Tir à la corde, piscine, parcours d’obstacles et karting... Le temps d’une journée, des détenus ont affronté une équipe de surveillants et une équipe Kohlantess au cours de différentes épreuves sportives. Tournée à la fin du mois de juillet et diffusée le 19 août, la vidéo des activités auxquelles se sont adonnés les détenus de la prison de Fresnes à l’occasion du tournage de Kohlantess, un « Koh-Lanta version cité », suscite la colère de nombreux twittos... et du monde pénitentiaire.

« Ce n’est pas en faisant du kart que l’on se réinsère »

D’une durée de 25 minutes, cet épisode, visionné plus de 200.000 fois, a rapidement déclenché la polémique parmi les syndicats des surveillants. Nombreux sont ceux à juger indécent que de telles activités aient lieu dans l’enceinte d’une prison. « C’est honteux et scandaleux. Cela donne une image contraire à ce que devrait être la prison », dénonce Anthony Mazoyer, délégué régional du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS). Et d’ajouter : « La prison, c’est à la fois la punition et la réinsertion. Ce n’est pas en faisant du kart que l’on prépare sa réinsertion. » « C’est hallucinant que cela se produise dans une prison, ajoute un autre membre du personnel pénitentiaire joint par Boulevard Voltaire. Il ne faut pas oublier que derrière les détenus, il y a des victimes. » Tous se demandent comment un tel projet a pu recevoir l’aval du ministère de la Justice. Face aux critiques, Éric Dupond-Moretti plaide non coupable. Le garde des Sceaux affirme ne pas avoir eu connaissance de l’organisation de ces activités à Fresnes et promet d’ouvrir « une enquête pour que la lumière soit faite ». Une réaction qui « laisse songeur quand on sait que la direction de l’administration pénitentiaire et son propre cabinet avaient eu vent du Kohlantess », analyse Paul Sugy, journaliste au Figaro sur Twitter. Deux membres du ministère de la Justice « étaient même présents à Fresnes le jour du tournage et figurent à ce titre dans le générique du film, complète Valeurs actuelles. Le ministère fait valoir un couac interne dans la circulation de l'information... »

La colère des surveillants pénitentiaires

Au-delà de la polémique qui enflamme déjà les plateaux de télévision se cache la réalité du monde carcéral. Kohlantess est loin d’être la première activité organisée au sein d’une prison à faire grincer des dents. Auparavant, des surveillants contactés par Boulevard Voltaire affirment avoir assisté à des soirées entre détenus, des balades à cheval, des compétitions de PlayStation ou des sorties au zoo – dont certaines auraient conduit à « une succession d’évasion. Mais là, avec Kohlantess, c’est une nouvelle barrière qui a été franchie », s’agace un délégué du SPS. En effet, si les cours de français, les leçons de théâtre ou l’apprentissage d’un métier peuvent sembler utiles à la réinsertion, difficile de comprendre l’impact d’un tour de kart ou d’un plongeon dans une piscine gonflable dans le parcours des détenus.

Du côté des surveillants pénitentiaires, nombreux sont ceux qui aimeraient que l’énergie dépensée à préparer des activités pour les détenus soit consacrée à améliorer leurs propres conditions de travail. « L’état des prisons de France est catastrophique », s’alarme Frédéric Bescon, surveillant brigadier et membre du SPS. En plus de la vétusté de nombreux établissements pénitentiaires, le personnel des prisons doit composer avec une importante surpopulation carcérale, notamment en maison d’arrêt. À Fresnes, 1.956 personnes sont en détention bien que la prison ne dispose que de 1.531 places. Le personnel pénitentiaire est aussi en manque de moyens humains. Et le moral des surveillants, victimes d’environ 4.000 agressions par an, est au plus bas. « Plus personne ne veut devenir surveillant pénitentiaire », regrette l’un d’eux joint par Boulevard Voltaire, surveillant depuis près de trente ans, qui veut rester anonyme. En cause, des conditions de travail de plus en plus difficiles et un manque de sécurité. Anthony Mazoyer, du SPS, résume le rapport de force : « Parfois, on a un seul surveillant pour 100 ou 120 détenus, constate-t-il. On le ressent dans les rapports de force. Dans certaines prisons, les détenus font ce qu’ils veulent. » Après le kart, la Formule 1 ?

