[ÉDITO] Au fait, qui sont les créanciers d’une France ultra-endettée ?
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Les débats à l’Assemblée nationale autour du projet de loi de finances pour 2025 sont de plus en plus intéressants. Tout du moins pour ceux qui veulent bien s’y intéresser ! On commence à y poser des questions que, jusqu’alors, on ne se posait pas vraiment. Comme celle-ci, par exemple : qui sont les créanciers de la France ? En commission des finances de l’Assemblée, le député RN Matthias Renault, qui ne doit pas être complètement bas du front (à sa sortie de l’ENA, en 2015, il a prêté serment comme magistrat de chambre régionale des comptes), a évoqué cette question. Vaste question !
ALERTE INFO
Le député @MatthiasRN demande où se trouve la dette française.
Les autorités invoquent le "secret d’État", et aucun tableau clair ne précise les montants détenus par pays.
Cela a un impact direct sur la transparence avec les français pic.twitter.com/MuGdgxi8ei
— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) October 30, 2024
L'ampleur des dégâts
C’est vrai ça, avec 3.228,4 milliards de dette publique à la fin du deuxième trimestre 2024, contre 3.159,7 milliards à la fin du premier trimestre (soit près de 69 milliards de dette supplémentaire, le temps d'une saison), on se dit – peut-être naïvement – qu’on est en droit de savoir qui sont les créanciers de la France. Mais, semble-t-il, il paraît que la chose est plus compliquée qu’il n’y paraît. Il est vrai que tout devient compliqué, imbriqué dans ce vaste monde. C’est pour ça, d’ailleurs, qu’il nous fallait à la tête de l’État de véritables Mozart de la finance pour appréhender cette complexité décidément bien compliquée. À l’automne 2017, la fine équipe que l’on sait venant à peine de prendre la direction de l’orchestre, la dette « n'était que » de 1.700 milliards et la durée de vie moyenne de l’encours de cette dette était de 7 ans et 8 mois. Sept ans de malheur plus tard, cette dette frise les 3.300 milliards et la durée de vie moyenne de l’encours est passée à 9 ans et 2 mois… Par ailleurs, la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFRAP), dirigée par Agnès Verdier-Molinié, rappelle que si, en 2020, la charge de cette dette représentait 13,5 % du déficit de l'État, en 2023, elle est passée à 27,9 % et, en 2027, elle pourrait atteindre plus de 50 %... Dans ce contexte, savoir qui nous tient par les cordons de la bourse ne réduira sans doute pas la dette, mais permettrait, peut-être, de prendre un peu plus conscience de l'ampleur, sinon des dégâts, tout du moins du problème. Vous ne croyez-pas ?
Plus de 53 % de la dette française détenue à l'étranger
Bon, mais qui détient cette dette astronomique ? Selon Vie publique, site Web placé sous l’autorité du Premier ministre, plus de 53 % de la dette publique française seraient détenus par des investisseurs étrangers, principalement des fonds de pensions et des banques. Un chiffre qui se réfère notamment à un rapport parlementaire déposé le 29 mai dernier par le député RN Kévin Mauvieux, lui-même s’appuyant sur les données communiquées par la Banque de France. Ce rapport souligne que « la part des non-résidents est même beaucoup plus importante si l’on soustrait les montants détenus par la Banque de France au titre des opérations de politiques monétaire ». On arriverait alors au chiffre de 72 %, en 2023. Toujours selon ce rapport, « en termes comparés, la France apparaît comme l’un des pays de l’OCDE dont la dette est le plus fortement détenue par des non-résidents ». Effectivement, si l’Allemagne est à peu près au même niveau que la France, le Royaume-Uni et l’Italie oscillent autour de 30 % quand les États-Unis sont autour de 20 %. Ne parlons pas du Japon, qui est en dessous de 20 %. Cela, c’est pour les données dans les grandes largeurs.
Impossible de connaître nos créanciers ?
