Du bon usage de l’ultra-droite : houhou, fais-moi peur !

Football stadium. Original public domain image from Wikimedia Commons
Football stadium. Original public domain image from Wikimedia Commons

Décidément, la France est la cible de hordes de pilleurs étonnants : après les Anglais du Stade de France, voilà... l’ultra-droite de la Coupe du monde !

C’est qu’elle est maligne, la bougresse ! Elle se cache, elle se tapit. Mais elle est là, elle rôde, prête à bondir sur les braves Français qui n’en demandent pas tant. La méchante ultra-droite, ses légions de combattants cachés, surentraînés, armés jusqu’aux dents, organisés façon paramilitaire, le poil court, la mâchoire serrée et agressive, l’œil brillant d’alcool, ivres de violence et rêvant du lever au coucher du soleil de renverser les institutions pour installer une dictature militaire, une junte déchaînée, prête à supprimer toutes les libertés si chèrement acquises par le doux peuple de gauche.

Lorsque ladite gauche ressort ses vieux mythes, c’est généralement qu’il y a un problème. Un gros pépin. Alors, elle se souvient que la réalité, si dure soit-elle, reste soluble dans la com'. Une bonne campagne, massive, frontale, bien relayée partout, politiques et médias confondus, histoire de vous botter la réalité hors du champ du possible. De quoi attraper au piège quelques naïfs, pourtant de moins en moins nombreux...

Alors, Libération, le vendredi 16 décembre, vous flanquait la trouille. En une, fond incendiaire, ombres noires, pavés luisants de pluie et ce titre : « Extrême droite, nuit bleue, peste brune. » Toujours en une, Libé détaille l’horreur : « Après le match France-Maroc mercredi soir, plusieurs villes ont été le théâtre d’attaques racistes. Signe d’une montée en puissance de groupuscules identitaires et ultraviolents. » L’éditorial est titré « Haine ». L'article vous réveille les « heures les plus sombres » qu'on croyait tombées en désuétude, dans une ambiance de fin du monde : « Même dans nos pires cauchemars… [...] des hordes de fachos se sont déployées ici ou là pour en découdre physiquement en hurlant des slogans racistes. » Et d’accuser Zemmour, Le Pen et Bardella, les vrais fauteurs de troubles, les grands Satan du ballon rond. L’événement se penche sur « la nuit du grand déferlement ». Brrr. Pourtant, Libé lui-même cite une source policière reprise par l’AFP : « Ce n’était pas des rassemblements très organisés ou structurés, on était loin du grand soir. »

Marc Eynaud et Gabriele Cluzel ont enquêté pour BV. La situation est simple : 700 interpellations sur trois matchs, 50 seulement liées à l’ultra-droite, dont 40 à Paris. Ils sont appréhendés de manière préventive pour « attroupement en vue de commettre des violences » alors qu’ils boivent une bière sans avoir commis le moindre méfait. Mais dans le bar, un sac contient des gazeuses et des armes de poing. De là à trembler pour la République... Tous sont relâchés. Seuls sept restent soumis à un contrôle judiciaire… léger. Selon BFM TV, « 26 autres personnes majeures liées à l'ultra-droite avaient été placées en garde à vue. 12 d'entre elles ont bénéficié d'un classement sans suite, faute d'infraction suffisamment caractérisée, et 6 d'un rappel à la loi avec interdiction de paraître à Paris ou obligation d'effectuer un stage de citoyenneté ».

Quelles démolitions ? Quelles agressions manifestes ? Quelles vitrines brisées ? Quelles victimes, morts, blessés à mettre au compte de l’ultra-droite ? Parlons, a contrario, des Black Blocs qui saccagent à grande échelle, régulièrement en toute impunité, détruisant les vitrines des banques et assurances, sabotant tout ce qui représente à leurs yeux le capital et signant leurs tags de slogans anticapitalistes ou du « A » de l’anarchie. D’ultra-droite, eux aussi ? Parlons des Antifas. Parlons des groupes écologistes violents qui s’attaquent aux fermes isolées, détruisent une cimenterie ou s’en prennent aux CRS, comme lors de la manifestation de Sainte-Soline ou à Notre-Dame-des-Landes. « La présence de membres de l'ultra-droite avait été anticipée par les forces de l'ordre, 14.000 policiers et gendarmes ayant été mobilisés sur l'ensemble du territoire », ose BFM TV. Mobiliser 14.000 policiers pour sept contrôles judiciaires ? En moyenne, il aura donc fallu 2.000 policiers par ultra. De quoi plomber les statistiques.

Soyons clair : BV condamne bien sûr toutes les violences d’où qu’elles viennent. Toutes les dégradations. Toutes les attaques aux personnes. Mais on ne se sent pas obligés de foncer tête baissée dans le piège grossier de l’extrême gauche et de la gauche qui ressortent l'ultra-droite quand ils en ont besoin.

Avec un Français sur trois en soutien derrière lui, Macron n’est pas au beau fixe dans les sondages. Les shampooinage et papouillage du champion Mbappé n’auront pas suffi… L’extrême gauche, quant à elle, dévisse depuis la rentrée parlementaire, offrant le spectacle désastreux de ses divisions, de ses délires, de ses déviances et de ses combats de coqs. Il fallait réveiller le spectre des ultras, comme le fit avec succès Mitterrand durant toute sa carrière ou presque et tous les Présidents qui lui ont succédé. Les « ultras », les « extrêmes », c’est le rayon laser de la gauche. Braves gens, les ultras vous menacent, votez pour moi !

