Heureux comme un Black Bloc en France

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Ayant depuis des lustres remisé ma télévision, considérant qu’elle tenait plus d’une Pravda lacrymale que d’un canal objectif, il m’arrive de capter au débotté quelques perles via Internet. Ainsi, le magazine « Enquêtes exclusives », sur M6, diffusé le dimanche 6 mai, était consacré aux Black Blocs, ces sympathiques petits bourgeois déguisés en casseurs. Le présentateur de cette émission, le journaliste Bernard de La Villardière, est comme un bon vin - maturité aidant -, il s’est complexifié, délaissant les marronniers du type « été chaud à Saint-Tropez » ou « 24 heures avec la BAC dans les beaux quartiers » pour des sujets à haute intensité médiatique.

Au-delà des images saisissantes de guérilla urbaine où nos nihilistes à la petite semaine cassent tout sur leur passage, le reporter nous entraîne aux côtés du préfet de police de Paris, Michel Delpuech. Avec un physique débonnaire à la François Hollande, celui-ci détaille sa stratégie de maintien de l’ordre face à ces hystériques, qui consiste à tout simplement laisser faire. Point d’usage de Flash-Ball®, encore moins de contact direct pour ne pas envenimer les choses. Ce redoutable garant de l’ordre républicain n’a, heureusement, pas précisé si l’usage de bombes à eau et de langues de belle-mère était proscrit.

Devant cette pantalonnade, un photographe d’origine syrienne précise, au milieu des affrontements, que nos nervis d’extrême gauche ne risquent absolument rien en comparaison des manifestations d’opposants en Syrie, qui se traitent à balle réelle. Il y a peut-être un juste milieu, non ?

S’ensuit un détour par Hambourg, capitale des Black Blocs, où il avait été décidé par pur masochisme d’organiser un G20 en juillet 2017 pendant lequel des policiers allemands n’ont vraisemblablement pas reçu leurs ordres de la préfecture de police de Paris.

Enfin, l’emploi du temps ultra-flexible des Black Blocs (d'une certaine façon, une illustration de la flexibilité de l'emploi) leur permet de prêter main-forte aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui occupent illégalement des terrains en vue d’y créer un modèle alternatif. À ce titre, un jeune militant écologiste nous fait visiter sa ferme annexée, dite expérimentale, sorte de décharge où règne un véritable capharnaüm végétal. Celui-ci ne souhaite pas se voir appliquer les obligations imposées aux agriculteurs déclarés, sauf peut-être en ce qui concerne le virement de son RSA, payé par les agents du capital qu’il exècre. Le reportage ne nous le dit pas.

En conclusion, ce magazine met en exergue l’impéritie du pouvoir politique qui offre le rôle épouvantable de punching-ball aux forces de l’ordre, la crainte étant peut-être que nos nouveaux djihadistes soft se fassent une foulure, une égratignure ou, cas extrême, une luxation. Les juges ne s’y sont pas trompés en prononçant des peines de Bisounours à ceux dont le but est de tout casser sur leur passage : du flic - qualifié de "gang armé du grand capital" (sic) -, du mobilier urbain comme des commerces.

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