Les élections législatives récentes, si elles ont été l’occasion d’un débordement d’autosatisfaction chez les vainqueurs, et de logorrhée convenue chez les commentateurs, devraient surtout faire réfléchir le monde politique sur la signification de la démobilisation politique patente observée : ces élections ont été un désaveu total et une parodie de démocratie.

Les deux élections avaient été annulées par le Conseil constitutionnel, du fait d’un suppléant inéligible pour Isabelle Muller-Quoy et de faux tracts pour Ian Boucard.
Même s’il ne s’agissait que d’élections partielles où, traditionnellement, les électeurs se sentent moins mobilisés et où l’abstention est forte, jamais la proportion de votants n’a été aussi faible !

Dans la première circonscription du territoire de Belfort, Ian Boucard (LR) s’est « imposé » avec 59,18 % des voix… pour 28,91 % de votants, soit 17,11 % des inscrits…
Dans la première circonscription du Val-d'Oise, Isabelle Muller-Quoy (LREM) a perdu la circonscription prise en juin à la droite : son rival LR Antoine Savignat l’a « emporté » avec 51,45 % des voix… pour 19,08 % de votants, soit 9,82 % des inscrits…

Pourquoi une telle désertion des urnes et un taux d’abstention inégalé ?

La leçon est claire : tout comme lors de l'élection présidentielle en 2017, les électeurs se sont trouvés face à un choix imposé dont ils ne voulaient pas.
(Rappelons qu’Emmanuel Macron, avec son score de 66,1 % pour 43,6 % des inscrits, avait donc été élu, en fait, par seulement 29 % des électeurs… alors que le total de l'abstention et des votes blancs et nuls avait atteint 34 %.)

Pour pallier les observations gênantes, au lendemain de l’installation de la nouvelle législature, une proposition de prise en compte du vote blanc dans le décompte des résultats à la présidentielle a été faite et immédiatement rejetée, le vendredi 28 juillet 2017, par l'Assemblée nationale, 124 voix contre 54.

On risquait de mettre en évidence ce qu’il faut à tout prix cacher en régime « démocratique » : le mépris fondamental de l’électeur dont le vote sert uniquement de caution au choix préétabli d’un « élu » sélectionné, puis désigné et, enfin, adoubé par un appareil politique…

Face au désaveu des électeurs, certains ont imaginé alors de rendre le vote obligatoire.

Un sondage TNS Sofres, dès 2011, confirmé par une étude de l’IFOP en 2015, montre qu’une majorité de Français (67 %) est favorable à l’instauration du vote obligatoire si elle s’accompagne d’une reconnaissance réelle du vote blanc.

Claude Bartolone avait proposé de mettre en place cette mesure dans un rapport sur "l’engagement citoyen et l’appartenance républicaine" et le député François de Rugy avait, également, déposé une proposition de loi en ce sens, sans suite…

L’autre solution jamais évoquée, pourtant très usitée dans les élections non politiques, serait d’imposer un quorum de votes exprimés pour valider une élection.

Mais reconnaître le vote blanc, comme imposer un quorum, risquerait de placer « l’élu » dans une position ingérable : celle d’une reconnaissance officielle, pour cet « élu », du refus massif des électeurs de sa candidature !

Si le vote avait été obligatoire lors de l’élection d’Antoine Savignat, on aurait eu au moins quatre fois plus de votes blancs que de votes favorables, tant pour lui que, d’ailleurs, pour Isabelle Muller-Quoy, dont personne ne voulait non plus !

Une fois de plus, ces législatives partielles ont apporté la preuve du rejet très majoritaire, par les électeurs, de la méthode électorale : celle de choix imposés par la dictature des partis.

Là est la vraie question… Celle dont personne ne veut parler !

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07 février 2018 à 17:56

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