Coûteuses et/ou nuisibles : ANRU, Agence Bio, deux agences à supprimer d’urgence

La commission repousse l'idée de la tronçonneuse miléiste. Tant que Nicolas paye les 24 milliards de l'ANRU…
Agence Bio, ANRU

Ce 3 juillet, la commission d’enquête sénatoriale sur les agences de l’État a présenté ses conclusions. Décompte des plus parlants : il existe 434 opérateurs (organismes distincts de l’État, de statut public ou privé, auxquels sont confiés des missions de service public), 317 organismes consultatifs, 1.153 organismes publics nationaux… Affolant ! Le rapport qualifie cet ensemble d’« archipel aux frontières floues que l’État ne sait pas cartographier avec exactitude ». Il fallait bien une commission pour explorer cette terra incognita.

L’« agencification » de l’État depuis 30 ans

Nous sommes en présence d’une « agencification », dit le rapport. Le néologisme est laid mais expressif. Il décrit un phénomène qui s’est accéléré depuis les années 1990. Il consiste à créer une agence technocratique parallèlement à un ministère existant, tout en le plaçant sous un ou deux ministères de tutelle. L’intention pourrait être bonne. Devenue manie, elle est néfaste. La preuve par Notre-Dame. Elle brûle. Le Président veut la reconstruire rapidement. Il crée l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame. Celui-ci court-circuite (sans jeu de mots) deux structures qui auraient pu s’en charger : le Centre des monuments nationaux (CMN) et l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC).

Face à cette anarchie d’opérateurs et d’agences, l’État n’est plus qu’« une maison mère sans direction des affaires financières et sans direction des ressources humaines ». Les crédits et les fonctionnaires sont comme hors contrôle, parsemés dans des organigrammes illisibles. Pour autant, le rapport sénatorial repousse « le mirage de la tronçonneuse », ce fameux outil de Javier Milei à couper les dépenses publiques. Il propose des solutions au cas par cas : fusions d’agences, transferts de missions, mutualisations et… suppressions.

Une Agence Bio inutile

Recommandation n° 52, par exemple : « Supprimer l’Agence Bio et réinternaliser ses missions. » L’Agence Bio coûte entre 25 et 30 millions d’euros par an. Tout un chacun préfère manger bon et sain mais, en réalité, si 16,6 millions sont consacrés aux investissements et aux interventions, 11,7 millions sont dépensés pour le personnel (une vingtaine de personnes) et le « fonctionnement ». Tout ne va pas aux carottes et aux salades.

L'Agence Bio a ainsi financé un « BioTour » en bus ou une campagne publicitaire, « Bioréflexe » : le sentiment d’inutilité du machin se renforce lorsqu’on sait que le bio ne représente que 5,7 % de la consommation alimentaire des ménages. La recommandation de la commission intervient alors que le budget d’Agence Bio est d’ores et déjà amputé de 64 % dans le projet de loi de finances 2025. La responsabilité du bio devrait finir par revenir dans le giron du ministère de l’Agriculture, ce qui est le bon sens même. Contactée par BV, l’Agence Bio n’a pas réagi au rapport sénatorial.

La nuisible ANRU

L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) n’a pas, non plus, répondu à BV. L’ANRU est une agence que la commission préconise de « ne pas renouveler », bel euphémisme (recommandation 53). Là, on rentre dans le dur : 24 milliards d’euros de budget, selon le document officiel de l'organisme, 100 milliards d’euros d’investissement. Ses programmes sont gourmands : le PNRU (programme de rénovation urbaine, 2004-2020) a coûté 62 milliards. Le NPNRU (nouveau programme de renouvellement urbain, 2014-2030), idem. Le PNRQAD (programme national de requalification des quartiers anciens dégradés, depuis 2009), 150 millions d’euros. Ajoutons-y, pour faire bonne mesure, les neuf Programmes d’investissements d’avenir: 822 millions d’euros en faveur de « la jeunesse » et de « l’égalité des chances ».

Le tonneau des Danaïdes est un dé à coudre, comparé au gouffre de la politique de la ville, à ces fameux « quartiers » et « banlieues » où on édifie à fonds perdus des médiathèques ou des gymnases qui brûlent lors d’émeutes ou de nuits « normales ». Ne nous réjouissons pas outre mesure de la fermeture de l’ANRU : la commission suggère de transférer progressivement la gestion des programmes... aux préfectures. La politique de la ville continuera, coûteuse pour « Nicolas » et méprisée par « les jeunes » censés en bénéficier. Mais au moins verrait-on disparaître ce symbole qu’est l’ANRU et ses 160 salariés qui ont pour fonction d’organiser une large dilapidation d'argent public.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

36 commentaires

  1. C’est pourtant bien la « tronçonneuse miléiste » qu’il faudrait utiliser pour sauver le pays de la faillite où nous courons inexorablement : honte aux ‘gestionnaires’ irresponsables’ et volontairement inconscients de leurs erreurs …!

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