Éviction du patron du FBI : quand Trump joue dans la cour des grands

Quand on parle de l’instinct de tueur en politique…

C’est dans une ambiance d’hystérie anti-Poutine, exacerbée par les récents « MacronLeaks » venus à point nommé pour confirmer le besoin de mettre la Russie à genoux, que Trump surprend une fois encore : il vient de limoger James Comey, la prima donna du FBI. Cela faisait des années que Comey tentait de voler trop près du Soleil, au point que la cire qui lui donnait des ailes commençait à mollir. Il aura suffi d’une ruade de la mule de la Maison-Blanche pour le renvoyer à son Pampérigouste natal : le narcissisme. De la confusion est donc sortie la lumière. CNN et les médias parlent de coup d’État.

Rappelons que le cirque des commissions d’enquête s’alimentait de l’énergie de deux clans : les bellicistes (bipartisans) et les démocrates post-soixante-huitards. Les premiers, concentrés sur la justification d’une contre-attaque sur la Russie (avant les présidentielles russes de 2018) ; les seconds, obsédés par la mise en impeachment du virus Trump.

Les néocons semblent préférer maintenir Trump au pouvoir en lui rognant les ailes, en tout cas jusqu’aux élections russes. Confirmant que Trump est « légitime », ils se concentrent sur le seul aspect « ingérence des Russes dans l’élection », rassemblant preuves et indices d’une manipulation de l’opinion. RT America et WikiLeaks sont ici ciblés, mais l’objectif principal reste bien d’invoquer l’article 5 de l’OTAN afin de déclencher une riposte économique violente contre la Russie, se traduisant en une suite de Maïdan dans les grandes métropoles russes, censées être plus macroniennes.

Ces néocons se sont aussi engouffrés dans une brèche récemment ouverte par Trump, avec l’aide du député Nunes : l’utilisation, par Obama, des services secrets à des fins politiciennes. Plus particulièrement, suite à une série de modifications des règles facilitant une vaste dissémination au sein de la bureaucratie d’informations décodées (qui portaient sur les écoutes et interceptions électroniques de la campagne Trump). Une dissémination propice aux fuites (passibles de prison). Bilan: un tué (Flynn, « démissionné ») et un blessé (Sessions, ministre de la Justice, exclu du dossier russe).

Or, depuis deux mois, Comey en a agacé plus d’un, traînant les pieds sur les requêtes parlementaires (sur ce sujet) et laissant penser qu’il n’avait aucune intention d’ouvrir une enquête officielle sur les fuiteurs et leurs facilitateurs. Sa dernière performance au Sénat a clairement monté qu’Icare se croyait sorti de la cuisse de Jupiter : il a refusé de dire, contrairement à James Clapper (le Director of National Intelligence d’Obama) et à bien d’autres, qu’il n’y avait aucune preuve de collusion entre Trump et les Russes, maintenant ainsi le doute...

Or, Trump dispose, depuis la fin avril, d’un respecté ministre adjoint de la Justice, Rod Rosenstein (nomination confirmée par 96 sénateurs sur 100). Il aura fallu peu de temps à Rosenstein, ancien juge nommé par Obama, et statutairement patron de Comey, pour dénoncer son immixtion irrégulière constante dans l’élection de 2016, comme "son refus de reconnaître ses erreurs", et de recommander son licenciement au ministre de la Justice et au président… la veille de l’arrivée de Sergueï Lavrov à Washington. Paradoxe : les anti-Poutine, pressés, ont prévalu sur les anti-Trump… pour l’instant.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:34.
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André Archimbaud
Consultant stratégique

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