Radicalisé ou pas radicalisé, fiché S ou pas fiché S ? La polémique sur le statut de Karim Cheurfi, l'assassin du policier Xavier Jugelé, abattu sur les Champs-Élysées, n'en finit pas d'enfler, en particulier sur les réseaux sociaux. De fait, les déclarations contradictoires des autorités à ce sujet, notamment celles du procureur Molins, ont de quoi semer le doute.

Il est vrai que cette dramatique affaire, survenue à quelques heures seulement d'une élection déjà compliquée, a de quoi embarrasser le pouvoir socialiste en place. Comment expliquer et, a fortiori, justifier qu'un individu, suivi par les services de renseignement après avoir été interpellé et placé en garde à vue quelques semaines seulement avant les faits survenus jeudi soir, et qui avait, à plusieurs reprises, attenté à la vie de policiers, ait pu se trouver en liberté, qui plus est en possession d'un arsenal digne d'une armurerie ? Par ailleurs, ce gouvernement, qui aura passé cinq ans à mentir aux Français sur à peu près tous les sujets, n'avait-il pas, en ces circonstances particulières, tout intérêt à cacher des informations pour le moins gênantes ? Le doute, comme dans de nombreuses autres affaires du même type - Nice par exemple -, est ainsi installé, habilement dissimulé derrière des discours mille fois entendus et des cérémonies officielles absolutoires.

Il n'en demeure pas moins que les faits parlent d'eux-mêmes. Et que, si l'on est bien conscient que le risque zéro n'existe pas, et que l'on ne peut pas mettre, en l'état actuel des choses, des milliers de fichés S sous surveillance 24 heures sur 24, 7 jour sur 7, le seul passé judiciaire du meurtrier du policier aurait suffi à justifier l'existence d'une peine de réclusion à perpétuité réelle et incompressible. Mais voilà, au nom des droits de l'homme - à l'exclusion de ceux des victimes -, cette sanction n'existe pas dans notre arsenal pénal. Le droit de vie et de mort étant laissé à la seule appréciation des criminels et des terroristes.

Mais, en définitive, peu importe que le fichage S et la radicalisation de Cheurfi en prison, d'où il sortait, aient été reconnus ou pas par le pouvoir. Car s'ils ne l'étaient pas, c'est indéniablement une faute lourde de jugement et un grave manquement en matière de sécurité intérieure. Et s'ils l'étaient, indépendamment du mensonge d’État qui déshonore gravement ceux qui en sont coupables et qui prétendent aujourd'hui le contraire, il s'agit d'une injure à la mémoire de celui qui est tombé pour notre sécurité et qu'aucun hommage ne pourra réparer.

Malheureusement, il y a fort à parier que de tels événements se reproduiront. Et nos services de renseignement et de police, pour aussi efficaces et déterminés qu'ils soient, ne pourront pas empêcher des passages à l'acte aussi soudain qu'imprévisibles. C'est la raison pour laquelle il est impératif que le prochain président de la République tranche sur le sort de ces individus radicalisés de fait, ou reconnus comme tels, actuellement présents sur notre territoire, et qui constituent autant de bombes à retardement. Ainsi, les étrangers concernés doivent-ils être expulsés sans délai et définitivement interdits de séjour en France. Quant aux détenteurs de la nationalité française, ils doivent pouvoir faire l'objet, selon leur niveau de dangerosité, de mesures de surveillance adaptées à leur situation (détention, rétention, assignation à résidence, bracelet électronique). À phénomènes exceptionnels, mesures exceptionnelles. C'est aussi ça, assumer le pouvoir.

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23 avril 2017 à 0:18

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