La corde semble tout de même usée. Qu’il y ait quelques ultras de droite, sans doute, mais combien sont-ils ? Ont-ils mis la France à feu et à sang, ces dernières années ? La ficelle est grosse, très très grosse. Tellement grosse que, pendant ce temps, Marine Le Pen monte tranquillement dans les sondages d'intentions de vote et manœuvre. La présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée a encore avancé un pion assez finement en prenant la gauche à son propre jeu de mensonges. Dans une lettre au Premier ministre Élisabeth Borne datée du 18 décembre et cosignée par Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme, président délégué du groupe Rassemblement national et conseiller régional des Hauts-de-France, Le Pen fait état « des multiples violences, émanant notamment de groupuscules extrémistes, sans compter leur prosélytisme toxique ». Et « condamne avec la plus grande fermeté ces actes inacceptables ».

Accusant le « laxisme judiciaire » d'État, elle demande la dissolution « de ces associations groupusculaires, quel que soit leur profil politique, qui bafouent les lois de la République et les valeurs de la France ». Façon d'utiliser, comme au judo, les moulinets déployés par la Macronie et la gauche contre les ultras pour lutter contre les troupes, bien plus nombreuses, violentes, antidémocratiques et aguerries de l'extrême gauche radicale. Parmi ces violences, Marine Le Pen a oublié celles... des Anglais ! Une absence, sans doute.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

32 commentaires

  1. L’ultra droite aime la France par contre l’ultra gauche de Mélenchon ne l’aime pas ils font tout pour détruire notre pays

  2. Valeurs de l’extrême droite : nationalisme, racisme, xénophobie, opposition à la démocratie, revendication d’un État fort.. Si l’on y ajoute l’anti sémitisme en particulier , nous avons là tout ce qui caractérise l’idéologie de l’islamisme radical merveilleusement incarné par Daesh et ses avatars. Alors oui l’extrême droite dangereuse existe bel et bien en France. Mais ce ’n’est pas la paille que l’on essaie de nous montrer à travers le verre intentionnellement déformant des médias du courant principal, c’est plutôt l’énorme poutre que les mêmes s’efforcent de ne pas voir et surtout de ne pas montrer. Néanmoins les dupes se raréfient !

  3. Le texte écrit par Harry Covert est à affiner, car il y avait des extrémistes de droite dans la résistance à l’occupation allemande. Forcément en fait, le fond de commerce étant la gloire de la France, ils ne pouvaient accepter une présence étrangère.
    Quant au code vestimentaire imposé, on est dedans quand je vois en été les tatanes, les bermudas longs et les t-shirts ou torse même nu se promener en rue. L’hiver c’est le training genre sportif à la foirfouille.

  4. Quelque soit le domaine abordé, nous sommes dans la manipulation permanente. 40 pauvres diables contre des dizaines de milliers de « touristes » qui, dans les cages d’escaliers de cités qu’ils contrôlent, vendent de la drogue. Les mêmes qui les week-ends de grands événements sportifs ou autres, cassent et pillent des magasins, s’attaquent, quasi en totale impunité, aux forces de l’ordre. Mais nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes car c’est nous qui avons élu celles et ceux qui les laissent faire, voire les guident.

  5. Ouf, quel soulagement ! Nous, La France, et surtout la République avons eu chaud ! Hélas il reste encore « les pestes rouge et verte » !

  6. Les Français ne sont pas dupes. Quand ils pensent à l’insécurité, ce n’est sûrement pas l’ultra droite qui leur vient à l’esprit.

  7. Il faut simplement espérer que les gens ne se feront pas abuser ! Parce que cette diabolisation médiatico politique qui a pris une tournure malsaine est là pour semer le doute dans la tête du français de base, qui pourtant, ne constate rien dans son quotidien de ce qui est affirmé avec véhémence par ces agitateurs de pacotille . il faudrait que tout cela, agisse au contraire, à contre pied de ce que souhaiteraient ces bonimenteurs ,qui sont dans la posture obligée du gauchiste bloqué aux années 70 ! Le problème aujourd’hui qui n’existait pas dans les années 70, est que la gauche a pris le contrôle de tout en partie de la société, depuis le Mitterrand des années 80, que ce soit la justice , la culture , l’école et le contenu de ses programmes , ou encore les médias, sans parler des couches intermédiaires qui se font les relais sans complexe des LFI et autres NPA ! Hors les gouvernements composent avec cela . C’est pour çà que l’on retrouve des macronistes pour donner caution aux délires gauchistes d’un danger fantasmé et imminent d’une  » bête immonde digne des heures les plus sombres de notre histoire! » Je ne crois pas que la quarantaine de personnes arrêtée préventivement, soit en mesure d’égaler le danger que représente les conséquences d’une immigration de remplacement voulue par une gauche en perdition électorale, et en cours d’implosion, et une macronie en négociation avec les gouvernements du Maghreb, pour échanger je ne sais quoi ,contre des visas ! Le problème avec Macron, c’est qu’il confond le en même temps avec l’équilibre lié à la fonction de présidence . Lui il serait plutôt dans la bipolarité , c’est à dire un jour j’adhère aux thèses gauchistes , un autre jour je fais de l’ultra libéralisme !

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