Emmanuel Macron : les illusions passent, les gaffes demeurent …
On en avait déjà ri à l’époque. Aujourd’hui on ne peut réécouter le pontifiant et sentencieux Le Gendre sans être saisi d’un élan de pitié. En décembre 2018, il reconnaissait que le macronisme avait commis une erreur : « avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques… » C’était le temps où les Français étaient encore pour certains fascinés par le brillant jeune homme. Depuis, ils ont perçu l’aspect théâtral du personnage et sifflent ses prestations. Philosophe et banquier, amateur de littérature et de citations… Petit à petit, les artifices ont été déjoués.
Le désenchantement est profond. Le roi, que beaucoup ressentent désormais comme un usurpateur, est nu. On est tenté d’expliquer la multiplication des gaffes par un narcissisme qui le pousse sur la scène à contretemps, quand il devrait se faire oublier. Cela avait commencé dès le début avec les salariées illettrées de Gad, les nordistes alcooliques et les chômeurs qui n’avaient qu’à traverser la rue… Cela avait continué avec les pieds-noirs complices d’un crime contre l’humanité, les Gaulois réfractaires et les gens qui ne sont rien. La magnificence jupitérienne du Maître des horloges, auréolé de gloire par une cour médiatique plus servile que jamais, faisait passer ces incartades pour des peccadilles, son arrogance pour le revers du génie.
Toutefois, Jupiter avait dégringolé de l’Olympe lorsque après avoir réprimandé un jeune l’appelant Manu, il avait cru bon s’afficher à l’Élysée entouré d’un groupe de rappeurs haut en couleur, débitant des paroles d’une vulgarité et d’une indécence inouïes, complètement déplacées, même pour la Fête de la musique, au sein du palais présidentiel. Plus transgresseur encore, un surprenant enlacement avec des jeunes loubards de Saint-Martin...
Mais ce qui était excusable au nom de la jeunesse et de l’inexpérience n’était pas accidentel. C’est le fil rouge du candidat : alors que les illusions se sont dissipées sur le génie, et même sur le talent, les gaffes restent. Elles sont devenues le fond… La dernière en date est le maillot de corps du Festival d’Angoulême arborant le dessin d’un chat éborgné par un LBD, où BD n’évoque pas la bande dessinée mais la violence policière… On ne peut, en même temps, être celui qui jette depuis plus d’un an les Français dans la rue et dont chaque déplacement exige un déploiement de forces de l’ordre, et s’associer à la satire de la police.
Auparavant, il y avait eu la comparaison stupide entre la guerre d’Algérie et la Shoah : de quoi blesser doublement les pieds-noirs de confession juive…. Alors, il a fallu qu’il compense en souhaitant que l’assassin de Mme Halimi passe devant les tribunaux. Voilà que le garant de l’autorité judiciaire exerçait une pression sur la Cour de cassation au mépris du fonctionnement d’un État de droit.
De la même façon, c’est lui qui amène sa majorité de l’Assemblée à corriger le tir sur le congé parental à la suite du décès d’un enfant. Cette anecdote nous a appris en même temps que la troupe de godillots entrée au palais Bourbon en 2017 était bête et disciplinée, et qu’il n’y avait aucune séparation des pouvoirs. Bizarrement aveuglé par le risque comme un animal par les phares d’une voiture, voici le Président qui provoque en disant : « Essayez la dictature… » Justement, les Français ont de plus en plus le sentiment d’essayer un pouvoir personnel, omniprésent et qui multiple les lois liberticides…. Comment appelle-t-on ça, déjà ?
Il y a des provocations grandioses, historiques, comme le « Vive le Québec libre » du Général, et puis il y a celles qui, comme des pets foireux, provoquent juste la gêne autour de soi. « L’OTAN en mort cérébrale » en fait partie. Quant à la procréation sans père impliquée par la loi bioéthique, il l’a défendue en prétendant qu’un père pouvait ne pas être un « mâle », répétant machinalement les idées et les mots de l’idéologie à la mode dans son microcosme progressiste parisien. Il essaie de marcher dans les pas des grands prédécesseurs : c’est le Vel' d’Hiv' de Chirac, en 1995, le Jérusalem de Chirac en 1996, puis sa « maison qui brûle », en 2002 : « remakes » en série pour un acteur de série B en mal de carrière. Lorsque l’Histoire se répète, la seconde fois, c’est une comédie, et pour les Français, elle n’est pas drôle…
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