Et si c’était Posch qui avait craché sur Thuram ?

THURAM

La question nous brûle les lèvres : et si c’était Stefan Posch qui avait craché au visage de Marcus Thuram ? Imaginons, une seconde. Une seule seconde. Il est fort à parier que Stefan Posch croupirait déjà préventivement dans la geôle médiatique réservée aux soupçonnés de crime raciste avec, sans attendre un procès expéditif et sans possibilité d’appel. Un tweet d’Emmanuel Macron depuis sa bonbonnière de Versailles était possible. Des manifs de soutien avec dame Traoré en tête de gondole du cortège, des débats sans fin sur les plateaux télé, des députés pour envisager une loi sur le crachat. Emmanuel Macron, encore lui, de retour sur Brut. Bref, « la totale ». Parce que Stefan Posch est blanc. Parce que Marcus Thuram est noir. C’eût été tellement simple. Net et… sans bavure.

Mais voilà, cela ne s’est pas passé comme ça. C’est Marcus Thuram, fils de son père, joueur au Borussia M’Gladbach, qui, au cours d’un match de foot, a expectoré son mécontentement, sous les caméras, au visage de l’Autrichien Stefan Posch, joueur au TSG Hoffenheim. Donc, il n’est pas question, une seule seconde, de trouver la moindre trace de racisme dans ce crachat. Les analyses biologiques y trouveront peut-être du Covid, mais pas du racisme. Et l’on veut bien le croire. Le directeur sportif du club de Marcus ne comprend pas : « Nous connaissons Marcus et son environnement depuis bientôt deux ans, ce qui s’est passé hier ne lui correspond pas du tout. » Et l’on veut bien le croire.

Thuram Junior va être sanctionné. Lourdement. Une amende équivalente à un mois de salaire lui a été infligée par son club qui l’a, par ailleurs, suspendu, en attendant les décisions des instances footballistiques allemandes. Mais la faute devient presque salvatrice, car le directeur sportif s’est empressé de préciser que l’amende sera reversée à « une cause à vocation sociale ». O felix culpa ! L’art de transformer un crachat en miel.

Marcus Thuram a, bien sûr, présenté ses excuses : « J’ai réagi de la mauvaise manière envers un adversaire et ce qu’il s’est passé n’était pas prémédité [on s’en doutait un peu !]. Je m’excuse [aïe !] auprès de Stefan Posch, auprès de mes adversaires, auprès de mes partenaires, auprès de ma famille et tous ceux qui ont vu ma réaction. » Allez, on n'en parle plus et on passe l’éponge ! Éponge qu’on aura préalablement trempée dans un mélange de gel hydroalcoolique et de baume de bons sentiments.

Quant à la question qui nous brûle les lèvres, on est prié de la ravaler discrètement ou, si l'on ne peut pas faire autrement, d'y mettre son mouchoir par-dessus. Dans le respect strict des gestes barrières.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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