Davos : rien ne va plus entre Donald et Greta !

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La joute verbale entre Greta Thunberg et Donald Trump serait-elle en passe de virer à ces dialogues de sourds immortalisés par le capitaine Haddock et le professeur Tournesol dans les aventures de Tintin et Milou ? C’est à croire.

Ainsi, à Davos, “the place to be” pour toutes les “very important persons” de la planète, le premier des Américains affirme-t-il, la mèche au vent : « Ce n’est pas une période pour le pessimisme, mais pour l’optimisme. » Vraiment ? Puis : « Nous ne laisserons jamais le socialisme radical détruire notre économie, ruiner notre pays ou supprimer notre liberté. » Hormis le fait qu’on ne voit pas très bien ce que le « socialisme », « radical » ou pas, vient faire dans tout ceci ; on objectera que tout cela est un peu court.

De son côté, Greta Thunberg, nattes à l’appui, fait un temps preuve de lucidité, quand affirmant : « Je ne peux pas me plaindre de ne pas être écoutée. On m’écoute tout le temps. » Et est-elle entendue pour autant ? C’est une autre histoire, sachant qu’il lui revient, en forme de mission divine, « d’éviter l’apocalypse climatique ». Logique, pour celle qui, à défaut de multiplier les pains au quinoa et de marcher sur l’eau recyclée, est, de plus, dotées de super-pouvoirs, à en croire sa mère : « Greta est capable de voir ce que les autres ne voient pas. Elle peut percevoir le CO2 à l’œil nu. Elle l’observe s’échapper des cheminées et se transformer en dépotoir dans l’atmosphère. » Avec de tels talents de société, elle ne devrait pas tarder, nonobstant son jeune âge, à se trouver un mari, tel qu’on disait naguère, et nous pondre une jolie portée de petits Vikings qui licheront de l’aquavit dans le crâne de leurs ennemis climato-sceptiques.

Dans un registre plus primesautier, on constatera que les fameux « 1 % » censés détenir les « 99 % » des richesses mondiales, soit le club de Davos, étaient naguère autrement plus sérieux. Quoique Jacques Attali, autre prophète du genre halluciné, aurait plutôt tendance, lui, à avoir à la fois nattes et mèche lui poussant à l’intérieur du crâne. Bref, nous apprend Le Monde du 21 janvier dernier : « Le Forum de Davos, lui-même, a parfois été taxé d’hypocrisie climatique en raison du ballet de jets, d’hélicoptères et de limousines qu’il occasionne. » Arrêtez, les gars et les filles, vous vous faites du mal pour rien.

Heureusement, et ce, toujours à en croire la même source : « Cette année, ce sommet tente de montrer l’exemple en bannissant les ustensiles à usage unique, en montant des buffets sans viande, en compensant les émissions carbone ou en prodiguant des conseils sur le carburant utilisé pour les avions privés. » Fort bien. Soit un grand pas pour les milliardaires et un petit pour des gueux n’en ayant que faire ; et un entre-deux, façon tango, pour l’humanité tout entière. Prochaine étape ? Des avions à hélices qui fonctionneront grâce aux mollets vigoureux de chômeurs installés en soute, condamnés à pédaler pour faire tourner les hélices en question ?

Logique citoyenne oblige, on y viendra. Les femmes du tiers-monde louent bien leur ventre pour mettre bas au profit de “beautiful people” souhaitant éviter vergetures et nausées, pourquoi leurs conjoints n’en feraient-ils pas autant de leurs muscles ?

De son côté, L'Opinion s’inquiète, non sans raison, de cette rencontre au sommet des deux brillants esprits susnommés : « Le sort de la planète mérite mieux qu’un duel primaire. » On ne voit pas ce qui peut leur faire dire ça. Mais c’est peut-être parce que nous n’avons pas « l’esprit » aussi « brillant ».

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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