Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, s'est rendu à Marrakech pour signer le pacte de l'ONU sur les migrations au nom d'Emmanuel Macron. Réaction, analyse de Gilles-William Goldnadel au micro de Boulevard Voltaire.

Le secrétaire d’État Lemoyne vient de signer le pacte mondial sur les migrations à Marrakech. On entend beaucoup de choses sur ce pacte, mais peu de personnes l’ont lu. Pouvez-nous nous expliquer en quelques mots ce que recouvre ce pacte ?

C’est un pacte à mon avis extrêmement nocif. Non pas parce qu’il est effectivement contraignant.
Tous ceux qui l’ont signé et qui veulent le défendre avancent l’argument juridique consistant à rappeler qu’il n’est pas contraignant. Mais, s’il est nocif, ce n’est pas pour une raison de contrainte juridique. Il est nocif, parce que, dans sa philosophie, ce pacte est une sorte d’ode à la migration, ou à l’immigration.
Sous couvert de vouloir harmoniser les politiques entre États membres, les Nations unies donnent une coloration immigrationniste à sa doctrine. Elle préconise désormais une grande immigration, même si c’était déjà le cas dans les documents onusiens, avec des recommandations elles-mêmes très immigrationnistes comme la promotion du regroupement familial.
D’autre part, il incite les médias à ne pas avoir un discours hostile à l’immigration sous peine d’être privés de financement public.
Bien sûr, ce sont des phrases assez creuses. Mais nous savons bien, en France, que ces phrases peuvent se réaliser. Je pense par exemple à Valeurs Actuelles. Ce journal a été condamné en justice pour avoir orné sa couverture d’une femme voilée, et ainsi avoir attiré l’attention du public sur les dangers de l’islamisation. Cela avait été considéré, dans un premier temps par la justice, comme une déclaration valant condamnation judiciaire, même si ensuite la justice est revenue sur ses décisions. Cependant, une ministre en avait profité pour proposer de priver Valeurs Actuelles de ses subventions.
Bien entendu que les recommandations qui ont été prises aujourd’hui par le pacte de Marrakech ne sont pas juridiquement contraignantes pour les États souverains, mais quand même cela n’est pas neutre.
Je constate que ce n’est pas Jupiter qui est à Marrakech. S’il trônait encore au-dessus de l’Olympe, il y serait probablement allé pour faire la promotion des migrations. À la place, il a délégué en catimini un sous-ministre.
Vous remarquerez enfin que le titre de 8h des informations de France Inter était : « Pacte de Marrakech, instrumentalisation par l’extrême droite ».

Le pacte de Marrakech a été dénoncé en partie par les gilets jaunes. Est-ce pour cela qu’Emmanuel Macron a envoyé un secrétaire d’État ?

Oui peut-être, même si je suis obligé de modérer ce point. Vous avez remarqué cette contestation, parce que vous avez été attentif. En réalité, les médias convenus ont tout fait pour masquer cette critique par certains gilets jaunes.
Puisque ce mouvement est à la fois informe et polyphonique, la classe médiatique choisit soigneusement les ‘’porte-parole’’ dont les discours leur conviennent le mieux. Il est difficile d’être le porte-parole d’un cri.
Plus largement, vous remarquerez que tout ce qui concerne l’immigration, le coût de l’immigration et l’identité culturelle sont des sujets largement placés sous le boisseau. On met davantage en lumière la critique économique et, à l’intérieur de la critique économique, davantage les demandes de salaires plutôt que la critique des impôts.
En définitive, le mouvement des gilets jaunes est une sorte d’auberge espagnole en France où chacun apporte ou prend ce qui lui convient.

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10 décembre 2018 à 18:08

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