José Maria Ballester : Élections espagnoles : « C’est clairement une victoire de la gauche »

José Maria Ballester

Les élections législatives en Espagne ont vu la victoire des socialistes, l'effondrement du Parti populaire (droite) et l'entrée du parti conservateur Vox. Analyse de José Maria Ballester.


Les socialistes sortent gagnants des élections législatives en Espagne. Le parti Vox fait officiellement son entrée au parlement espagnol avec 24 députés élus.
Est-ce une victoire de la gauche ou de la droite ?

C’est clairement une victoire de la gauche. Pourtant, si on additionne les voix des trois partis de droite, cela fait 560 000 voix de plus que les voix des socialistes et de Podemos. Les voix de gauche ont donc mieux été utilisées. La capacité de stratège de monsieur Sanchez est indéniable. Il a su agiter la peur de Vox. Ce n’est pourtant pas un parti d’extrême droite comme la majorité des médias français le disent. C’est un parti conservateur. Il y a peut-être quelques éléments très minoritaires d’extrême droite, mais ce n’est pas un parti d’extrême droite.
Les dirigeants de Vox prévoyaient 60 sièges. Les sondages leur en attribuaient 40. Et finalement, ils n’en ont que 24. Ils entrent pour la première fois au parlement en formant un groupe parlementaire. C’est un succès même si c’est beaucoup moins que ce qu’ils souhaitaient. À l’hôtel où Vox avait réuni son état major pour célébrer le résultat, les sourires étaient plutôt crispés. Ils étaient contents et ont utilisé un euphémisme montagnard. Son secrétaire a dit ‘’c’est un peu comme l’ascension de l’Everest, nous avons installé le camp de base, maintenant il s’agit d’attaquer le sommet’’. Il espérait installer le camp de base un peu plus haut.

La gauche garde-t-elle bien la main sur l’assemblée ?

Oui. Les règles du système proportionnel ont des effets ravageurs sur la répartition des voix et des sièges de droite. Il est vrai que les calculs a posteriori démontrent que si toutes les voix de droite avaient été réunies au sein d’une même coalition ou d’un même parti, cette coalition aurait obtenu 177 sièges, c’est-à-dire 2 de plus que la majorité absolue. À la chambre basse espagnole, il y a 350 députés. Le parti populaire s’écroule. Il perd plus de la moitié de ses voix, 11 millions de voix en 2011 contre un peu plus de 4 millions aujourd’hui. C’est une hécatombe ! Ce n’est pas seulement la faute de Vox, c’est aussi la faute d’une mauvaise campagne et l’héritage de Rajoy.
Rajoy avait une occasion fantastique de combattre la gauche en 2011 grâce à sa majorité absolue. Personne ne conteste qu’il a sauvé la situation financière de l’Espagne. D’un point de vue politique, il a fait preuve d’une passivité idéologique énorme et d’un manque d’initiative politique. Il a surtout très mal géré la crise de la Catalogne. La facture est donc lourde.
Dans les grandes démocraties occidentales, il n’est pas très normal qu’un parti qui a perdu le pouvoir il y a dix mois le récupère aussi rapidement. Pour faire une comparaison avec la France, il est fort probable que le parti populaire doive vendre son siège historique de la rue Genova comme les socialistes français de la rue Solférino. Ce symbole peut s’écrouler. On verra les comptes de campagne à la fin, mais il est fort probable que des mesures désagréables soient être prises.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:13.
José Maria Ballester
José Maria Ballester
Journaliste espagnol

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