D’un 1er mai à l’autre : la Pitié-Salpêtrière sent toujours la poudre !

hôpital Pitié Salpêtrière

C’était il y a un an. Le défilé du 1er mai cuvée 2019 — un des plus chauds de son histoire ! — finissait son parcours tumultueux à l’orée du service de réanimation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. C’était il y a un an, et il était seize heures passées quand une poignée de manifestants — essentiellement des gilets jaunes mais aussi « quelques individus au visage dissimulé » — se réfugiaient dans l’enceinte hospitalière pour échapper aux LBD et aux lacrymogènes. C’était il y a un an, au niveau du 97, boulevard de l’Hôpital, à Paris : ils avaient emprunté, sous un nuage de gaz aveuglant, l’entrée secondaire réservée aux livraisons des denrées alimentaires. Et fini leur course erratique, de façon quasi prémonitoire, dans les escaliers et les couloirs menant au service de réanimation chirurgicale — sans en forcer l’accès, cependant.

Un an après, voilà que le millésime 2020 de la fête du Travail est comme dévoré par les mâchoires du microbe mondial. Mais l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, lui, est toujours en état de siège. Mais un siège autrement menaçant. Celui d’un virus ayant frappé de stupeur une nation tout entière, faisant regretter l’irruption — finalement bon enfant, n’en déplaise à Christophe Castaner ! — des manifestants effarés du printemps passé. Un an après, la Pitié-Salpêtrière est en guerre. Avec un service de réanimation au point de rupture. Avec une organisation interne quasi militaire. Et avec, pour prêter main-forte aux agents hospitaliers, des réservistes de l’armée très récemment dépêchés sur place, pour l’acheminement et la gestion des stocks, le transport des patients et du matériel médical. Opération résilience : c’est ainsi que l’armée a baptisé sa vaste campagne contre le Covid-19. Comme par une ironie de l’Histoire, comme par une ironie du sort.

C’était le 27 avril 1656 — à l'approche du 1er mai ! - : le roi Louis XIV créait, par lettres patentes, à Paris, un « hôpital général pour le renfermement des pauvres de Paris » à l’emplacement d’un arsenal royal où l’on fabriquait du salpêtre utilisé alors comme poudre à canon et que l’on avait surnommé « Salpêtrière ».

Thomas Clavel
Thomas Clavel
Ecrivain, chroniqueur et professeur de français en éducation prioritaire

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