Hommage à Arnaud Beltrame : une nécessité morale
Il est des actes qui nous renvoient à notre nécessaire humilité. Celui accompli par Arnaud Beltrame, lieutenant-colonel de gendarmerie ayant fait le don de soi pour sauver Julie – une employée du magasin pris d’assaut par un fanatique au goût de mort dans la bouche –, en est un.
Daniel Cerdan, ancien membre du GIGN, a parfaitement résumé son frère d’armes : "Il incarne à la perfection la devise de son école : le travail pour loi, l’honneur comme guide" (Le Parisien).
Un « héros », disent avec émotion les citoyens français touchés en masse par ce geste dont on mesure pleinement la portée, à une époque où l’individualisme matérialiste est presque le seul credo. Moi, je dirais, en paraphrasant Jacques Brel, qu’Arnaud Beltrame est beaucoup mieux, il est un homme pour toujours. Son sacrifice ultime, qui nous prive de sa présence physique ici-bas, devient soudain un idéal de force morale et de générosité.
L’empreinte qu’il laisse ne s’effacera donc pas de sitôt, et je salue la décision de lui rendre les honneurs qu’il mérite sans restriction : "À l’issue d’un conseil restreint de défense samedi, l'Élysée a annoncé qu'un hommage national serait rendu au gendarme, décédé des suites de ses blessures infligées par le terroriste de l'Aude" (Le Figaro).
L’âme de ce cœur vaillant, pour qui rien n’était impossible – il suffit de lire les témoignages de ses proches pour s’en convaincre –, doit continuer de briller, malgré sa disparition aussi injuste qu’insoutenable, et un hommage national sonne comme une évidence qui consolidera son souvenir. Je partage aussi l’exhortation du président de la République, invitant "chaque Français à honorer la mémoire d’un homme mort au service de la nation" (op. cit.).
Et puisque cela s’appelle une communion nationale, qu’il me soit permis de songer à la foi du défunt et me dire qu’il s’est à ce point rapproché du message christique que les hauteurs lui sont promises quand d’autres, sûrs de leurs crimes et sans une once de repentance, sont destinés aux abîmes.
Pour finir, je voudrais emprunter les mots de René Bazin – écrits à propos d’un autre soldat mort pour la France –, lesquels collent exactement au sentiment et aux attentes qui nous animent quand nous prononçons le nom d’Arnaud Beltrame : "Il faut encore que vous sachiez, mes enfants, que la France n’a pas été ingrate envers les parents qui lui ont donné un tel fils. Le gouvernement leur a alloué une pension. L’archevêque de Paris a fait célébrer un service solennel, à Notre-Dame. Il a prononcé, du haut de la chaire, l’éloge du héros. Le nom de Fiegenschuh, du fils du tanneur de la Robertsau, a ainsi retenti sous les mêmes voûtes qu’avaient fait tressaillir les noms de Turenne et de Condé. L’immense foule l’a recueilli, pour ne plus l’oublier" (La Douce France, ouvrage destiné, jadis, à faire aimer leur patrie aux enfants).
PS : j’ai une pensée particulière pour les trois autres victimes de celui dont je me refuse à écrire le nom ici.
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