La commission d’enquête sur la TNT tire à boulets rouges sur Vincent Bolloré

Vincent Bolloré

Ce mercredi 13 mars 2024, Vincent Bolloré, l'actionnaire majoritaire de Vivendi qui détient Canal+, CNews et C8, avait rendez-vous devant la commission d'enquête sur les fréquences TNT. Vêtu d’un costume gris, d’une chemise blanche et d’une cravate grise à motifs, l’homme d'affaires a répondu avec calme aux questions des députés membres de la commission créée à la demande du groupe La France insoumise.

À 15h05, Quentin Bataillon, président de la commission et député Renaissance de la Loire, ouvre la séance en dressant le portrait de Vincent Bolloré et en précisant que c'est l’occasion, pour l'homme auditionné, d’exposer sa « défense ». Le mot n’est pas choisi au hasard.

Pas plus que les mots prononcés par l’homme d’affaires : ils auront probablement agacé les députés de la NUPES, à l’image de cette première phrase : « J’ai eu la chance de naître dans une famille catholique, bretonne, riche et célèbre. » Vincent Bolloré détaille son parcours et ce qui l'a conduit à entrer dans le monde des médias. Puis, le rapporteur de la commission d’enquête, Aurélien Saintoul, député La France insoumise des Hauts-de-Seine, qui semble avoir du mal à émerger de sa sieste ou à digérer son déjeuner, prend la parole sur un ton soporifique. Il attaque l’industriel sur des licenciements qui ont eu lieu au sein du groupe Canal+ et tente de démontrer que Vincent Bolloré aurait commandité ces décisions aux dirigeants. Il fera chou blanc.

Un catholicisme qui dérange

Viennent ensuite les questions sur l’influence de l’homme d’affaires sur le contenu des émissions. Ce sera le leitmotiv des députés de gauche. À plusieurs reprises, il lui est demandé s’il est l’organisateur « d’un grand projet idéologique et politique ». Le complotisme de gauche en liberté. La présence des émissions Dieu merci ! (qui s’est arrêtée en 2012) et En quête d’esprit dans les grilles de programmation des chaînes C8 et CNews n'est apparemment pas du goût de tous.

Plus globalement, le catholicisme de l'ancien président du conseil de surveillance de Vivendi et du groupe Canal+ semble poser problème. Le rapporteur l’interroge sur ses liens avec Aymeric Pourbaix, présentateur de En quête d’esprit et rédacteur en chef de France catholique, ainsi que sur une prétendue conversation qu’il aurait tenue dans l'église avec la journaliste Isabelle Saporta à l’occasion des obsèques du père de Nicolas Sarkozy, au sujet du cardinal Robert Sarah. Vincent Bolloré répond : « Je suis né catholique, ça ne m’a pas quitté et c’est une vraie force dans la vie. » Et il précise courageusement : « Selon ma religion, dans une église, on ne parle pas. Quand je suis dans une église, je suis en présence du Christ. »

Autres angles d’attaque, l’implication du groupe Bolloré en Afrique et les diverses actions en justice qu’il aurait menées, « ces procédures dites baillon » visant à museler les journalistes qui s'attaqueraient à lui, comme l’explique Laurent Esquenet-Goxes, député MoDem de Haute-Garonne, ou encore le pluralisme. À ce sujet, Sophie Taillé-Polian, la fameuse députée écologiste du Val-de-Marne qui refuse de se rendre sur le plateau de Pascal Praud et a récemment lancé une pétition pour que l’Arcom ne renouvelle pas les autorisations de diffusion de CNews et C8, déclare, à propos des chaînes de Canal+ : « Le pluralisme n’est pas respecté et les fake news y sont légion. » Circulez, il n’y a rien à voir.

Heureusement pour l’homme d'affaires, Laurent Jacobelli, député Rassemblement national de Moselle, n’a pas manqué de faire remarquer que le comportement de certains députés dans cette commission laissait à désirer : « J’ai l’impression d'être à un procès d’une personne. Un certain nombre de députés présents dans cette salle signe des pétitions pour que les chaînes s'arrêtent. » La commission a parfois, en effet, des allures de procès. Pendant plus de deux heures, les élus de la NUPES et socialistes ont tenté de pousser Vincent Bolloré à la faute. Il ne leur a pas fait ce plaisir.

