France Télévisions : Delphine Ernotte veut représenter « sa » France idéale

Delphine ernotte

« On ne représente pas la France telle qu’elle est mais telle qu’on voudrait qu’elle soit ». Ce 5 juillet, en commission des finances, la patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte, aura eu le mérite de synthétiser en une phrase l’ensemble des reproches faits au service public. Devant une poignée de députés, dont beaucoup membres de la Nupes, celle qui a succédé à Rémy Pflimlin au poste de présidente de France Télévisions n’a eu aucun mal à assumer sa politique. Cette phrase intervenait alors qu’elle était questionnée sur la place des femmes et des minorités dans les programmes des différentes chaînes.

Le député du Tarn Frédéric Cabrolier (RN) n’en revient toujours pas. Rompant l’agréable discussion entre députés de la Nupes et Madame Ernotte, il l’a questionnée sur les propos qu'elle avait tenus en 2015, lors de son accession à son poste actuel. La patronne de l’audiovisuel public avait en effet déploré que  « la télévision (soit) occupée par les « hommes blancs de plus de 50 ans »  et estimé qu’il fallait que « ça change ». Concernant la « représentation des minorités », Madame Ernotte l’affirme, « on progresse ». Néanmoins, elle regrette  qu’il ne soit pas légal de compter le nombre de personnes issues de la diversité. « Cela ne nous aide pas à mettre en place des objectifs de progression », dit-elle.

Pour le député Cabrolier, interrogé par BV, l’audition était claire :  « Lorsqu’on parle de mainmise idéologique woke, on s’aperçoit que ce n’est pas juste une façon de parler », note cet élu qui avait par ailleurs rappelé au cours de la séance « l’obligation de neutralité politique » du service public à qui l’État  « verse 2,4 milliards d’euros (par an) ». Ces 2,4 milliards représentent tout de même 80% des ressources de France Télévisions.

La propagande assumée

Une ligne idéologique militante parfaitement assumée, donc, par Delphine Ernotte, alors qu'un front politico-médiatique se constitue contre l'arrivée de Bolloré dans les médias. La bataille en cours oppose les salariés du Journal du Dimanche et leur nouveau propriétaire Bolloré qui a nommé l’ancien patron de Valeurs actuelles Geoffroy Lejeune. Eric Coquerel a d’ailleurs parlé « d’inquiétude autour de la concentration des médias entre les mains de onze milliardaires ». Il ne fait évidemment pas mention du service public.

Une dérive gauchiste du service public ? En tout cas, une grande porosité. En témoigne l’embauche en tant que directeur de cabinet de Madame Ernotte de Stéphane Sitbon-Gomez en 2015, dès la nomination de la présidente de France Télévisions. Une belle promotion pour celui qui faisait partie de la direction d’Europe Ecologie Les Verts. Sitbon s'est politiquement mouillé. Il a été directeur de la campagne présidentielle d’Eva Joly en 2012 avant de devenir conseiller ministériel de Cécile Duflot. Depuis son arrivée à France Télévisions, la carrière de Stéphane Sitbon-Gomez a encore fait un bond puisqu'il a été propulsé directeur des antennes et des programmations en septembre 2020. Un beau parcours pour « un enfant de l’écologie politique radicale », comme le rappelle L’Express.

Faut-il attendre du gouvernement un recadrage ? Ou du moins des questions sur l’utilisation de l’argent public, par exemple dans ce téléfilm de propagande sur la GPA pourtant interdite en France, film adapté du livre militant de Marc-Olivier Fogiel, diffusé sur France 2 en février dernier ? Las. La ministre de la Culture Rima Abdul-Malak est trop occupée dans sa croisade anti-Bolloré et elle n’est pas la seule. Le ministre Clément Beaune a affirmé le 6 juillet que « chaque journal a le droit de choisir sa ligne, mais chaque journal a une histoire, des lecteurs, un ADN : l'histoire du JDD n’est pas celle des idées de l'extrême-droite. » Tout va bien pour France Télévisions qui peut sans problème distiller sa propagande financée par nos impôts.

Mais cette radicalisation de la ligne de France Télévisions et l’offensive médiatico-politique contre l'opération Bolloré cache une autre réalité, bien moins agréable pour la gauche. « L’extrême gauche qui domine les médias depuis 50 ans sent que son œuvre de déconstruction se heurte à une réaction nationale » veut croire le député Cabrolier. Au fond, c’est l’énième illustration de l’antienne du québécois préféré des téléspectateurs de CNews, Mathieu Bock-Coté : « Il suffit qu’elle soit contestée, pour que la gauche se sente assiégée ». Si la propagande est de plus en plus violente, la réalité le sera toujours un cran au-dessus.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Cette créature a fait son temps ( à France TV ). Elle qui a stigmatisé l’homme blanc de plus de 50 ans, n’est pas digne de diriger cet établissement. C’est une honte.

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