JDD : Renaissance, l’insensé réflexe du censeur 

karl olive

Voilà une « vache » qui pourrait coûter cher au député Renaissance Karl Olive. En accordant une pleine page d'interview au JDD, affirmant notamment qu’il fallait « aller sentir le cul des vaches », le député Renaissance des Yvelines a provoqué l’ire du président du groupe macroniste à l'Assemblée. Son cas sera débattu par le Bureau de Renaissance au palais Bourbon.

En propulsant à sa tête l’ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles Geoffroy Lejeune, le propriétaire du JDD a provoqué la fuite de dizaines de journalistes de la rédaction après plus d’un mois de grève. Une affaire éminemment politique. En témoigne la réaction du président de groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, le député de Paris Sylvain Maillard. Ce dernier a publié sur X (anciennement Twitter), le 19 août : « J’ai été informé par un député de mon groupe que des échanges avaient eu lieu avec le JDD pour la publication d’une tribune, alors que le journal n’apporte toujours pas la garantie nécessaire de pluralité que notre groupe attend. […] Je réunirai le Bureau du groupe à la rentrée pour donner suite. »

Une réaction qui a valu à Maillard de nombreuses critiques à droite. Geoffroy Lejeune lui-même s’adressa, ce dimanche, en ces termes à Sylvain Maillard : « Je vous ai connu moins sectaire. Nous donnons la parole à tout le monde. Cela s’appelle le pluralisme. Libre à vous de ne pas participer. Mais interdire à vos députés de parler dans le JDD, cela s’appelle l’URSS », a tweeté le directeur de la rédaction du JDD. Ce à quoi Maillard a répondu : « L’URSS, c’est là où on impose une décision à une rédaction à 96 % en grève et probablement à 80 % de journalistes démissionnaires. »

Renaissance renoue avec le réflexe de gauche ?

Cette assertion de Mathieu Bock-Côté est plus que jamais d’actualité : « Il suffit à la gauche de se voir contestée pour se croire assiégée. » De Sophie Binet aux cadres de la NUPES en passant par certaines personnalités du centre, il est de bon ton de refuser de s’adresser à la droite. Que ce soit Cnews, Valeurs actuelles ou Boulevard Voltaire, les cadres de gauche boudent ostensiblement ces médias dont le seul crime est de penser différemment d'eux… Pour, ensuite, les accuser de sectarisme et de négation du pluralisme. Une tactique classique que les macronistes ont pourtant longtemps rejetée.

Ainsi, les Français ont pu voir Karl Olive chez Boulevard Voltaire, Aurore Bergé chez Livre noir ou encore Sylvain Maillard (justement) chez CNews. Un sain réflexe démocratique qui permet d’échanger, de se confronter et, au fond, de faire vivre un débat démocratique encore empéché par la prépondérance des médias de gauche. Ces médias qui rechignent à faire intervenir des personnalités de droite sur leur antenne. Ce refus du pluralisme ne choque d’ailleurs personne lorsque cela se passe chez L’Humanité, Libération, France Inter et globalement dans l’intégralité du service public. « Il y a urgence à façonner de nouvelles méthodes de gouvernance démocratique qui incluent beaucoup plus les citoyens |…] C’est ce logiciel que j’esquisse dans le JDD […] et ça, ça intéresse les Français », a réagi Karl Olive sur son compte X.

Ces réactions dénonçant l’emprise des propriétaires sur leurs journaux sont assez hypocrites. On ne reproche pas à M. Lagardère d’avoir nommé Geoffroy Lejeune contre l’avis de sa rédaction : si cela avait été le cas, le même Geoffroy Lejeune aurait reçu le soutien de ses confrères lors de son licenciement de Valeurs actuelles. Non, en réalité, on reproche à l’ancien patron de Valeurs actuelles ses opinions. Tout comme on regrette le changement de ligne du JDD qui va pencher à droite. Un manque de sincérité aperçu lors de l’affaire Fournas. Après la saillie du député RN de Gironde (« Qu'il [le bateau] retourne en Afrique »), Sylvain Maillard avait fait circuler une pétition exigeant sa démission. Une posture défendue publiquement par les députés de « son » groupe mais largement critiquée en privé. « Il en fait beaucoup trop, chuchotait l’un d’entre eux à l’époque. On a tous compris ce que Fournas a vraiment dit. » Contactés, ni Sylvain Maillard ni Karl Olive n’ont donné suite à nos sollicitations.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Ce mouvement « renaissance » n’est pas approprié dans ce cas de figure, l’emploi de « sectarisme » serait plus adapté; quant à ce président il ne lui manque plus qu’une particule pour compléter son nom « colin-maillard » , il raisonne en aveugle . Les médias les plus enclin au sectarisme ne sont pas ceux que vous énoncez , loin s’en faut . Et passer votre colistier devant un « conseil de discipline » quelle belle preuve de déontologie.

  2. On interdit la pluralité et on condamne pour manque de pluralité, en même temps.
    Elle est belle la démocratie, en Macronie…

  3. La gauche est restée figée à « 1984 » au figuré comme au réel avec des lois du genre « Gayssot ».

  4. C’est bien joli de se débattre au nom de « la droite » face aux attaques des mondialistes anti-républicains qui se prétendent de gauche (Nupes, Renaissance et Cie), mais ce n’est pas efficace. La preuve depuis 50 ans de vie politique française – – – – – Si, par exemple, Marine le Pen avait rétabli la vérité historique (le mondialisme, élitiste contre les peuples, est de droite, voire d’extrême droite – le fascisme est historiquement d’extrême gauche, le totalitarisme est l’excès de gauche – le RN est au centre-gauche, la démocratie ne peut vivre que dans un état souverainiste, etc. ), il y a longtemps qu’elle serait à l’Elysée.

  5. Entre copains coquins les voilà qui s’étripent publiquement, mais gentiment car ça n’ira pas plus loin. C’est l’ambition qui fait les faux-jetons, sans convictions mais accrochés à la meilleure gamelle du moment.

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