[Edito] Les choses bougent, la NUPES éclatée façon puzzle ?

Mélenchon

Nous l’écrivions la semaine dernière : il se passe quelque chose dans le paysage politique français. Depuis les élections législatives, nous étions dans une sorte de guerre de tranchées d’un genre nouveau, il faut bien le reconnaître, puisqu’elle se menait sur trois fronts principaux : la majorité (ou minorité, c'est selon les points de vue !) présidentielle, la NUPES, sorte de coalition hétéroclite de circonstance dans laquelle on trouve aussi bien le débraillé Louis Boyard que la très sérieuse socialiste Valérie Rabault, et un bloc Rassemblement national, premier groupe d’opposition dans l’Hémicycle. La revue d’effectifs ne serait pas complète si on n’y ajoutait pas les LR qui tentent parfois des sorties de leur tranchée, mais pas trop quand même, sachant qu’un retour aux urnes, en cas de dissolution, équivaudrait sans doute pour beaucoup de députés LR à se faire décimer en rase campagne. Mais tout cela est en train de voler en éclats.

Un RN institutionnel

Et, comme souvent en politique, tout comme à la guerre d’ailleurs, les lignes ne bougent pas comme on s’y attendait. Le budget ou la réforme des retraites auront amusé la galerie, permis aux chevau-légers de chaque camp de faire quelques charges héroïques, histoire de montrer qu’ils tiennent à cheval, mais finalement sans conséquences, l’artillerie du 49.3, reine de la bataille parlementaire française, ramenant rapidement tout ce beau monde dans ses casemates respectives. C’est donc l’attaque terroriste du Hamas en Israël qui aura tout chamboulé. On aura vu des députés LR applaudir Marine Le Pen, mardi 10 octobre, lorsque cette dernière se dressa lors des questions au gouvernement pour prendre clairement position en faveur d’Israël. Le député LR franco-israélien Meyer Habib n’a pas hésité à déclarer que « le RN est rentré dans le camp républicain ». Jeudi 12 octobre, tous les chefs de partis représentés au Parlement étaient reçus à l’Élysée par Emmanuel Macron, quelques heures avant son allocution solennelle aux Français. On retiendra qu’à cette occasion, Jordan Bardella, président du RN, s’est imposé comme un véritable patron de parti d’opposition qui aspire à gouverner et non d’un mouvement contestataire, image qui a longtemps collé – sans doute à juste titre – au FN devenu RN. Preuve en est son intervention sur CNews et Europe 1, ce jour-là.

Rien ne va plus à la NUPES

Mais c’est à gauche que les lignes ont sans doute le plus bougé, cette semaine. La grande coalition de la NUPES est en train de voler en éclats. Le jusqu’au-boutisme de LFI, à quelques exceptions près, comme François Ruffin (un Ruffin qui va jusqu'à dire que la famille du tueur d'Arras ne devait plus être en France), sorte de fuite en avant, de charge fracassante et, bien évidemment, électoraliste, ne peut que conduire à l’éclatement de cette armée de bric et de broc. Les socialistes ont été les premiers à prendre leurs distances avec les enragés qui les flanc-gardaient jusqu’alors sur leur gauche. Et ce dimanche, c’est au tour du Parti communiste de s'éloigner de la coalition. « La Nupes, telle qu’elle a été constituée pour les élections législatives sous la volonté hégémonique de LFI, est devenue une impasse », peut-on lire dans un communiqué du Conseil national du PCF, approuvé par 93 % de ses membres. Il est vrai que le torchon brûlait depuis quelque temps entre LFI et le PCF : la saillie de Chikirou sur Doriot est mal passée chez les communistes. Du côté des écolos – Les Écologistes, doit-on dire désormais -, ça tire aussi à vue sur LFI, et plus particulièrement sur Mélenchon. Sur France Culture, samedi, Marine Tondelier s’est exclamée, à propos du vieux leader : « Je ne sais pas qui peut lui couper Twitter à un moment, mais ça devient un problème politique grave pour la France. » Encore des qui ne partiront ni en vacances, ni en campagne, ensemble !

Et justement, parlons campagne : celle des européennes. La chose est entendue : il n’y aura pas de liste commune NUPES, qui se retrouve aujourd'hui éclatée façon puzzle. Donc, mécaniquement, le combat en tête se jouera entre les deux blocs Renaissance et Rassemblement national. Il y a une autre bataille, secondaire mais cruciale, qu’il faudra observer de près. C’est celle qui opposera LR et Reconquête. Une lutte impitoyable dont un seul pourrait sortir vivant. Les choses bougent. Le début des grandes manœuvres ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Une carpe et un lapin qui s’unissent ne peuvent rester longtemps ensemble. Il en sera de même au sein même de LFI quand les wokistes vont s’apercevoir que les islamistes qu’ils défendent pourtant voudront leur extermination et l’éradication de tous les invertis.

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