En se rendant à Istanbul pour rencontrer Erdoğan, Poutine a choisi de faire un détour par Damas, le 7 janvier, afin de célébrer le Noël orthodoxe avec les troupes russes.

La visite est loin d’être anodine puisque c’est la première fois que Poutine va à Damas depuis le début de la guerre en 2011. Auparavant, il s’était rendu sur la base aérienne russe de Hmeimim en 2017.

Accompagné de Bachar el-Assad, le président russe a visité la grande mosquée des Omeyyades, à laquelle il a offert un coran du XVIIe siècle, et le tombeau de saint Jean-Baptiste. Ils ont ensuite déposé un cierge à la cathédrale orthodoxe de Damas, où ils ont été reçus par le patriarche Jean X qui a remercié Vladimir Poutine du « soutien russe au peuple syrien ». Ce dernier a offert à la cathédrale une icône de la Sainte Vierge.

Entouré de plusieurs officiers, Poutine a ensuite reçu le président Bachar el-Assad au siège des forces armées russes de Damas. Il a salué les progrès de la lutte contre le terrorisme et constaté qu’il « était visible à l’œil nu que la paix était revenue dans les rues de Damas ». Mais rien n’a filtré sur l’actualité brûlante du moment, quelques jours après l’assassinat de Soleimani par les Américains.

Poutine s’est ensuite rendu à Istanbul, où il a été reçu par Erdoğan. Cette visite était, elle, annoncée de longue date pour inaugurer un nouveau gazoduc appelé Turkish Stream. Les deux hommes ont symboliquement ouvert les vannes de l’ouvrage dont la construction a démarré en 2017. Long, pour l’instant, de 900 kilomètres, il va alimenter la Turquie, la Bulgarie, la Macédoine, la Serbie et la Hongrie. Des représentants de ces pays étaient, d’ailleurs, présents à Istanbul. Sur les 30 milliards de mètres cubes de capacité, la moitié sera destinée à la Turquie, le reste aux pays cités, auxquels s’ajoutera sans doute la Slovénie.

À terme, les Russes aimeraient prolonger le gazoduc jusqu’en Autriche. C’est une incontestable réussite énergétique et diplomatique pour la Russie, qui peut ainsi approvisionner une partie de l’Europe en contournant l’Ukraine, pays peu sûr s’il en est.

La rencontre entre les deux hommes intervient alors qu’ils sont dans des camps opposés dans deux zones brûlantes : la Syrie et la Libye, pays dans lequel la Turquie a envoyé des conseillers militaires et, semble-t-il, des combattants syriens des milices islamistes sous contrôle d’Ankara. Aussi les deux hommes ont-ils fait le service minimum en appelant à une trêve en Libye et en annonçant un cessez-le-feu en Syrie dans la province d’Idleb.

En réalité les combats continuent dans ces deux zones et on ne voit pas comment il peut en être autrement. Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, rappelle régulièrement qu’il faut purger la province d’Idleb des islamistes qui l’occupent et il est certain que Russes et Syriens iront jusqu’au bout.

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11 janvier 2020 à 15:29

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