Elle a beau avoir pardonné l’humiliation à ses malfaiteurs, elle n’en demeure pas moins désemparée à l’annonce du verdict. Soad Thabet, chrétienne copte septuagénaire, avait été traînée nue dans les rues par des islamistes lors d’une attaque sectaire en 2016. Le tribunal égyptien vient d’acquitter les trois hommes qui étaient jugés pour sévices. Dans un communiqué, une association de défense des droits de l'homme, l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), exhorte le parquet à faire appel.

« Ils ont incendié la maison et sont entrés et m’ont traînée dehors, m’ont jetée devant la maison et ont déchiré mes vêtements », déclarait la victime. « J’étais comme ma mère m’a donné naissance, criant et pleurant. » À l’origine de la fureur, une rumeur. Son fils Ashraf Abdo Attia aurait eu une liaison avec une musulmane. Les deux l'ont nié mais cela ne suffira pas. À Al-Karm, dans ce village situé à 300 kilomètres au sud du Caire, une foule de miliciens en colère s’élance, appelle à l’expulsion des minorités coptes, pille et incendie les maisons des chrétiens sur son passage.

Les romances interconfessionnelles ou leurs rumeurs donnent souvent lieu à des scènes de violence identiques conduisant à des récoltes rasées, des églises attaquées et des familles coptes contraintes de quitter leur village. À l’époque des faits, le président Al-Sissi avait appelé à l'arrestation des personnes impliquées dans l'attaque de la foule et exhorté le gouvernement à prendre « les mesures nécessaires pour préserver l'ordre public, protéger [les citoyens] et la propriété dans le cadre de l'état de droit », lit-on sur le site orthodoxe Pravmir. Mais en Égypte, l'islam est la religion d'État, et la charia islamique sa source principale de la législation.

L’Égypte est « l’un des pires pays au monde pour les femmes », fustigent des socialistes dans Mediapart. À droite, Valérie Boyer alertait, fin novembre, dans son tweet : « Les infos concernant les #coptes sont inquiétantes. Il semble que leurs maisons ont été marquées d’une croix pour être incendiées par les islamistes à #AlBarsha où l’église #AbuSeifen a été incendiée. Partout les chrétiens sont persécutés en raison de leur foi dans l’indifférence. » Et l’AED rappelle que, dans ce pays, « de jeunes femmes chrétiennes coptes sont kidnappées et forcées d'épouser leurs ravisseurs non chrétiens ». Malgré ces persécutions notoires, que fait notre Président Macron en catimini, lors de la visite à Paris, le 7 décembre d’Abdel Fattah al-Sissi ? Il lui remet la grand-croix de la Légion d'honneur ! Seule la délégation égyptienne a diffusé des images. Emmanuel Macron espérait sans doute éviter la polémique en le distinguant de la plus haute décoration honorifique sans aucune caméra française…

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22 décembre 2020 à 10:15

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