Maintenant, si l’on veut savoir qui sont les créanciers qui se cachent derrière ces chiffres, cela est quasiment impossible. Certes, la mondialisation et l’extrême rapidité des échanges financiers expliquent en partie cette difficulté. Mais à cela, il faut ajouter une ordonnance bien française prise en 2014 qui a exclu les personnes morales de droit public des règles qui permettent désormais aux entreprises d’identifier leurs obligataires. En clair, l’État, sous le quinquennat de Hollande, s’est volontairement privé de la possibilité d’identifier ses créanciers ! Et ce, pour des raisons de compétitivité. « Une obligation de déclaration qui s’imposerait aux détenteurs de dette française, et uniquement à eux, nous ferait prendre un risque car ce serait un désavantage compétitif par rapport aux autres États […]. Les investisseurs n’aiment pas dévoiler leurs positions sur le marché, pour des raisons dont certaines me semblent légitimes », avait, à l’époque, expliqué aux Échos l’Agence France Trésor, gestionnaire de la dette de l’État à Bercy et chargée de traiter avec une quinzaine de banques, spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) et jouant les intermédiaires auprès des marchés. Certes. Ce qui est certain, c’est qu’avec 3.300 milliards de dette, la position de la France sur le marché mondial est plus que dévoilée…
Ainsi, à la question « Qui sont les créanciers d’une France ultra-endettée ? », il convient donc de répondre : « On ne sait pas. » Comme chantait Jean Gabin, « Je sais qu'on ne sait jamais. » Mais, paraît-il, si l'on comprend bien nos Mozart de la finance, ce n'est pas grave de ne pas savoir. Alors, dormez en paix, braves gens...
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67 commentaires
Je préfère être ruiné par MLP plutôt que par Macron.
Rassurez-vous, ça ne manquera pas d’arriver !
C’est proprement catastrophique !
Ah, la belle époque des emprunts russes ! ( qui ont servi de papier Q en 1938..)
Pourquoi en 1938 ? L’emprunt russe a été dénoncé en 1917 par les rouges !
Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. Ne pas connaître ses créanciers, c’est ne pas connaître ses maîtres. Comment croire qu’un État demeure dans l’ignorance stratégique volontaire ?
Et si on parlait de la dette des entreprises ?
Alternatives Economiques juillet 2020
Dette publique et dette des entreprises En % du PIB source BRI
PAYS DETTE PUBLIQUE DETTE DES ENTREPRISES
Grèce 177,0 – 54,6
Allemagne 59,7 – 59,7
Italie 134,8 – 67,9
Espagne 95,5 – 102,6
Portugal 117,7 – 110,3
Belgique 98,6 – 152,4
France 98,4 – 153,2
Pays Bas 48,6 – 158,3
Irlande 58,8 – 189,8
Quel rapport ? La dette des entreprises est privée, et pas financée avec nos impôts pour payer des fonctionnaires !!!
« comment à fait Macron pour nous mettre en 7 ans 1600 milliards de dette en plus » ? a dit un commentateur. Ben, il finance à fonds perdus la guerre de l’Ukraine au lieu de pousser à la paix et continue à lui promettre des fonds et des armes dont notre propre armée est sous-équipée, on finance les ONGs qui participent au trafic des migrants, on envie de l’argent à des pays « indépendants » qui nous aiment de moins en moins, mais pas assez dans nos territoires d’outremer qui, du coup, nous aimeront aussi de moins en moins. Bref, une vraie politique de gribouille. Comme ses prédécesseurs, bien sûr, mais en pire : il faut toujours faire mieux, n’est-ce pas, pour paraitre un grand président !
protocole de Toronto !
« en termes comparés, la France apparaît comme l’un des pays de l’OCDE dont la dette est le plus fortement détenue par des non-résidents ». Pourquoi ? Parce que la fiscalité française est folle. ISF (du temps où il frappait le patrimoine financier)+ IR+ inflation étaient supérieurs au taux d’intérêt servi. Autant dire un résident qui aurait eu les moyens de prêter à l’Etat Français aurait perdu de l’argent à coup sûr.
Et si on parlait de la dette des entreprises ?
Alternatives Economiques juillet 2020
Dette publique et dette des entreprises En % du PIB source BRI
PAYS DETTE PUBLIQUE DETTE DES ENTREPRISES
Grèce 177,0 54,6
Allemagne 59,7 59,7
Italie 134,8 67,9
Espagne 95,5 102,6
Portugal 117,7 110,3
Belgique 98,6 152,4
France 98,4 153,2
Pays Bas 48,6 158,3
Irlande 58,8 189,8
Quand je pense que le seul remboursement des intérêts de le dette est le deuxième poste de
dépense de l’état, je rêve !
