Frontex débordé : pourquoi la mise en place de frontières extérieures à l’Union européenne est vouée à l’échec

Frontex

Frontex, officiellement « Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes », est régulièrement sous les feux de l’actualité. Rarement pour de flatteuses raisons. Accusée soit d’inefficacité soit de brutalité, cette agence est présentée comme la solution aux problèmes migratoires auxquels sont confrontés les États européens. Car il faut bien rassurer les citoyens inquiets des vagues migratoires successives et de la croissance des trafics illégaux. Or, qu’en est-il ?

Les frontières terrestres extérieures des États membres de l’Union européenne s’étendent sur 14.647 kilomètres et les frontières maritimes sur 67.571 kilomètres de côtes, soit plus de 82.000 kilomètres de frontières. Leur surveillance appartient aux États avec le concours de Frontex, mais l’enjeu est d’autant plus important qu’à la suite des accords de Schengen, qui ont abattu les frontières internes à l’Union européenne, beaucoup d’États ont réduit considérablement leurs services de garde-frontières.

Conséquence : trois millions de franchissements clandestins des frontières des membres de l’Union européenne ont été détectés en sept ans. Le 11 janvier dernier, Fabrice Leggeri, directeur de Frontex, a indiqué que le nombre de clandestins avait cru de 57 % en 2021 par rapport à 2020, année de décrue en raison du Covid, mais aussi de 36 % par rapport à 2019, signe d’une pression d’immigration illégale toujours plus forte, qu’il situe à un niveau « tout juste inférieur à 200.000 ».

Comment s’en étonner ? L’idéologie mondialiste de l’Union européenne l’a conduite à se montrer favorable à l’immigration, en laquelle elle voit de surcroît un moyen de compenser l’effondrement démographique européen. Étrange naïveté qui pousse à croire que les jeunes des pays du Sud suppléeront sans difficulté à l’absence d’enfants des vieux Européens. Sans envisager que les différences de civilisation pouvaient mener à la confrontation. Sans imaginer que l’on puisse mener des politiques favorables à la natalité en Europe, chiffon rouge pour le lobby féministe.

Frontex est, en outre, l’objet d’un harcèlement incessant des ONG pro-immigration et du Parlement européen. Ainsi a-t-il refusé de voter la décharge du budget 2019 de l’agence en raison de « soupçons de violation ou de complicité de violation des droits fondamentaux ». L’Office européen de lutte antifraude (OLAF, organe de contrôle de l’Union européenne) a donc procédé à une perquisition dans les bureaux de Frontex, en décembre 2020, dans le cadre d’une enquête sur des allégations « d’inconduite et de refoulement des migrants ».

Dans la même veine, l’Agence avait été sommée de recruter « quarante inspecteurs des droits fondamentaux » mais n’en a recruté qu’une vingtaine, provoquant la colère du Parlement et l’activisme des ONG. De plus, certains États éprouvent des réticences à faire intervenir Frontex, car c’est reconnaître leur incapacité à protéger leurs frontières. Comment être efficace dans ces conditions ?

Plus profondément, la volonté de « mettre en place progressivement un système intégré de gestion des frontières extérieures » de l’Union européenne (article 77 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne) est vouée à l’échec pour des raisons simples. Quel est, en effet, le rôle d’une frontière ? Celui de définir l’exercice d’une souveraineté étatique et de constituer un des éléments forts de l’identité des nations. Or, l’Union européenne n’est ni un État ni une nation. C’est une construction juridique de coopération entre États qui prétend à un destin étatique et dont les promoteurs sont prêts pour cela à miner les nations et à contester les choix démocratiques des peuples sous couvert d’arguties juridiques, comme le montre l’attitude du système à l’égard de la Hongrie ou de la Pologne.

Depuis des décennies, Bruxelles développe la notion « d’ambiguïté constructive », sorte de « taqiya » européiste qui consiste à dissimuler aux peuples européens l’objectif final de sa politique des petits pas : la constitution d’un État européen, de plus en plus coercitif et souhaitant imposer, au-delà d’un libre échange dogmatique, une idéologie mondialiste de la déconstruction des nations et des peuples. Supprimer les frontières nationales et instaurer une frontière passoire « de l’Union » relève de cette stratégie.

