Joe Biden sacrifié sur l’autel du #MeToo ?

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Le parti de l’intersectionnalité, clé des grandes coalitions identifiées par Barack Obama dès 2008, avait projeté une liste gouvernementale idéale pour l’élection présidentielle de 2020. Derrière un tandem Kamala Harris/Peter Buttigieg se profilait le cabinet fantôme d’un futur gouvernement incarnant l’avenir face à un Trump présumé incapable de convaincre les femmes, les indépendants, les Noirs, les Latinos, assis uniquement sur les évangélistes et les petits Blancs prolétaires. Trump battu, les temps du bonheur reviendraient, celui des conclaves internationaux dirigeant la planète pour le compte des plus grandes fortunes mondiales, charge à l’Amérique de fonctionner comme la société de gardiennage du système.

Mais voilà, « Oncle Joe » s’était obstiné, bénéficiant de la nullité tactique de ses opposants, beaucoup plus culturellement à gauche que la base démocrate (les Afro-Américains et la classe ouvrière en générale qui commençaient à avoir des faiblesses pour Trump). Donc, un peu par nostalgie, un peu parce que le zombie était simplement là, l’implosion des campagnes d’Elizabeth Warren, de Kamala Harris, de Peter Buttigieg, et surtout celle de Bloomberg avait fait de Biden le candidat démocrate par défaut, un impétrant visiblement pas au mieux de sa forme psychique, incommodé par un constant bruit de casseroles ne demandant qu’à enfler. D’autant que Sanders, imposteur de la révolution marxiste, se révélait être ce qu’il était : un homme de l’establishment, pressé de rentrer dans le rang.

Le SARS-CoV-2 a d’abord eu un effet bénéfique pour Biden. Le gaffeur en chef n’a plus eu à faire campagne et a pu rester terré dans son abri anti-virus à l’abri des caméras. Mais deux personnes en ont profité : Trump qui, en dépit de ses énormes gaffes, continue d’avoir un taux d’approbation supérieur aux avis défavorables, et surtout le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, magicien de la communication, qui projette quotidiennement sur les médias une impression de force tranquille. Ce démocrate traditionnel de la vielle école a les qualités de Trump sans en avoir les défauts. Il est perçu par certains journalistes comme le seul capable de battre Trump. Car Biden, dont les sondages sont apparemment bons, le sont soudain beaucoup moins lorsque l’on constate qu’une majorité des démocrates pensent que Trump va de toute façon gagner.

Survient soudain l’affaire selon laquelle Oncle Joe aurait violé son attachée sénatoriale, Tara Reade, dans les années 90. Il semble clair que les médias aient cessé de le protéger. Mika Brzezinski (la fille de Zbigniew), de MSNBC, l’a tout récemment malmené, cependant que le New York Times demande que le parti démocrate lance une enquête sur ce cas.

D’où vient le coup ? Pas de Trump, qui a tout intérêt à conserver Biden. D’Obama ? Il aurait endossé Biden sous réserve de choisir ses ministres et sa vice-présidente. Reste Hillary, qui vient de soutenir Biden en lui parlant comme à un subordonné. Or, selon The Hill du 30 avril, Hillary s’organiserait pour prendre la relève d’un Biden déchu. Et The Hill de préciser, le 2 mai, l’escamotage constitutionnel suivant : Hillary se présenterait avec Obama pour vice-président. Elle démissionnerait deux ans après, laissant la présidence à Obama, sachant que, non élu, Obama ne contreviendrait pas aux 12e et 22e amendements de la Constitution (un président ne peut être élu plus de deux fois). Place, ensuite, à Michelle Obama ?

André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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