[Réaction] G.-W. Goldnadel : « Je me perds en conjectures entre une sorte de nostalgie morbide de l’extrême droite antisémite et le calcul politique sordide »

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Alors que la présidence du groupe d'études sur l'antisémitisme à l'Assemblée nationale pourrait échoir au Rassemblement national - la décision sera prise la semaine prochaine par le bureau de l'Assemblée -, de nombreux opposants s'insurgent contre ce choix qu'ils jugent inapproprié. L'avocat Gilles-William Goldnadel réagit à cette polémique au micro de Boulevard Voltaire.

Marc Eynaud. À l’Assemblée nationale, la présidence du groupe d'études sur l’antisémitisme pourrait être confiée à un député du Rassemblement national. Cela a provoqué beaucoup de réactions, notamment chez les institutions juives. Quelle est votre réaction ?

Gilles–William Goldnadel. Je ne sais plus ce que sont les institutions juives. Le CRIF n’existe pratiquement plus car il n’est pas représentatif au sein de la communauté juive française. Elle ne se retrouve plus en lui car, depuis des années, il refuse de voir que l’antisémitisme n’est plus à l’extrême droite mais à l’extrême gauche. L’extrême gauche islamo-gauchiste qui, d’une certaine manière, adore les tueurs de Juifs. Mme Obono a manifesté pour Ibrahim Abdallah, qui avait participé à l’assassinat d’un Israélien. Le député Carlos Bilongo a manifesté pour soutenir un terroriste palestinien qui avait participé à une tentative d’assassinat sur un rabbin. C’est tout à fait particulier, et les Juifs français le savent très bien. Beaucoup sont partis en Israël en raison de l’islamisme soutenu par l’extrême gauche. Je pense que les prises de position du CRIF ne sont pas retenues par 5 ou 10 % des Juifs français. Ces institutions ne représentent plus rien.

M. E. En l’occurrence, le RN continue d’être diabolisé.

G.-W. G. Oui, on continue à le diaboliser et on ne fait pas le deuil de ce diable-là. J’ai été extrêmement choqué par la position de Mme Yaël Braun-Pivet. Elle m’a beaucoup déçu car, jusqu’à présent, elle était ce qu’il y a de moins mauvais dans la Macronie. Elle avait des positions assez modérées, et là, sur ce sujet, ce n’est pas le cas. Ce qui me choque aussi, c’est qu’en tant que présidente de l’Assemblée nationale, elle croit devoir mettre en avant ses origines de fille d’immigré juif. J’y vois un manquement à la neutralité qui devrait être la sienne lorsqu’on évoque les présidence de commission. Il y a quelque chose d’éminemment choquant dans sa prise de position. Sur le fond, c’est d’autant plus choquant, car le Rassemblement national d’aujourd’hui n’a rien à voir avec feu le Front national d’il y a 30, 40 ou 50 ans. Effectivement, il y a eu des gens problématique dans ce parti, mais ce n’est plus du tout le cas. Je mets qui que ce soit au défi de trouver des déclarations des députés du Rassemblement national qui poseraient le moindre problème à la communauté juive française. Au contraire, ils se sont manifestés pour soutenir Israël lorsqu’il y a eu des actes terroristes. Je me perds en conjectures entre une sorte de nostalgie morbide de l’extrême droite antisémite et le calcul politique sordide. Les deux s’accouplent de manière cynique. Je gagerais que si l’extrême gauche prétendait présider cette commission sur l’antisémitisme, Mme Braun-Pivet aurait fait silence, et d’autres avec elle. Si elle était sincère, et si les institutions juives comprenaient ce qui se passe, ils devraient se réjouir de cette mutation du Rassemblement national qui veut lutter contre l’antisémitisme.
Une chose m’avait mis hors de moi : la déclaration d’Agnès Buzyn disant : « Madame Le Pen n’est pas la bienvenue pour évoquer la Shoah. » Elle avait dit ça quelques heures après l’hommage appuyé de Marine Le Pen aux martyrs de la Shoah. Cela signifie qu’au creux de son inconscient, on ne supporte pas la mue de la droite dure française.

M. E. Selon vous, tout cela est très scénarisé ?

G.-W. G. Je ne sais pas différencier la bêtise et le cynisme politique, et le fantasme aussi. C’est peut-être du ressort du fantasme, une sorte de frisson agréable de vouloir retrouver nostalgiquement l’extrême droite méchante que l’on a connue. Je ne suis pas le psychanalyste, mais à ce degré d’irrationalité, quelque chose me questionne.

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

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