Gaspard Proust, l’enfant d’Andersen

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Manuel Bompard était, hier, l'invité de Sonia Mabrouk, sur Europe 1. Il est, évidemment, resté après l'interview pour écouter la chronique de Gaspard Proust. Moment difficile, sans doute, pour l'homme politique, comme l'a souligné l'humoriste : une tour dans laquelle Europe 1, CNews et le JDD cohabitent, c'est, pour un gauchiste, « la tour du Mordor ». Manuel Bompard rit quand Gaspard Proust se dépeint lui-même en bouffon du roi, tapi dans le bureau d'Arnaud Lagardère, voyant arriver les Hobbits de La France insoumise. Il rit encore quand Proust décrit son grand patron « de dos, en train de caresser un chat avec un gant en fer », comme le docteur Gang du dessin animé Inspecteur Gadget. On plaisante sur les bourgeois, on égratigne sans méchanceté. Ça va.

Ça va un peu moins quand l'humoriste termine sa chronique en évoquant le sujet de l'abaya, sur lequel LFI a été particulièrement vague depuis son interdiction à l'école par Gabriel Attal. Manuel Bompard et ses amis y ont vu une robe longue, tout simplement, et, dans son interdiction, une manière de stigmatiser de braves gens qui n'ont rien demandé à personne. Or, il se trouve que Gaspard Proust a vécu en Algérie plus de dix ans. Il a connu la montée du sinistre Front islamique du salut, dans les années 1990. Il raconte, donc, pour finir sa chronique avec une neutralité toute suisse, bien sûr, l'œil rigolard de l'Algérien de la rue quand les femmes, sous la pression de ce parti islamiste qui remportait les élections, ont commencé à toutes se voiler... puis à porter l'abaya. On les appelait « les Saoudiennes », dit-il. Puis est venue la burqa : l'Algérien de la rue a appelé ces femmes grillagées « les Afghanes ». Manière de dire, par deux fois, que cet islam-là était éminemment politique et que toute radicalisation religieuse se voyait dans la tenue qu'adoptaient les femmes musulmanes. Dire, d'ailleurs, que les deux sont liés, dans les pays musulmans, c'est comme « dire que le feu, ça brûle, ou que l'eau, ça mouille », dit à juste titre l'humoriste.

Un seul pays, pour lui, résiste encore et toujours à l'évidence : la France. On y débat jusqu'à l'absurde pour savoir si, des fois, ce ne serait pas une tenue à la mode ou si ça ne relèverait pas de la liberté individuelle. Manuel Bompard ne rit plus. Plus du tout. Il marmonne une réplique automatique sur la liberté de débattre, une fois que Proust a terminé. Ce dernier le « termine au sol », comme disent les jeunes : « Un et un font deux. » On ne saurait mieux dire. L’abaya est un vêtement de conquête islamique. Elle contient un message politique.

Dans Les Habits neufs de l'empereur, le conte d’Andersen, il y a une personne, une seule, qui ose dire ce que tout le monde voit. On se souvient que l'empereur, escroqué par deux faux tailleurs, pense porter un habit que seuls les imbéciles ne voient pas. Il ne le voit pas lui-même mais il se garde bien de le dire. À leur tour, les conseillers de la cour s'empressent de louer les qualités de l'étoffe invisible... et ainsi de suite, jusqu'à ce jour de parade où un enfant, dans la foule, s'écrie naïvement : « Mais l'empereur est tout nu ! » Gaspard Proust est cet enfant, indifférent au conformisme social comme à la vanité des médiocres, et peu soucieux des insultes que déversent les censeurs de notre temps sur ceux qui ne pensent pas comme eux. Être un humoriste, ce n’est pas seulement être drôle : c’est surtout taper juste - travail comparable, en cela, à celui de l’écrivain. On n’avait probablement pas vu ça depuis Desproges face à PPDA au « Tribunal des flagrants délires ». Quel talent !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

16 commentaires

  1. J’aime beaucoup Gaspard et pas seulement depuis ses chroniques d’europe 1 .Je le suis depuis le début chez Ardisson , je l’ai vu en spectacle . Il est fin et cutivé comme on dit , la preuve avec son spectacle musical « je n’aime pas le classique mais avec Gaspard Proust , j’aime bien !  » Quelqu’un de libre et donc précieux.

  2. Quitte à ne pas abonder dans le sens des autres commentaires, le peu que j’ai réussi à regarder des prestations de cette personne, ne mont pas laissé un souvenir inoubliable. A mon avis il à un « humour » grinçant, qui ferait fureur sur tiktok, je trouve ses improvisations assez plates et il lit très souvent ce qu’il a préparé. Peut-être que je ne l’ai pas assez pratiqué pour pouvoir l’apprécier?

  3. Gaspard Proust, ou le retour des vrais humoristes? Souhaitons qu’il ne change jamais de trajectoire…Pour l’instant, on se délecte à l’entendre.

  4. Les Musulmans sont le fond de commerce de Manuel Bompard. Sans leurs voix LFI disparait et Manuel Bompard retourne à l’anonymat. Impossible pour lui d’admettre le danger de l’entrisme Islamiste. Il préfère vendre son âme et sa patrie pour un plat de lentilles qui vont empoisonner le pays, lui et ses comparses en premiers.

  5. Oui, quel talent ! Un talent qui s’appuie sur une intelligence remarquable soutenue par les multiples expériences d’un vécu de globetrotteur. Sobre dans ses sketches mais combien efficace dans ses cibles. Bompart ? Un petit à coté de G. Proust, indépendamment de cette faculté d’humoriste.

  6. Dans cet entretien avec Sonia Mabrouk et Dimitri Palvenko, Manuel Bompart montre les limites de son intelligence. C’est du niveau des pâquerettes. On est dans la cécité, l’idéologie et les phrases toutes faites. Proust met en lumière ce néant intellectuel.

  7. Une chronique qui fait du bien. Je regrette de ne pas avoir suivi cet échange, mais je retiens le nom de cet humoriste de talent qui a un bel avenir devant lui.

  8. Les gauchos, avec ou sans accent l’espagnol cher à Chavez, ne rient qu’avec certains collaborateurs. Or, Bompart est tombé sur un os qu’il n’a pas eu la moelle de ronger, en la personne de Gaspart Proust qui a le talent de faire rire de tout et de tous, même si certains de tous toussent !
    Le plus important est que Bompart ait pu dire qu’il n’était pas d’accord, mais avec quoi ne l’était-il pas ? Mystère

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