La martingale gagnante
En 2022, cela fera un demi-siècle que l’étiquette fasciste est accolée au nom de Le Pen. Cette absurdité a gagné les esprits à un point tel que l’on peut douter qu’elle soit contredite un jour. Même le changement de patronyme n’y suffirait sans doute pas, et une Marine qui se marierait pour devenir Aliot ne bénéficierait pas du privilège d’une Anna Maria Mussolini, fille du Duce, devenue par mariage Pucci Negri, animatrice appréciée de la radio italienne jusqu’à sa mort en 1968.
Des êtres intelligents et rusés, jouissant des conseils les plus avisés, ont créé ce mythe et l’entretiennent à leur profit. Le père fondateur est sans conteste François Mitterrand qui, en valorisant Jean-Marie Le Pen ("L’Heure de vérité", Antenne 2, 13 février 1984), en lançant SOS Racisme (15 octobre 1984) et en instaurant la proportionnelle (1986), a plongé ses opposants de la droite conventionnelle dans un pétrin dont ils ne sont jamais sortis.
L’évolution du processus l’a amené à maturation. Désormais, les présidents de la République sont élus par défaut, soit que le candidat de gauche soit opposé à un candidat de droite soupçonné de dérive ou de soutien ou de pensées lepénistes (François Hollande), soit que le candidat de nulle part soit opposé à un authentique Le Pen. Ainsi Emmanuel Macron. L’homme peut se prévaloir d’un succès écrasant. Pensez ! 66 % contre 34 ! Mais entrons dans le détail. Le corps électoral français compte 47 millions de votants. Le 7 mai, 12 millions se sont abstenus, 4 millions ont voté blanc ou nul. Reste 31 millions, dont 20,5 pour l’élu. Mais toutes les enquêtes confirment que 60 % de ces 20,5 millions n’ont pas voté pour Macron mais contre Le Pen. Reste 12 millions de marcheurs convaincus. Avec ses presque 11 millions de voix d’authentiques adhérents à son projet, Marine Le Pen n’est pas pulvérisée mais honorablement battue par le candidat antifasciste. Car Emmanuel Macron, dans ses discours comme dans le choix de ses visites, n’a rien négligé pour entretenir la stupide accusation. En dépit de son invraisemblance, cette accusation reste opératoire, et elle l’est en profondeur ! Chacun a pu entendre entre les deux tours, dans une de ces émissions radiophoniques qui donnent la parole à qui veut bien la demander, un quidam qui, avec de la terreur dans la voix, disait redouter le retour des SA et des camps de concentration si Marine Le Pen était élue ! Rien que ça ! Mais insuffisant pour inspirer au journaliste à l’antenne une contestation à la mesure de l’outrance. Et dans tout le pays, on a vu des portraits de Marine Le Pen dont la lèvre supérieure était couronnée d’une petite moustache et le front décoré d’une croix gammée. Le pire : personne ne s’en est étonné.
Ainsi, l’affaire est entendue, on n’y reviendra pas : Le Pen = Hitler, et le courant national-souverainiste est à jamais extrême-droitier. Que le programme, les actes publics et les candidatures du Front national soient strictement républicains, sans que l’on puisse y trouver quoi que ce soit d’extrême, n’y changera rien. De cyniques manipulateurs, disposant de puissants moyens et de financements illimités, sauront exhumer à leur profit, à chaque échéance majeure, les âmes des malheureux qui ont péri il y a trois quarts de siècle et qui n’aspirent pourtant qu’à la paix éternelle.
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