François Bayrou au gouvernement : un petit tour et puis s’en va !

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On apprend, ce matin, qu’après Sylvie Goulard, ministre des Armées, c’est le garde des Sceaux, François Bayrou, qui renonce à faire partie du prochain gouvernement. Marielle de Sarnez l’a suivi dans la foulée. Voilà donc quatre ministres importants - si l’on y ajoute Richard Ferrand - plus ou moins impliqués dans des « affaires » sur lesquelles se penche la justice qui sont « exfiltrés », comme on dit pudiquement.

Il était certainement difficile, pour un président de la République qui s’est engagé à moraliser la vie publique, de conserver au gouvernement deux hommes et deux femmes – la parité est respectée jusque dans ce domaine – qui, quoique bénéficiant de la présomption d’innocence, ne sont pas à l’abri d’ennuis judiciaires. C’eût fait tache pour l’hôte de l’Élysée qui a promis de laver plus blanc que blanc.

Il serait, cependant, insultant à l’égard du chef de l’État que de supposer, un instant, qu’en les nommant ministres une première fois, il n’était pas au courant de ces risques. Il faut donc émettre l’hypothèse qu’il a choisi trois ministres du MoDem en ayant l’intention de les chasser à la moindre occasion, notamment ses deux têtes pensantes : François Bayrou et Marielle de Sarnez.

Ils lui étaient utiles pour s’assurer une large victoire aux élections législatives. Cet objectif étant atteint, il peut se débarrasser de ces alliés encombrants. Emmanuel Macron est plus machiavélique que Machiavel lui-même. Machiavélisme contagieux ! Il se transmet aussi à son Premier ministre qui, la veille, invité de Jean-Jacques Bourdin, assurait qu’il n’y avait "aucun souci" avec François Bayrou.

Il faut reconnaître que le président de la République a toutes les raisons de se méfier de son complice éphémère, qui montra, dans le passé, qu’il n’était pas un allié des plus fidèles : brûlant de rejoindre Ségolène Royal en 2007 et contribuant, en 2012, à l’élection de François Hollande. Quelque sympathie qu’on puisse avoir pour ce Béarnais qui prétend se régler sur la mesure et le juste milieu, force est de constater qu’il n’est pas un parangon de constance.

On saura, ce soir, si d’autres personnalités du MoDem entrent dans le gouvernement – d’autant plus que le choix est restreint puisqu’elles pourraient tenir dans une cabine téléphonique. Quoi qu’il en soit, leur présence serait moins significative que celle de ses deux dirigeants. Il est plus probable de voir l’arrivée de quelques LR "constructifs" et d’élus de gauche macron-compatibles. Avant d’accepter, ils devraient méditer l’exemple de François Bayrou : Emmanuel Macron est homme à presser le citron et à en jeter l’écorce.

Un autre problème se pose – et non des moindres : des ministres ne sont pas reconduits pour des raisons morales et éthiques, mais deux d’entre eux prétendent à des postes qui justifieraient aussi une conduite irréprochable : la présidence du groupe LREM pour Richard Ferrand et la présidence du groupe MoDem pour Marielle de Sarnez. On n’ose imaginer qu’ils veuillent ainsi devenir intouchables.

Reste le cas de François Bayrou. Peu probable qu’ayant goûté aux prestiges de la place Vendôme, il se satisfasse de ses fonctions de maire de Pau et président d’agglomération. Si on ne lui propose pas un poste honorifique, il est à parier qu’avec sa complice, devenue présidente du groupe MoDem, il donne du fil à retordre au gouvernement d’Édouard Philippe.

Décidément, l’élection de Macron à l’Élysée ne s'illustre pas par le renouveau, mais par la continuité avec les pratiques anciennes !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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