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22 août 2022 à 18:09

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37 commentaires

  1. Cela aura eu le mérite de voir qui peuple nos prisons !! Comme cela pas besoin de statistiques ethniques !!
    Les victimes doivent être contentes de voir que les agresseurs s’amusent aux frais des Français qui travaillent !!
    Une preuve de plus que notre beau pays est « foutu » !!!

  2. Notre pays est foutu …pourquoi pas champagne et nanas pour les taulards ..au point où nous en sommes .il faut penser à toute formes de réjouissances .ce. Ministre et ses sbires devraient démissionner.

  3. On pense aux victimes et à leur famille. Au stade ou nous en sommes arrivés qui pourrait aujourd’hui redresser la barre. Tout se délite.

  4. Hier j’ai regardé et écouté « l’heure des pro2 » ; j’ai été frappé par l’indigence d’esprit , le manque d’ojectivité et de pragmatisme des invités ; en effet ils n’ont fait que palabrer et pérorer sur ce qui c’est passé à la prison de Fresnes sans être choqué et je ne parle même pas de BURGAT qui lui tient le pompon . Ce qui c’est passé dans cette prison est simplement scandaleux , inacceptable et honteux à la vue des FRANCAIS . La prison doit rester une prison et rien qu’une prison et non un « Club Med ». Ce ministre de la soit disant « justice » à le devoir de démissionner « manu militari » . C’est bien la preuve que la FRANCE est en déliquescence .

    1. L’heure des pros, comme la plupart des émissions des chaines d’info, n’est même pas du niveau des conversations de bistrot où les piliers de comptoir, eux au moins, paient leurs consommations.

  5. Tout détenu devrait être obligé à travailler (atelier, usine, entretien etc) pour payer son logement et sa nourriture, comme les citoyens honnêtes, il est immoral que ces derniers paient pour les entretenir. Pour que la prison soit une sanction, pas de téléphone, ni TV ni ordinateurs, seuls loisirs : promenade et bibliothèque. Si le travail des détenus produit des bénéfices, qu’ils soient utilisés pour dédommager les victimes et améliorer le salaire des surveillants.

    1. La prison n’est pas le travail forcé et coute 110€ par jour et par prisonnier. Est-ce un argument suffisant pour rétablir le bagne ou limiter les places de prison ? Je crois que c’est relativement peu, face au marché de la drogue. Par contre, la solution d’exécution des peines dans le pays d’origine serait sans doute à étudier, mais peu compatible avec les droits de l’homme, tant ces pays y sont réfractaires.

      1. « la solution d’exécution des peines dans le pays d’origine serait sans doute à étudier, mais peu compatible avec les droits de l’homme, » Quant au droit des victimes et proches, on y crache dessus.

    2. Je possède une carte de voeux du directeur de l’administration sénégalaise ornée d’une photo représentant des détenus qui entretiennent, sous la surveillance de gardes armés, l’avenue qui mène à l’aéroport, avec cette légende: « La réinsertion par le travail » ! Au moins en Afrique, ils ont compris, chez nous le travail a été aboli

    3. Effectivement, ils devraient travailler pour compenser les dépenses engendrées. Ce n’est pourtant pas le besoin de main d’oeuvre qui manque…

  6. Et un scandale de plus ! Pendant que les criminels bénéficient en prison (payé au frais du con-tribuable spolié !) de loisirs que les honnêtes citoyens qui travaillent tous les jours n’arrivent pas à se payer ! Pendant que les honnêtes retraités payent au moins 3 000 € par mois pour croupir dans des maisons de retraite dans des conditions de vie inhumaines (une douche en 3 semaines en période de canicule !), les criminels, eux, bénéficient de loisirs de luxe sans y contribuer. La réinsertion ne passerait-elle pas plutôt par l’obligation de travailler en prison pour financer le séjour de ces délinquants : ménage, entretien des bâtiments, et pour les temps de loisirs activité scolaire et cours d’instruction civique, découverte de la vraie et belle histoire de France, etc. ? Une bonne façon de se « défouler » utilement et de comprendre ce qu’est la vraie vie ….