Une réussite qui dérange

Au contraire, Vincent Bolloré a, de nombreuses fois, rappelé le succès des chaînes du groupe Canal+ : « La réussite de Canal+ est incontestable par son nombre d'abonnés et par ses résultats, par sa taille, son nombre de salariés. Le groupe Canal+ dans son ensemble est un succès formidable. » Une réussite qui dérange, selon lui. « Ces chaînes auraient très peu d’audience, personne n’en parlerait », estime « l’accusé ». Bolloré a également tenu à préciser qu’un retrait de fréquence serait à la fois un problème d’équilibre pour un groupe qui veut « porter la culture française à l’international » et un problème pour « la liberté d’expression ».

À 16h58, Aurélien Saintoul est une seconde fois tiré de son sommeil par le président de la commission pour poser, la tête appuyée sur son avant-bras, quelques questions subsidiaires. Elles sortent totalement du cadre de la commission d’enquête et n’appelleront donc aucune réponse. Dieu merci, pour reprendre le nom de l’une des émissions ciblées, le député LFI Louis Boyard n’a pas été interrogé. À 17h08, la séance est suspendue et on se demande bien quelles conclusions pourront être tirées de cet entretien par des juges aussi partiaux.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/03/2024 à 17:34.

Vos commentaires

61 commentaires

  1. Bonjour Chez les wokistes Si vous ne pouvez pas répondre à l’argument de quelqu’un tout n’est pas perdu.Vous pouvez encore l’injurier
    Elbert Green Hubbard 1856-1915

  2. Un homme calme que l’on écoute avec plaisir,que fait-il dans ce procès stalinien qui n’est vraiment pas à l’honneur de la France ?

  3. Bravo et Merci Monsieur Bolloré. J’ai admiré votre sang froid et votre intelligence devant cette meute de « Torquemada » irrespectueuse, inculte et d’un manque de pertinence affligeant dans leurs interventions. Je ne considère pas cette assemblée comme la représentation nationale des citoyens. J’ai honte pour notre pays.

  4. Monsieur Bolloré s’est permis de donner une leçon de gestion d’une entreprise devant un parterre de députés dont la plupart sont ignares en la matière.
    Malgré la haine suintante de certains membres (gauche, extrême gauche) de cette commission il ne s’est pas laissé démonter, répondant avec calme, simplicité et franchise.
    Nous avons besoin de Cnews, ce serait un tremblement de terre si le créneau de la TNT était retiré à Cnews et à C8.

    • Des députés ignares en la matière, mais surtout ignares en tout.
      Des députés qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise et ne se rendent pas compte de ce que cela signifie à l’heure actuelle d’avoir encore des entreprises mondialement connues et reconnues

  5. Concernant En quête d’esprit, je pense objectivement que cette émission n’a pas sa place sur CNEWS et devrait être reprogrammée sur C8. On sort du cadre de l’information et de l’analyse. Ce n’est que mon avis même si je trouve que c’est une bonne émission.

  6. « l’homme d’affaires a répondu avec calme aux questions des députés membres de la commission créée à la demande du groupe La France insoumise. » l’homme d’affaires a répondu avec calme aux questions des députés membres du groupe La France insoumise. Définition même du procès stalinien, régression quasi-centenaire au nom du progressisme.

  7. Si Saintoul, Caron et Boyard, la Sainte Trinité de LFI avaient un petit peu bossé, ils auraient pu apprendre un tant soit peu de leur maitre à penser. Si tant est qu’ils aient jamais entendu parler de lui, je veux parler du camarade procureur des procès de Moscou le sympathique stalinien pur jus Andreï Vichinsky.
    En effet, malgré le caractère pervers et mensonger de leurs attaques, tout cela manquait de souffle. On se serait cru dans les Enquêtes du Commissaire Mégret lorsque Jean Richard devenu malade ne pouvait plus articuler quoi que ce soit. Acteurs nuls et scénario convenu dont on connait déjà la fin.
    Rien de tel avec Vichinsky. Les condamnés avaient d’abord été préalablement torturés dans les caves de la Loubianka pour les mettre en condition pour avouer tout et n’importe quoi.
    Aah ! Si seulement Caron avait eu l’idée de traiter Bolloré de « vipère lubrique » ou si Boyard avait qualifié Praud de « rat visqueux » tel que savait si bien le faire Vichinsky, une telle commission aurait soudain pris son véritable visage. Au lieu de ça, Caron n’a rien trouvé de mieux que de brandir Labération comme source de la vérité révélée.
    Pa-thé-tique !!!!

    • Comme vous y allez « Sainte Trinité », rien que ça. Je dirais plutôt trio de pieds nickelés ça leur sied mieux.

  8. Merci Monsieur Bolloré de lutter contre ce politiquement correct insupportable, Je me fournis chez vous pour mon fuel domestique, c’est un choix en raison de votre personnalité.

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