CRS et gendarmes mobiles tirent la sonnette d’alarme
Une nouvelle fois en moins d'un mois, les Parisiens se sont réveillés, ce matin, sous le choc. Après 24 heures consécutives de manifestation, le bilan est lourd. Plusieurs dizaines de blessés, dont de nombreux policiers. Des millions d'euros de dégâts. Et près de 200 interpellations de casseurs, aux profils très différents et révélateurs d'une banalisation de la violence. Mais ce qui inquiète surtout, aujourd'hui, ce sont les graves difficultés rencontrées sur le terrain par les policiers et les gendarmes pour venir à bout de manifestants dont certains ont fait preuve d'une rare brutalité, allant ainsi jusqu'à conférer à ce mouvement des gilets jaunes un caractère quasi insurrectionnel. De ces manifestations à répétition, et hors de contrôle du pouvoir en place, il est possible de tirer plusieurs enseignements.
En premier lieu, les erreurs tactiques des concepteurs de ces opérations de maintien de l'ordre, dont le préfet de police de Paris. Celles-ci avaient été criantes lors de la manifestation du 24 novembre. Absence de schéma tactique clair. Mauvais positionnement des unités. Absence de réaction rapide face aux casseurs... Toutes les initiatives et les décisions prises l'avaient été à contretemps, et souvent dans la précipitation et la confusion. Face à ces fautes grossières, les dispositions annoncées par Castaner pour encadrer la manifestation de ce samedi 1er décembre devaient tenir compte des manquements précédemment observés. Et donner l'avantage aux forces de l'ordre. Le résultat a été encore plus catastrophique !
Depuis les manifestations anti-loi Travail de 2016 qui, rappelons le, avaient déjà donné lieu à des violences et des destructions importantes, il était apparu que les techniques de maintien de l'ordre utilisées par les policiers et les gendarmes étaient dépassées. Le même constat, aggravé par le temps, s'impose aujourd'hui. Formatées pour faire face à des manifestations classiques, encadrées par des responsables identifiés, nos unités n'ont pas été entraînées pour s’adapter aux nouvelles formes d'action qui caractérisent, désormais, les grands rassemblements populaires. Par ailleurs, les "casseurs", quelles que soient leurs obédiences, ont vite compris ce retard tactique des forces de maintien de l'ordre et savent, aujourd'hui, en jouer efficacement. Face à des unités statiques, qui reçoivent systématiquement l'ordre d'éviter, autant que possible, tout contact physique avec les manifestants (d'où l'usage massif de grenades lacrymogènes), ils se montrent mobiles et sont capables d'agir sur plusieurs sites en même temps. La réponse à cette nouvelle donne ne pourra passer que par la (re)mise en place d'unités de police aussi mobiles que possible, capables de réagir en un temps extrêmement court et de manière déterminée.
En ce qui concerne les unités concernées, il est donc urgent de revoir leur formation et leur emploi. Largement tournées vers la lutte antiterroriste au cours de ces dernières années, la formation au maintien de l'ordre, même si elle commence à retrouver sa juste place ces derniers temps, a été négligée. Les résultats de cette perte de technicité ne se sont pas fait attendre. Mais, en réalité, c'est toute la théorie de la gestion de l'ordre public qui doit être revue. À commencer dans la tête de nos décideurs politiques. Il faut absolument qu'ils comprennent que le maintien de l'ordre "à l'ancienne" est terminé. Que les manifestations auxquelles nos policiers et nos gendarmes sont confrontés seront toujours plus violentes. Et le choix délibéré de tout laisser casser afin d'éviter un accident majeur, qui fonde la doctrine actuelle en matière d'ordre public, ne peut plus être une option. Sauf à admettre que l’État n'est plus garant de l'ordre public.
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