En coulisses, Macron peaufine son remaniement pour sauver son poste en 2022…

Clément Leonarduzzi
Clément Leonarduzzi

Il y a d’abord eu le remaniement ministériel, et ses conséquences analysées en ces colonnes : siphonnage de l’électorat LR, éviction d’un Édouard Philippe assez populaire pour venir troubler l’élection présidentielle de 2022 et inflexion populiste, juste histoire de couper l’herbe sous le pied à Marine Le Pen, en vue de cette même échéance.

Puis, à la suite du grand œuvre, les finitions des travaux, consistant à changer les équipes du premier cercle présidentiel. Et là, c’est une tout autre histoire.

De longue date, ce sont dans ces discrets couloirs du pouvoir que se fait désormais la politique, surtout depuis que le Premier ministre a été réduit au rôle de simple collaborateur. Joseph Zimet, chargé des relations avec la presse, devrait donc céder son poste à Clément Léonarduzzi. Mais qui est Joseph Zimet ? Tout simplement l’un des symboles du macronisme, millésime 2017, celui qui se voulait « disruptif » et propre à « faire bouger les lignes », pour reprendre le verbiage d’alors.

Soutien historique de la candidature de Dominique Strauss-Kahn en 2012, Joseph Zimet n’est autre que le mari de Rama Yade, ministre sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Quant à Clément Léonarduzzi, il s’agit d’un dirigeant du groupe Publicis ayant jadis milité pour un rassemblement entre UDF et PS. Nous sommes manifestement là entre gens du même monde : interchangeables et dont les idées du moment ne sont finalement jamais rien d’autre que pavillons de complaisance. Intérêts de classe, quand tu nous tiens…

Du côté de Matignon, toujours la même consanguinité et des masques qui commencent à tomber vis-à-vis du populisme de carton-pâte de Jean Castex, avec la nomination de Mayada Boulos, ancienne dirigeante d’Havas ; le monde de la publicité et de la réclame, comme toujours. Ancienne du cabinet de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé durant le règne de François Hollande, Mayada Boulos serait également assez proche de Gabriel Attal, nouveau porte-parole du gouvernement, en remplacement de la très sémillante et néanmoins fatiguée Sibeth Ndiaye dont les journalistes amateurs d’humour involontaire sont unanimes à déplorer la mise à l’écart.

Cité par Le Figaro de ce 21 juillet, un proche du Château affirmerait : « Clément à l’Élysée, Mayada à Matignon et Gabriel en porte-parole formeront ainsi la première ligne de com’ en vue de 2022. » Dans un registre à peine moins sérieux convient-il encore de noter les départs annoncés des très incolores Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l’Assemblée, et Stanislas Guérini, président du parti macroniste. Le premier pourrait être remplacé par l’écologiste François de Rugy, naguère président du Parlement avant d’être condamné à rendre son tablier pour une piteuse affaire de homards. Et le second par le député européen Sébastien Séjourné, autre soutien de DSK, ce qui commence à confiner à la manie dans l’entourage du résident de l’Élysée.

De manière plus prosaïque, Didier Lallemant, préfet de police de Paris, connu pour le zèle manifesté dans la répression des gilets jaunes – plus de trente éborgnés et près d’une dizaine de mains arrachées –, devrait conserver son poste. Bref, tout change pour que rien ne change, comme dirait l’autre.

Épidémie coronavirienne oblige, on a pu constater que ces gens gouvernaient au doigt mouillé. Quand il s’agit de se défendre, eux, les leurs et leur caste de droit divin, il semblerait que l’intelligence politique leur revienne un poil plus vite.

Il ne reste plus qu’à espérer que le peuple des électeurs et des abstentionnistes ne se fasse pas trop duper par cette manœuvre exécutée de main de maître. Mais rien n’est moins sûr.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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