  7. Applaudi par des détenus lors de ses visites, il n’assume pas sa responsabilité et s’accroche au pouvoir ! Qu’il y ait des activités au sein de la prison afin de favoriser l’insertion, personne ne le conteste, mais la course de karting (qui a dû couter très cher !), les voir courir avec des seaux d’eau (on nous demande de ne pas gaspiller l’eau), s’amuser comme des petits fous il y a de quoi être choqué ! La prison n’est pas une colonie de vacances, il aurait été plus judicieux de consacrer cet argent à l’amélioration des prisons, des conditions de travail du personnel pénitentiaire ! Mais DPM préfère distraire les prisonniers plutôt que de s’occuper du sort des victimes !

    1. En plus le kart c’est trés polluant, quant à l’eau qui manque dans certaines communes ! Oui, personne ne conteste le fait d’activité de réinsertion, mais là, c’est « l’achat de la paix sociale ». Connaissant trés bien le sujet, il serait intéressant de voir quels détenus ont été sélectionnés, j’ai ma petite idée sur la question. La prison n’est que le reflet renforcé de l’injustice qui régne dans la société quand il n’y a plus de patron à sa tête !

    1. Mon pauvre, ça fait plus de vingt cinq ans que de tels stages existent ainsi que des activités « voiles » ! Et rappelez-vous le tour cycliste pénitentiaire en 2008 ou 2009 ! Pendant ce temps, les surveillants de l’établissement organisateur étaient livrés à eux mêmes !

  8. Il faudra donc boire le calice jusqu’à la lie avec ces incapables en l’occurrence jusqu’à la soumission aux chèques de ce Néron de bazar garantis sur nos impôts.

  9. En France, c’est la cour des miracles qui s’installe partout ! France, pays en perdition !

    1. L’administration pénitentiaire a décliné après le départ de son dernier grand patron en 1995 !

  10. J’ai fait un comptage comme Haïssa Manga à la cérémonie des César et je n’ai pas trouvé le même résultat.

  11. Le plus grave dans cette affaire, c’est que le directeur de cet établissement, lui-même ancien surveillant et responsable syndical, a loué la « fraternité avec la population pénale », en complète violation du code de procédure pénale et du code de déontologie pénitentiaire. Comme a dit un célébre préfet ancien directeur de l’administration pénitentiaire qui faisait trembler tous les directeurs à part deux ou trois grands professionnels : « il a choisit son camp » !
    Décidemment, après les événement de la centrale d’Arles, on ne s’ennuie pas dans cette administration dont on se demande ce que fait son directeur d’administration centrale !
    Après le tour de France cycliste pénitentiaire en 2009, voilà comment en 2022 des fonctionnaires dits « d’autorité » achétent la paix sociale. Comme en 2000, une commission d’enquête parlementaire s’impose sur ces dérives. Pas étonnant que les meilleurs élèments quittent cette administration pourtant passionnante depuis plus de vingt ans !

    J’ai honte d’être représenté par de tels individus, et il me tarde d’écrire un livre sur tout ce à quoi j’ai assisté depuis 1995 !

      1. J’ai quitte la France il y a 49 ans, c’est une des meilleure choses que j’ai faite.

  12. Pourquoi ne sommes-nous même pas surpris que cela puisse arriver ? Depuis le temps que tout s’effondre et se délite dans l’Etat français, il ne s’agit que d’un des nombreux symptômes du grand n’importe quoi qui dirige la France.

  13. C’est pas en voyant ça que les racailles vont craindre la prison, bien au contraire ils vont tout faire pour y rentrer
    Ceci dit lorsqu’on compare maison de retraite (prix minimum 3000 euros) et la prison festiv où la racaille bénéficie du tout gratuit, logé, nourri, blanchi et distraction il y a de quoi être révolté. Le plus écoeurant c’est de voir certains médias, députés, et autres justifiés et approuvés, beurk

    1. Tout à fait d’accord avec vous
      Ça NOUS coûte d’après ce que j’ai entendu hier 110€ par jour et par détenus !!

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