Le prince Andrew n’est pas Jack l’Éventreur

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On sait que Jack l’Éventreur n’était pas le prince Albert Victor, duc de Clarence (1864-1892), petit-fils de la reine Victoria. Une thèse avait, en effet, prospéré durant les années 60-70 : le fils aîné du futur Édouard VII (1841-1910) aurait été le fameux tueur en série qui opéra dans le quartier londonien de Whitechapel, de 1888 à 1891. Des meurtres de prostituées épouvantables : étranglements, égorgements, éviscérations, etc. Meurtres revendiqués par un certain « Jack l’Éventreur », signataire d’une lettre reçue par Scotland Yard à l'époque des faits.

Qui était ce Jack l’Éventreur ? Comme on dit, le mystère resta entier durant tout le XXe siècle. Et puis, en 1962, l’écrivain Philippe Jullian (1919-1977), dans une biographie consacrée à Édouard VII, émit l’hypothèse que Jack l’Éventreur aurait pu être le duc de Clarence. Il est vrai qu’on attribuait à ce prince une « sexualité débridée ». Scandale, même soixante-dix ans après les faits. Un membre de la famille royale impliquée dans une affaire criminelle aussi sordide ! Qui plus est, au moment des faits, le prince Albert Victor était le numéro deux dans l’ordre de succession car fils aîné du prince de Galles, futur Édouard VII. Mais comme l’écrivait Me Jacques Vergès, dans un livre paru en 2001, Les Sanguinaires : sept affaires célèbres, « la thèse est séduisante, même si elle est purement théorique ». Et le célèbre avocat d’ajouter : « Elle présente en tout cas l’intérêt de mettre le doigt sur la puissance déstabilisatrice du meurtre : il suffit d’une poignée de crimes non expliqués pour que le sommet de l’État soit directement mis en accusation. Et, en effet, en mars 2019, le Daily Mail révélait que des traces de sang et de sperme trouvées sur le châle d’une des victimes de Jack l’Éventreur avaient été analysées et qu’elles appartenaient à l’un des suspects de l’époque, un certain Aaron Kośmiński, un immigré, juif polonais. Précisons que cette théorie d’un Jack l’Éventreur-duc de Clarence butait tout de même sur certains faits précis. Ainsi, le journal de la reine Victoria et les bulletins officiels de l'époque mentionnaient la présence du prince à plusieurs endroits d’Angleterre et d’Écosse qui rendait impossible la commission des crimes imputés à Jack l’Éventreur.

Mais voici que la famille royale d’Angleterre, à peine lavée des soupçons - certes minces - qui pesaient sur le grand-oncle de la reine, est à nouveau secouée par une affaire sordide. Celle qui touche le prince Andrew, troisième enfant de la reine. Le duc d’York n’est pas Jack l'Éventreur mais sa fréquentation du prédateur Epstein n’est pas reluisante, d’autant qu’il est désormais accusé de viol par une femme. Sa dégringolade, notamment depuis son interview calamiteuse de la semaine dernière, l'oblige à abandonner toutes ses fonctions officielles. Une humiliation à la DSK semble lui pendre au nez. En tout cas, s'en aller comme un prince prend désormais une tout autre signification.

Si la Couronne est, évidemment, touchée par ce scandale ignoble, on doit néanmoins relativiser les conséquences à moyen ou long terme pour la monarchie britannique : numéro huit dans l’ordre de succession, les chances du prince Andrew de s’asseoir un jour sur le trône du roi Édouard sont bien minces. Charles semble péter la santé, ainsi que sa descendance. Et l’on ne meurt plus de la tuberculose, comme ce fut le cas du duc de Clarence, en 1892 (les mauvaises langues disent que ce fut de la syphilis).

En 2011, à quelques jours du mariage du prince William avec Catherine Middleton et alors qu’il était question de donner un titre ducal au petit-fils de la reine, Paris Match affirmait : « Le titre de duc de Clarence tient jusqu’ici la cote. » La reine connaît bien l’histoire de sa famille.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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