Il devrait être possible de traduire nos responsables devant la justice.
Non seulement tout le monde crie halte aux dépenses inconsidérées, et notre Macron chéri (de rares individus ambigus…) en remet une couche en claironnant qu’il envoie une centaine de millions au Liban ! ( au fait avec le chaos politique actuel, qui se sert ?)
Nous attendons les remerciements de la CGM …
J’imagine que nos fonds en euro des assurances vies doivent représenter pour partie cette dette.
Par contre je n’arrive pas à comprendre que le capital d’origine ne se rembourse pas !!
Les intérêts ok, mais le reste mystère.
Qui peut répondre ?
L’Etat emprunte de manière structurelle pour assurer les fins de mois. Il emprunte aussi pour rembourser les échéances d’emprunts qui arrivent à terme, et dans les faits la dette ne cesse de grossir. On peut appeler cela de la cavalerie, ou de la carambouille ou encore la chaîne de Ponzi. Tant qu’il y a des prêteurs, il n’y a pas de problème, mais lorsque ceux-ci se montrent réticents, les taux d’emprunts augmentent. S’ils décident de ne plus accorder leur confiance, le système s’écroule. Nous observons aujourd’hui une montée des taux, le refus des créanciers de continuer à nous prêter est le prochain stade, mais pour l’heure ce qui sauve le pays, aux yeux des créanciers, est sa capacité à lever et à prélever l’impôt, opération en cours.
Question Liban, voici un beau retour d’ascenseur : » Dans mon dernier livre, OPA sur l’Élysée, je révélais que parmi les 1.800 grands donateurs qui ont contribué à sa campagne de 2017 en lui apportant 9 millions d’euros, 180 étaient des Libanais : les virements partaient directement de comptes bancaires ouverts dans ce pays. Par ailleurs, Bernard Mourad, ancien du groupe Altice (groupe de Patrick Drahi propriétaire de SFR, BFM TV et RMC) et franco-libanais de nationalité, faisait partie de l’équipe de campagne du candidat Macron et était notamment chargé de la collecte de fonds. Olivier Placentini
C’est la banque où il travaillait qui doit être contente, soit de s’en être débarrassé, soit de le voir faire le travail commandé… »Le diable se cache dans les détails »…
comment à fait Macron pour nous mettre en 7 ans 1600 milliards de dette en plus c’est pas possible ils y en à qui doivent ce servir au passage sur notre dos le peuple et ce n’est pas fini il lui reste encore 30 mois .
» ils y en à qui doivent ce servir au passage » : « Quand l’Etat jette l’argent par les fenêtres, il faut savoir se placer au premier balcon ». Et il y en a un paquet, qui savent.
A ce stade de son mandat, il est pas inutile de ressortir le dépliant publicitaire distribué en 2022 par la macronie, lors de l’élection présidentielle, intitulé » Nous tous, Emmanuel Macron avec vous « . La page 3 intitulée » Le choix d’une France unie « , est un réquisitoire en 7 points contre Marine le Pen. On peut y lire notamment, en points 4 et 7, » un Président qui dit la vérité aux Français sur l’état du pays et tient ses promesses plutôt qu’une candidate prête à dire tout et son contraire pour être élue » et » Un Président sérieux qui propose un projet financé plutôt qu’une candidate qui mettrait en danger nos retraites, notre épargne et nos emplois « . Ajoutons, même s’il n’est pas en rapport avec le billet, l’item 5 » Un Président qui unit et rassemble plutôt qu’une candidate qui divise et stigmatise « . Chacun pourra apprécier et comparer la situation actuelle à l’aune des promesses du Mozart de la finance, en ne perdant pas de vue que le pire est sans doute à venir.
Oui, mettre un Pays, une Nation, dépendant de financiers étrangers, c’est la jeter dans les bras de son créancier, la soumettre…Je me souviens que lors de sa Campagne de 2017 Macron proposait une partie en capitalisation, d’emprunt garanti par l’Etat, de financement épargne pour la retraite, un peu à la manière U.S.. A l’époque je l’écoutais….puis c’est parti en quenouille sans doute conseillé par Mc Kenzey émanation financière de C.I.A.! J’y ai cru, mais peu de temps….J’ai zappé pour CNews…