Darmanin : pourquoi le secret de la confession l’emporte sur les lois de la République

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« Vous avez la liberté de contester les lois, Monseigneur, de vous battre pour qu’elles changent. » Qu’elles semblent lointaines, ces déclarations de Gérald Darmanin, le 26 juin dernier, en présence de Mgr Lebrun, archevêque de Rouen. C'était à l’occasion de la cérémonie républicaine pour la paix et la fraternité organisée en hommage au père Hamel, assassiné cinq ans auparavant par des terroristes islamistes. Aujourd’hui, après que Mgr de Moulins-Beaufort a affirmé que le secret de la confession était plus fort que les lois de la République, le ton a sensiblement changé : « La loi de la République s’impose aux églises », martèle le matamore de la place Beauvau qui a convoqué le président de la Conférence des évêques de France au ministère de l’Intérieur, ce mardi 12 octobre.

Gérald Darmanin semble ignorer ce que Mgr de Moulins-Beaufort sait très bien : l’Église catholique est d’abord l’Église du Christ et, à ce titre, elle n’est maîtresse ni de son enseignement ni de ses sacrements. L’inviolabilité du secret de la confession fait partie de ce dépôt qu'on ne peut changer comme l’est, par exemple, l’exclusion des femmes du sacerdoce. Elle est une conformation du prêtre au Christ qui était un homme. Que se passera-t-il, demain, quand les « lois de la République » exigeront, au nom de la parité, que la moitié des personnes ordonnées soient des femmes ? On mesure là les limites de la loi de séparation de 1905 qui semblait considérer que les religions ne se préoccupaient que de considérations spirituelles, cantonnées aux lieux de culte et aux sacristies.

Or, toute religion est porteuse d’une anthropologie et donc d’une vision de l’organisation de la société. Cette conception, pour le croyant, n’est pas négociable car elle repose sur la volonté de Dieu, qui ne change pas, et non sur des majorités démocratiques ou des combinaisons d’appareil, par nature fluctuantes.

Enfin, il est un peu navrant d’entendre Mgr de Moulins-Beaufort définir la confession comme un « espace de parole libre qui se fait devant Dieu ». C’est un peu court. Quand l’Église croyait au péché et à la nécessité du pardon, elle enseignait que la confession était le sacrement par lequel le pécheur, ayant fait l’aveu de ses fautes à Dieu, recevait de Dieu, par le simple intermédiaire du prêtre, le pardon de ses péchés. À condition d’effectuer la pénitence demandée et de prendre les moyens d’éviter de chuter à nouveau. Trahir le secret de la confession revient à trahir l’aveu du confessant à Dieu lui-même. Qui, parmi les doctes commentateurs de ce bras de fer, mesure l'impossibilité, pour un catholique et pour un prêtre, d'accéder à cette exigence ?

Jean-Pierre Maugendre
Jean-Pierre Maugendre
Président de Renaissance Catholique

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