José Maria Ballester : « Pablo Casado, comme Pedro Sánchez, ont été élus contre l’establishment de leur parti »
Pablo Casado vient de succéder à Mariano Rajoy, le 21 juillet dernier, à la tête du Parti populaire, à l'âge de 37 ans.
Pour Boulevard Voltaire, José Maria Ballester retrace le parcours du nouveau patron du Parti populaire et fait un point sur l'enjeu de cette élection pour la droite espagnole.
Le Parti populaire espagnol a élu, le 21 juillet dernier, le jeune Pablo Casado pour remplacer Mariano Rajoy. S’agit-il du nouveau Macron espagnol de droite ?
Il ne faut pas exagérer. Il n’a pas le niveau intellectuel d’Emmanuel Macron. C’est quelqu’un qui n’a quasiment fait que de la politique depuis l’âge de 27 ans. Il en a aujourd’hui 37. À 26 ans, il a d’abord été député à l’Assemblée régionale de Madrid. L’année suivante, il a été nommé directeur de cabinet de l’ancien Premier ministre José María Aznar dans son think tank de droite, la Fondation pour l’analyse et les études sociales. Il a ensuite pris le dossier des jeunesses du Parti populaire, les nouvelles générations.
C’est un type d’appareil, mais il a aussi énormément de mérite personnel, car pendant les années Rajoy, c’est lui qui est allé sur toutes les télévisions et toutes les radios pour défendre les mesures d’austérité. Il s’en prenait plein la figure. Il en est pourtant sorti médiatiquement indemne.
Lorsque monsieur Rajoy a dit qu’il démissionnait de la présidence du Parti populaire et qu’il convoquait un congrès, le tout-puissant président de la Galice, Alberto Núñez Feijóo, a répondu que la présidence ne l’intéressait pas. Dans l’heure, Casado s’est positionné. Ce fut un coup de génie du point de vue de la com’. Une dynamique s’est alors engrangée jusqu’au 21 juillet.
En élisant Pablo Casado, la droite fournit-elle un anti-Pedro Sánchez ?
Il y a un parallèle important et intéressant entre Pedro Sánchez et Pablo Casado. Tous les deux ont été élus contre l’establishment du parti. Il ne faut pas oublier que monsieur Sanchez avait été élu une première fois à travers les primaires en 2014. Il avait été renvoyé par les barons et avait renoncé à son siège de député. Il avait, ensuite, arpenté toutes les fédérations socialistes d’Espagne et avait remporté les secondes primaires en 2017.
Pablo Casado a, certes, terminé 2e des primaires directes, mais il a remporté le vote des délégués.
Le système diabolique mis en place par monsieur Martinez, le coordinateur général du Parti populaire jusqu’à samedi, ennemi interne de monsieur Casado et fidèle parmi les fidèles de la candidate battue madame Santamaría, a joué contre son camp. Les "officialistes" ont, en quelque sorte, été pris à leur propre piège. Aux primaires directes, madame Santamaría l’a, en effet, emporté de justesse sur monsieur Casado mais, grâce au système mis en place par l’establishment du parti, il fallait aussi remporter le vote des délégués.
Personne ne peut donc contester la légitimité de monsieur Casado.
Peut-on imaginer que l’élection de Pablo Casado va permettre l’émergence d’une coalition un peu plus générale et permettre de prendre le pouvoir un peu plus rapidement ou Pedro Sánchez est-il encore au pouvoir pour longtemps?
Les élections législatives doivent avoir lieu en juin 2020. Nous sommes en juillet 2018. Les élections auront donc lieu dans un an et onze mois au plus tard.
Par ailleurs, Pedro Sánchez est installé au palais de la Moncloa depuis 1 mois et 23 jours exactement. Il est donc un peu dans son état de grâce. Il n’arrête pas de faire des effets d’annonce sur un tas d’autres choses, notamment l’augmentation des impôts, la diminution de la matière religieuse dans le cursus scolaire et l’exhumation des restes de Franco. Mais n’oublions pas que c’est quelqu’un qui n’a que 84 députés socialistes sur 350.
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