Fabien Bouglé : « Plus le gouvernement développe ses projets d’éoliennes, plus il cristallise la résistance ! »

Fabien Bouglé analyse les raisons de la montée en puissance de la fronde anti-éoliennes, qui rassemble des personnes de toutes tendances, y compris des zadistes. Il revient aussi sur les différentes pollutions produites par les éoliennes et la véritable catastrophe que représenterait l'éolien côtier.

La fronde anti-éolienne prend de l’ampleur et revient dans la presse. Qui sont les anti-éoliennes ?

Le combat éolien regroupe une sociologie très diverse, de l’extrême gauche à l’extrême droite et de la droite à la gauche. On retrouve, à gauche, des anarchistes et des mélenchonistes, et à droite, des châtelains et des personnes qui souhaitent préserver les paysages et le patrimoine architectural.
Plus le gouvernement développe ses objectifs en matière d’éolien, plus il cristallise la résistance à l’éolien, qui devient une véritable guerre.

Les éoliennes profitaient, jusqu’ici, d’une image écologique. Y a-t-il une prise de conscience sur la réalité de l’empreinte écologique des éoliennes ?

En réalité, derrière les éoliennes, il y a une véritable pollution.
La fabrication des éoliennes nécessite des terres rares qui sont ponctionnées en Chine.
Le recyclage des fibres de carbone des éoliennes est impossible. Les déchets des éoliennes allemandes sont balancés dans des décharges en Afrique.
Concernant le fonctionnement lui-même des éoliennes, cela génère de la pollution. On croit souvent que les éoliennes fonctionnent tout simplement avec le vent. C’est totalement faux. L’éolienne fonctionne en moyenne 20 à 25 % du temps. On est donc obligé de compenser l’intermittence du vent pendant les 75 % restant par de l’énergie thermique, gaz, pétrole ou charbon. C’est pour cette raison que plus l’Allemagne a fabriqué d’éoliennes, plus elle a produit de gaz à effet de serre. En France, c’est exactement la même chose. Depuis la mise en place de la politique de l’éolien, la France continue d’augmenter sa production de gaz à effet de serre.
L’image de l’éolien écologique est totalement écornée. La notion de "pollution éolienne" était jusqu’à présent maîtrisée par quelques initiés de polytechniciens et d’ingénieurs qui en connaissaient le fonctionnement. Cette notion de pollution éolienne est désormais démocratisée, dans les villes comme dans les campagnes, tout milieu socioculturel confondu, grâce notamment au développement de la littérature sur le sujet. C’est la raison pour laquelle on constate désormais une augmentation de la contestation et une forte résistance face à l’éolien en France.

Cela fait dix ans que les éoliennes sont installées en France. La pollution sonore et visuelle est assez évidente. Cette autre pollution peut-elle également expliquer le regain de contestation actuel ?

Lorsqu’on est un bobo parisien, qu’on se balade en France et qu’on voit une éolienne à 20 km, on peut trouver cela joli une fois de temps en temps.
Je vous rappelle que la distance limite légale entre une éolienne et une habitation en France est de 500 mètres seulement, alors que d’autres pays ont prévu des limites bien plus importantes.
Lorsqu’on habite dans un village et qu’on a une éolienne à 500 mètres de son habitation, on subit de plein fouet la gêne qu’induisent ces monstres d’acier de 200 mètres de haut, pâles comprises, qui émettent des infrasons. Les nuisances pour la santé ont d’ailleurs été démontrées au travers du syndrome de l’éolien particulièrement documenté en Allemagne. Les gens des champs, ceux qui subissent de plein fouet l’installation des éoliennes, commencent à être saturés.
L’effet de saturation des éoliennes a d’ailleurs été souligné par dix députés, toutes tendances confondues (La République en marche, UDI et Les Républicains). Ils ont contesté cette politique à outrance d’installation des éoliennes.
C’est la raison pour laquelle on constate une résistance accrue de cette lutte contre la pollution éolienne. Cette pollution visuelle extrêmement importante vient en effet s’ajouter à la pollution technique due à l’intermittence du vent. Et elle aurait une part encore plus importante si les éoliennes côtières venaient à être effectivement installées au bord de notre magnifique littoral français. En effet, monsieur Macron veut faire construire six centrales éoliennes côtières de plus de 200 mètres de haut à quelques kilomètres des côtes. J’espère que le projet ne se fera pas, mais si c’était le cas, cela dégraderait de façon épouvantable le littoral français et aurait sans aucun doute un impact extrêmement négatif sur le tourisme. C’est un très grand danger.

Fabien Bouglé
Fabien Bouglé
Conseiller municipal de Versailles - Groupe d’opposition Versailles Familles Avenir, Porte-parole du réseau Ulysse, réseau national anti-éolien

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