Greta Thunberg : une statue (en bronze et en pied) de la madone verte dans l’université de Winchester

Greta Thunberg

Cela vous aura peut-être échappé au milieu des combats de la guerre anti-Covid : on discute, ces jours-ci, à l’Assemblée nationale, de la loi Climat et Résilience, un noble projet issu des propositions de la Convention citoyenne.

Je le sais, j’ai fort mauvais esprit, mais comment vous dire… le titre à lui seul me donne des envies de ricaner. J’ai tort. La redevance sur les engrais azotés, les menus végétariens dans les cantines, les consignes pour la vente en vrac, la rénovation thermique, le délit d’écocide : tout ça, c’est très bien. C’est juste que je ne vois pas où se niche la résilience, mais que voulez-vous, le mot est à la mode. Mieux que cela : il est incontournable. De la pâte à tarte au sortir du frigo en passant par le malheureux qui se remet de son « Covid long », tout le monde est qualifié de résilient. Le psychiatre Boris Cyrulnik, théoricien du concept, devrait demander des royalties.

Bref, pendant que nos députés s’écharpent, nos voisins britanniques célèbrent la madone verte. Une statue en bronze et en pied de la sainte Greta Thunberg vient en effet de prendre place, ce mardi, dans l’université de Winchester. La sculptrice Christine Charlesworth l’a baptisée Make a difference. Pour l’instant, ça fait plutôt scandale.

Les étudiants ne sont pas contents. Attention, hein, ils n’ont rien contre la sainte. Ils l’admirent même et seraient prêts à lui faire leurs dévotions si nécessaire. Non, ce qui les chagrine, ce sont les 24.000 livres sterling (28.000 euros) qu’a coûté la statue. Ils auraient préféré voir cette somme allouée au service de soutien aux étudiants. C’est mesquin, hein ?

Madame Figaro, qui s’en fait l’écho, cite les syndicats : « Nous sommes dans une année , beaucoup d'étudiants n'ont pas vraiment eu accès au campus, beaucoup d'entre eux essaient de suivre leurs études en ligne et ont vraiment besoin de soutien », dit la présidente du syndicat des étudiants. Celui de l'université dénonce, de son côté, « la "vanité" du projet » et « le montant investi, qui aurait pu être utilisé pour éviter licenciements et coupes budgétaires ». La direction, elle, assure que « l'édification de la statue correspond à l'ouverture d'un nouveau bâtiment phare de l'université, "l'un des plus verts" de la ville, avec récupération des eaux de pluie et panneaux photovoltaïques. L'œuvre est "un symbole de notre engagement pour combattre l'urgence écologique et climatique dans l'élan" de la COP 26 prévue en novembre à Glasgow (Écosse) », dit sa présidente.

C’est vrai qu’elle est aimée, Greta. Jusque chez les royals. Harry, Monsieur Sussex, « l’époux de Megan », comme disent les tabloïds, lui avait rendu hommage avant de s’envoler pour la Californie, paradis écologique, comme chacun sait. Elle est le modèle de « millions de jeunes » qui ont « rejoint son combat », « chaque famille a besoin de sa Greta Thunberg », avait-il déclaré à la cérémonie des OnSide Awards, en novembre 2019.

Les Sussex sont-ils verts ? Voire. Peut-être Megan Markle porte-t-elle des « culottes éco-responsables », comme en propose la boutique de lingerie près de chez moi. Des culottes à développement durable, j’imagine…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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