Gérald Darmanin est atteint d’un daltonisme avancé : il a vu la peste brune sur les Champs-Élysées

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Jany Leroy s'est penché ici sur les graves troubles engendrés par la dyscalculie du ministre de l'Action et des Comptes publics (un comble !) qui compatissait à la souffrance des Français modestes devant des restaurants affichant des menus à 100 euros. On s'inquiétait de cette perception faussée du malaise des Français qui sont d'abord révoltés par le 1,50 euro du litre de carburant et les taxes nouvelles qui les attendent en janvier.

Ce dimanche, alors qu'il analysait la manifestation parisienne des gilets jaunes au micro du "Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI", on a cru que le ministre avait recouvré tous ses moyens : il a clairement fait la différence entre les "honnêtes gens" et les "casseurs professionnels de la République". Ouf ! Soulagement général de tous les personnels de santé et de tous les Français : enfin un membre du gouvernement ayant une perception juste des événements et capable de distinguer entre le bon grain des gilets jaunes et l'ivraie des casseurs. Gérald Darmanin sauvait l'honneur de ce pouvoir, après les accusations grossières de son collègue Castaner contre les « séditieux » (un Castaner lui aussi atteint de dyscalculie sévère et incapable de compter au-delà de 106.301) et le tweet du Président lui-même : "Honte à ceux qui les ont agressées. Honte à ceux qui ont violenté d’autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d’intimider des élus."

L'anaphore du Président, sans doute un réflexe hérité de sa vie antérieure avec François Hollande, trahissait-elle une pudeur, une amnésie, un doute, un rapport de police trop « en même temps », confus, où les policiers, noyés par les gaz lacrymogènes, n'auraient pu identifier ces violents ou oser les nommer ? On doit l'avouer : le Président, d'ordinaire si enclin à parler cash, nous inquiétait à son tour. Cette anaphore ne traduisait-elle pas encore, tout simplement, un trouble du langage et de la perception, au plus haut niveau cette fois ?

Heureusement, Gérald Darmanin distinguait, lui, et mettait un nom derrière ces « ceux qui » que le Président n'arrivait pas à nommer : "les casseurs professionnels". Et toute la France avait en tête les Black Blocs, l'ultra-gauche, etc. Perception juste confirmée par les réseaux sociaux qui fournissaient les preuves, les images, toutes les traces. On était rassuré. Grâce à Gérald Darmanin, France d'en haut et France d'en bas retrouvaient enfin une vision commune des choses.

Mais patatras : Gérald Darmanin, après un début si prometteur, expliquait ensuite que "sur les Champs-Élysées, c'est la peste brune qui a manifesté, pas les gilets jaunes".

"La peste brune" : l'expression terrible était lâchée. On savait qu'elle circulait dans le monde d'Emmanuel Macron. Le député LREM Florian Bachelier avait déclaré, vendredi, que des "chemises brunes se cachaient sous beaucoup de gilets jaunes". Mais on n'imaginait pas l'étendue des ravages de ce daltonisme d'un nouveau genre qui vous fait voir du brun-noir partout même quand il y a du jaune, même quand il y a du rouge et même quand il y a des jeunes de banlieue.

Édouard Philippe doit d'urgence convoquer un séminaire gouvernemental, et pourquoi pas avec le Président, lui aussi en demande. Thématique : les discriminations. Visuelles. Et comme, en cette saison, les heures sombres - mais pas les plus sombres de notre Histoire - n'aident guère les daltoniens à distinguer les couleurs, un lieu est tout indiqué : la Lanterne.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 12/01/2019 à 11:37.

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