Le cardinal de Retz avait noté que « l’on sort toujours de l’ambiguïté à son détriment ». O, il est un stade où la dissimulation n’est plus possible et il faut sortir de l’ambiguïté. Quitte à ouvrir les yeux des peuples. Les partisans de M. Macron peuvent bien agiter frénétiquement leurs petits drapeaux européens, la réalité charnelle des peuples se situe dans les nations. Voici venir le temps de leur réveil. Ils demanderont des comptes à ceux qui ont transformé le rêve européen en cauchemar.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Qui peut croire que ce rideau de fumée sert à autre chose qu’être une parfaite illusion ? Depuis des mois vous n’entendez plus parler des navires affrétés par l’Europe recueillant quand ils ne vont pas les chercher des pseudo-migrants est-ce un hasard ? C’est une mascarade et Frontex en fait partie ! Un peu d’allocs, du foot et les français (enfin ce qu’il en reste) sont contents ! Aux frontières de l’Est vous achetez un passage pour un paquet de cigarette, voilà ce que l’on va vous servir !

  2. Nos dirigeants sont des incapable ils veulent que dans quelque années qu’il y est une guerre civil quand les Français ne pourrons plus supporter cet envahissement en ne se sentant plus en sécurité ce qui commence dans certain département

  3. Frontex, comme tout ce qui est mis en place par cette Europe, est une escroquerie. Les dirigeants européens n’ont que faire des nations et de leurs peuples d’origine. Comment, dès lors, penser qu’ils vont en assurer la protection ? Comment penser que ceux qui ont sciemment créé le problème, vont le régler ?

  4. Que ces « européistes » qui nous imposent cette immigration vivent au milieu de ces populations qu’ils qualifient d’enrichissement ! qu’ils y vivent comme tout citoyen normal, sans gardes du corps et sans larbins pour les protéger et les servir. La vraie vie, comme dirait machiavel qui ne sait même pas de quoi il parle ! On verra quelle sera leur position après ce petit stage ….

  5. Confier la garde des frontières à Frontex , ça revient à confier la garde des moutons au loup!
    Frontex manque de moyens et les objectifs ne sont pas clairement définis.
    Que la France reprenne le contrôle de SES frontières. Dans notre pays tout le monde entre illégalement et personne ne veut sortir.

  6. 50% d’immigrés à Linköping, les problèmes seraient-ils les mêmes avec 5% ? Au début des années 70, il y avait plus de 12% de finlandais en Suède sans ce genre de problème. Idem en France avec les réfugiés de la guerre d’Espagne et ensuite les pieds-noirs. Le multiculturalisme a ses limites. Voila ce qui arrive lorsque l’on est dirigé par des utopistes pantins de la mondialisation.

    • Le parallèle avec « la valise ou le cercueil » des pieds-noirs, me parait tout à fait déplacé.

  7. A force de vouloir nous imposer une immigration non choisie et un vivre ensemble impossible le « côte à côte » va se transformer en face à face et les dégâts humains risquent d’être très importants.

  8. Il existe donc un métier dont j’ignorais jusqu’alors l’existence : inspecteur des droits fondamentaux. Il s’agit donc d’un fonctionnaire en charge de contrôler si les droits des migrants à leur arrivée en Europe soient bien assurés. C’est pas beau ça !

    • Et si je comprends bien il y a encore des postes libres
      Comment peut il y avoir encore des chômeurs dans notre beau pays ?

  9. Il y a des passeurs qui agissent à découvert et aux yeux de tous . Je parle des ong qui vont chercher les migrants en Méditerranée et les ramènent en Europe.
    Ces ong jouent contre nous. Elles prétendent que c’est en vertu du droit maritime qu’elles vont « sauver » ces naufragés volontaires .
    Un naufragé, ce n’est pas qq’un qui embarque de son plein gré sur une barque surchargée et qui a dans sa poche le numéro de téléphone des personnes à contacter pour s’e faire ramener ici.

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