « Le “cauchemar” de l'alliance Villiers-Le Pen ».

Je vous le livre in extenso :

Lors de leurs séances de « brainstorming »», les proches d'Emmanuel Macron ont élaboré ce qu'ils appellent un « scénario cauchemar ».
Selon l'un des animateurs de ces réunions, « Marine Le Pen irait voir le général Pierre de Villiers, frère de Philippe, pour lui demander de se présenter à l'élection présidentielle, car il est raide comme la justice et incarne l'autorité. La chef du RN ne demanderait que la présidence de l'Assemblée nationale ou Matignon pour commencer. Et le tandem serait très dur à battre. » La même source issue du premier cercle présidentiel se réjouit en revanche de l'offensive de Marion Maréchal, qui « affaiblit plus encore la droite et divise les lepénistes. Car une partie de ces derniers soutiennent les efforts de notabilisation de la nièce, alors qu'une majorité des militants veulent gagner au peuple, bouffer la droite et non pas l'asseoir à leur table. »

Plus macronien que Challenges, tu meurs. Son patron, Claude Perdriel (qui se dit « de gauche »), ne cache pas son soutien à Manu. Au point que ses journalistes, en pleine campagne présidentielle, ont dénoncé le « boulevard fait à Macron » dans leur journal*. Ces gens-là doivent être bien informés, donc l’article peut être pris au sérieux.

Évidemment, tout est dans le « irait », mais il n’y a pas de fumée sans feu et si les macroniens redoutent ce cauchemar, c’est que l’idée circule.

N’ayant aucun goût pour les calculs électoralistes, je laisse volontiers aux plumes aguerries des contributeurs de Boulevard Voltaire le soin de commenter cet article.

En revanche, l’image est séduisante.

Ces deux personnalités ont déjà marqué l’histoire pour avoir osé affronter Macron.
Que veulent les Français ? Retrouver leur mère patrie, c’est-à dire leur famille, dans une société en déliquescence dominée par la monoparentalité, minée par l’homoparentalité.

La mère patrie (concept bisexué) a été piétinée par des décennies de gabegie républicaine libérale et le Français se rend bien compte qu’après avoir tué père et mère, la République vend aujourd’hui le patrimoine et les bijoux de famille au plus offrant, au seul bénéfice d’intérêts privés et spéculateurs contre le bien commun.

Marine Le Pen, la louve nourricière et protectrice, Pierre de Villiers, le militaire, symbole de stabilité et d’autorité. Ce tandem aurait peut-être la capacité de réconcilier la France de haut en bas sans trop bousculer la tiédeur mortelle du bloc bourgeois sur lequel Macron assoit son pouvoir (« un pouvoir en secondes », écrivait Céline dans Mea Culpa).

Mais, Macron l’apprend à ses dépens, on ne fait pas une politique avec une image, aussi séduisante soit-elle. Il faut d’abord une philosophie politique claire. Nous sommes en guerre, confiait Mitterrand. Dans ce contexte, le retour d’un général, du général, pourrait mettre la France dans le contexte du Conseil national de la Résistance. La ligne de Patrick Buisson et l’illibéralisme prôné par Alain de Benoist ne manquent pas de cohérence. Et pourraient ouvrir la voie à un illibéralisme à la française, bienveillant, qui ne serait ni celui de Trump, de Bolsonaro, de Salivini ou d'Orbán. Un militaire, a priori, n’a pas vendu son âme à l’oligarchie ploutocratique et nous voyons bien que le libéralisme est au pied du mur, avec le lot de misères qu’il génère : les lois sociétales et les lois de la jungle de l’économie libérale : chacun pour soi et Dieu pour personne. La mort du bien commun.

Affaire à suivre ?

* Valeurs actuelles, lundi 3 avril 2017

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Frédéric Marc
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