Hijab à l’Assemblée nationale : une atteinte à la laïcité et à la République ?

maryam pougetoux

L'étudiante en lettres et métiers de l’édition Maryam Pougetoux, 21 ans, vice-présidente de l’UNEF, vient, ce jeudi 17 septembre, de mettre en émoi les membres de la commission d’enquête Covid-19 de l’Assemblée nationale.

On ne peut pourtant pas dire que la jeune fille enfreignait les gestes barrières exigés. Bien au contraire : vêtue de la tête aux pieds sous divers tons de vert, masque facial immaculé, d’où ne sortaient que des yeux en amande et deux sourcils aux courbures lunaires sous des bésicles cerclés.

Mais les députés LR ainsi qu’une élue LREM, qui l’auditionnaient ont quitté la salle pour dénoncer la présence d’une syndicaliste voilée entre ces murs ou souffle, et souffre (?), la laïcité. Buzz assuré de part et d’autre.

Pierre-Henri Dumont, LR, a d’abord demandé un rappel au règlement face à un « acte communautariste délibéré » de celle qui enfreignait « le principe même de laïcité ». Anne-Christine Lang, LREM, ancienne socialiste, triturant fébrilement son feutre, leur a emboté le pas, dénonçant le port du hijab comme incompatible, dans ce cadre, avec ses « valeurs […] concernant les relations entre les hommes et les femmes » et avec son idée des institutions, de la laïcité et des « valeurs républicaines dont elle doit continuer à être le temple et le cœur battant ». Beau comme l’antique !

La présidente LREM de la commission, Sandrine Mörch, colère, dénonçant « un faux débat », a rappelé qu’« aucune règle n’interdit le port de signes religieux […] pour les personnes auditionnées », la seule règle s’appliquant aux députés, dans l’Hémicycle. À ses côtés, Marie-George Buffet, le rapporteur, masquée d’azur, opinant du chef, pour donner tout le poids – communiste – nécessaire à ces propos légalistes.

Voilà qui traduit, une fois de plus, cette « crispation » exclusivement française face à l’islam, puisque le hijab est le signe le plus visible d'une appartenance religieuse ; un « faux débat » ? Non. Ceux qui le combattent y voient un élément destructeur d’identité française : atteinte à l’esprit national immémorial et catholique pour les uns ; aux droits révolutionnaires acquis et laïcs ; à l’émancipation libertaire, pour d’autres. Sentiment d’agression, en tout cas, pour tous, selon leurs conceptions héritées ou acquises, antagonistes hélas, de ce qui doit, aujourd’hui, « faire société ».

Derrière chaque posture – conservatrice, laïciste, féministe – sommeille, face à l’islam d’importation récente, l’atavisme sublimé, raisonné ou rejeté, de l’identité française construite par un façonnage historique particulier ; une hérédité psychologique de la nation, pourtant composite : près de deux millénaires chrétiens de la « fille aînée » de l’Église. Une société ouverte, mais modelée à ses rites ; au rythme des cloches paroissiales, jusqu’aux années 1970. Nos politiques, mêmes qui le réfutent, en sont encore inconsciemment marqués. Et le rejet du voile, argumenté de laïcité ou de valeurs républicaines menacées, est impulsé par un ressenti bien plus profond : celui du risque d’acculturation, par l’introduction subversive des règles sociales d’une religion allogène, conquérante par simplicité.

Au cœur de polémiques depuis déjà deux ans, Maryam Pougetoux a toujours soutenu que porter le hijab est, pour elle, un juste acte de foi : « Mon voile n’a aucune fonction politique. C’est ma foi. Après, oui, c’est visible, mais ce n’est pas pour autant du prosélytisme. » Ses deux parents sont d’anciens catholiques convertis à l’islam. Et Maryam aurait pu très bien s’appeler Marie !

Alors, par-delà ce cas particulier, ce sont ces conversions, nombreuses chez les indigènes « souchiens », qui doivent nous interroger. Elles traduisent sans doute un besoin de repères spirituels chez certains de nos compatriotes, repères qu’ils n’ont pas trouvés dans les discours de l’Église et auxquels l’État français a renoncé depuis longtemps en donnant de mauvais exemples. Mais peut-être aussi, par leur nouvel engagement, ces convertis intransigeants sont-ils en passe de se dévoiler comme agents militants de l’entrisme islamique au cœur même de la République.

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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