Covid-19, révélateur de notre vulnérabilité : comment en est-on arrivé là ?

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Une nouvelle vient de tomber : à Plaintel, en Bretagne, il existait une usine de fabrication de masques qui en fabriquait des millions chaque année ; elle a été fermée en 2018 par son propriétaire, le géant américain Honeywell, qui a voulu délocaliser cette production en Tunisie. Une ancienne salariée, 30 ans de métier, témoigne : des machines en parfait état ont été vendues au poids de la ferraille. Apparemment, les pouvoirs publics n’ont pas levé le petit doigt pour maintenir sur le territoire national cette capacité de production d’importance stratégique.

Cela n’est pas un fait divers : c’est un fait qui révèle la façon dont la France est gouvernée. Prenons un autre problème qui se pose actuellement avec acuité : le manque de lits dans les hôpitaux. La pénurie est telle, sur certaines parties du territoire, que l’on expédie des malades, par avion ou par train spécial, à des centaines de kilomètres. Comment en est-on arrivé là ? En schématisant, parce que de petits malins, au ministère de la Santé comme dans les ARS (agences régionales de santé, qui supervisent le système de santé dans les régions), ont fait un calcul qu’ils estimaient génial : s’il y a 500 lits dans un hôpital, en en supprimant 50, on réduira la dépense de 10 % ! Pour économiser, on a donc fait la chasse aux lits. Il n’en est résulté aucune économie parce qu’il a fallu jongler avec l’occupation des chambres, envoyer plus rapidement les convalescents dans des maisons de repos qui, du coup, se sont retrouvées en surcharge et, pour avoir les moyens de s’agrandir, ont augmenté leurs tarifs. L’idée géniale de nos petits marquis était une idiotie, mais personne ne leur a tapé sur les doigts : nous sommes dans un pays où les gestionnaires publics ne sont pas rétrogradés ou licenciés quand ils commettent une grosse erreur, mais plutôt promus (avec les avantages pécuniaires correspondants) à un poste honorifique où, espère-t-on, leur inactivité évitera quelques coûteuses bévues.

S’il fallait enfoncer le clou, nous ferions la liste des logiciels foireux, du genre de LOUVOIS pour l’armée, ou des opérations stupides, comme les modifications de vitesse limite sur certaines routes, avec remplacement de moult panneaux 90 km/h par des panneaux 80 km/h, suivi quelques mois plus tard du changement inverse. La France est suradministrée, et ce, par des personnes dont la compétence laisse souvent à désirer et, du coup, elle n’est pas correctement administrée.

Naturellement, les entreprises françaises vont être victimes de la faiblesse opérationnelle de notre administration pléthorique lorsqu’il s’agira de prendre des mesures pour éviter l’épidémie de faillites qui les menace, faillites dont les effets s’ajouteront aux conséquences sanitaires fâcheuses de notre vulnérabilité au coronavirus. Il faudrait surtout que les mesures prises pour limiter la diffusion du Covid-19 soient aussi peu invasives que possible. Nous avons besoin de biens et de services et, donc, les pouvoirs publics doivent faciliter la tâche aux producteurs. Comme tout le monde ne peut pas « télétravailler », il convient de mettre le paquet sur la protection des personnes contraintes, pour travailler, à ne pas pratiquer le confinement.

Plus facile à dire qu’à faire ? Certes, et je n’ai pas la compétence requise pour dire quelles entreprises doivent prioritairement faire l’objet d’une facilitation de leur activité, ni pour préciser quelle pourrait être, précisément, cette facilitation, et je présume que les ministres sont comme moi. Ils n’ont donc pas à dire à une entreprise de travaux publics comment faire son travail avec un minimum de risques mais, en revanche, ils peuvent comme vous et moi constater que la forte diminution de la circulation crée des conditions favorables pour l’entretien et l’aménagement de nos routes et de nos rues et inciter les entreprises de travaux publics et les édiles locaux à en profiter.

Cherchons les autres occasions créées par le confinement, par exemple en matière d’entretien et d’embellissement de nos jardins publics. Que les pandores ne soient pas là principalement pour verbaliser mais pour faciliter et sécuriser l’activité.

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