La France de Macron dindon de la farce bruxelloise

macron bruxelles

Sur tous les médias, télés, journaux, radios, c'est le soulagement. Cocorico ! Macron a arraché, avec Merkel, un accord à Bruxelles à propos du plan de relance européen. Les journalistes annoncent la nouvelle un sourire aux lèvres, alléluia, nous sommes sauvés.

En réalité, derrière les congratulations unanimes des observateurs autorisés se cache une réalité bien plus inquiétante pour la France. Ce plan de relance européen est, en effet, historique : c'est la première fois que l'Union mutualise des prêts et subventions à son niveau. Un peu comme avait réussi à le faire Hamilton, au XIXe siècle, achevant ainsi de fédéraliser les États-Unis, jusqu'alors en ordre dispersé. Sur les 750 milliards du plan de relance, dont 390 milliards de subventions et 360 milliards de prêts, précise LCI, certains vont beaucoup recevoir, d'autres peu ou pas du tout, mais tout le monde finira par payer.

L'accord a été arraché de haute lutte : les intérêts nationaux sont plus présents que jamais, le fédéralisme n'est pas encore pour demain, malgré le plan de relance. Alors que l'Italie et l'Espagne ont réclamé un soutien massif, les pays du Nord ont tout fait pour épargner leur porte-monnaie, refusant jusqu'au bout d'aller au-delà d'un certain niveau pour sauver les « cigales » en détresse. Résultat des courses : l'Italie de Conte obtient 209 milliards (80 milliards de subventions, 129 de prêts), l'Espagne 150 milliards, la Pologne 70 milliards, rappelle Le Figaro. Et la France ? Alors que notre pays a été frappé par la pandémie tout autant que l'Italie ou l'Espagne, alors que le gouvernement annonce une récession de 11 %, unique dans les annales et supérieure à tous ses voisins, Macron nous ramène une subvention de 39 milliards... Bien maigre, par rapport à notre perte de PIB, de l'ordre de 240 milliards. Cinq fois moins que ce que Conte a obtenu pour l'Italie. Certes, ce pays avait besoin d'un soutien important, car menacé par la spéculation sur sa dette souveraine. Mais tout de même... Jusqu'au bout, Conte a fait planer la menace d'un retrait de l'Italie de l'euro, voire de l'Union : cela fait deux ans qu'il prépare son pays à cela, voilà qu'il touche enfin les bénéfices de sa politique.

Emmanuel Macron s'est, lui, payé le luxe de défendre bec et ongles l'accord, de tout faire pour sauver l'Europe, au détriment des intérêts de notre pays. Car alors que nous allons encaisser 39 milliards de subventions, ce sont plus de 80 milliards qu'il faudra rembourser (suivant la péréquation prévue par le MES) dans les années à venir : pas de quoi chanter cocorico ! Alors que notre pays est ravagé par la crise, autant sinon plus que ses voisins, c'est nous qui, en réalité, allons payer les plans de sauvetage de l'Italie et de l'Espagne : merci, Macron ! Comme je l'avais écrit, voici trois ans, dans OPA sur l'Élysée, ce sont les Français qui vous ont élu, mais ce n'est pas eux que vous défendez en priorité : ce sont vos donateurs, banquiers, financiers, multinationales, tous inquiets de la survie de l'euro, et la technocratie bruxelloise pour lesquels vous vous battez. Ces quatre jours de négociation le prouvent de façon éclatante !

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Olivier Piacentini
Ecrivain, politologue

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