Jean-Marie Bigard : pas si grossier que ça, le bonhomme !

Jean-Marie BIGARD

On aime ou on n'aime pas Jean-Marie Bigard, souvent perçu comme vulgaire et grossier. Mais personne n'est obligé d'aller voir ses spectacles. Pourtant, derrière l'humoriste et ses écarts de langage se cache un homme qui, s'il n'est pas toujours fin quand il fait de l'esprit, ne rejette pas dans sa vie la foi et la spiritualité.

C'est ainsi qu'on apprend qu'il a passé 24 heures à l'abbaye de Solesmes, une communauté de moines bénédictins. Invité de l'émission « Une nuit au monastère », sur la chaîne KTO, le 16 novembre dernier, il a dévoilé des facettes méconnues de sa personnalité, confiant, par exemple, qu'il faisait sa prière du soir en s'adressant à Dieu : « Accueille-moi, je reviens vers toi. » Et que, le matin, il s'en remettait à lui. Il a reconnu que, dans ses sketchs, il allait parfois « chercher assez loin dans la vase », mais que, par une sorte de catharsis, « si le traitement est drôle », il pouvait « déraciner ce mal qui est en nous ».

Bigard en moraliste, de quoi se marrer ! Peut-être est-ce sa plus grande blague que de simuler la foi ? Non ! Quand il raconte comment il a aidé un enfant portugais, fils d'une concierge, à guérir d'un cancer, il a les larmes aux yeux et, manifestement, ce n'est pas feint. Il a dû emprunter à une connaissance 300.000 euros, le coût du traitement. « Mais pourquoi tu vas donner de l’argent à cet homme que tu ne connais pas ? », lui demande son créancier. « Parce qu’il a tapé à ma porte », répond-il. Une semaine après, il signe un contrat publicitaire de 400.000 euros. Mais sa plus grande récompense, c'est quand le jeune malade l’appelle et lui dit : « J’ai une rémission de mon cancer. » De quoi être ému, assurément !

Voilà qui, sans doute, fera remonter Jean-Marie Bigard dans l'estime de ses détracteurs. Le rôle d'un artiste, ce n'est pas d'épouser des causes humanitaires, en suivant les modes idéologiques : leur renommée fait de la publicité à leur action et leur action contribue à leur renommée. Ils monnaient souvent leur aide financière contre des dégrèvements d'impôts, se grisent d'être toujours dans le vent, s'estiment compétents pour donner leur avis sur tout alors qu'ils ne font que répéter, comme des perroquets, les slogans de la bien-pensance. Qui veut faire l'ange fait la bête, disait Pascal.

Jean-Marie Bigard est tout le contraire : il fait la bête, mais un ange, au fond de lui, sommeille. Il dit crûment ce qu'il pense. Aux élections municipales, il sera sur la liste de Marcel Campion, à Paris. Lors d'un meeting du « roi des forains », il a tiré à boulets rouges sur Anne Hidalgo. Selon Le Parisien, il a déclaré sans ambages : « Pendant cinq ans, elle nous a chié (sic) Paris, cette bonne femme incompétente a fait une dette de cinq milliards d’euros. Et on va se la recogner cinq ans ? Dégage, Anne Hidalgo ! » Son langage n'est pas très châtié, mais au moins est-il sincère et, sur le fond, il n'a pas tort.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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