Selon un article publié dans The Lancet et relayé par Le Figaro, 26 % des Français ont déclaré que si un vaccin contre le coronavirus devenait disponible, ils ne l'utiliseraient pas.

On savait les Français de plus en plus réticents aux vaccins pour diverses raisons, entre autres la possible toxicité de l'aluminium contenu dans la grande majorité d'entre eux, mais on pouvait penser qu'après les craintes savamment entretenues par les médias tout au long du confinement, les Français allaient se jeter sur le premier vaccin venu. Il n'en n'est rien puisqu'un quart d'entre eux, parmi lesquels 37 % de personnes à faibles revenus, 36 % de femmes jeunes et 22 % de personnes de plus de 75 ans, se montrent réticents à cette vaccination.

Pour bénéficier du produit miracle, on pouvait s'attendre à un rush identique à celui qui accompagne la sortie du dernier iPhone, mais la population se montre plus réservée quant à l'intérêt de ce vaccin. Peut-être faut-il y voir aussi une conséquence des difficultés rencontrées par les autorités pour avoir un message clair lors de cette épidémie .

À toutes les déclarations contradictoires dans lesquelles s'est enferré le gouvernement, tant au sujet des masques que des dépistages ou pour justifier des interdictions qui ne reposaient sur aucune raison médicale, s'est ajoutée une défiance vis-à-vis des autorités scientifiques qui préféraient alimenter des querelles de clocher plutôt que d'avoir une attitude pragmatique sur l'attitude à tenir et les traitements à donner aux malades atteints par le coronavirus.

La relation (rémunérée) que bon nombre d'experts entretiennent avec l'industrie pharmaceutique n'a pas amélioré la confiance du public dans la parole officielle et certains ne voient, dans l'annonce d'un prochain vaccin, qu’une vaste opération marketing destinée à rapporter des milliards à celui qui le découvrira le premier. Le marché est mondial et gigantesque, actuellement plus de 120 candidats-vaccins contre ce coronavirus sont à l'étude dans le monde, comme le rapporte Les Échos, et deux grandes voies de recherche se font jour : celle qui fait appel à des vecteurs viraux pour transporter les protéines immunogènes du coronavirus, et une autre qui est basée sur l'utilisation d'acides nucléiques, soit l'ADN soit l'ARN messager, pour stimuler la sécrétion d'anticorps chez le sujet receveur. Ces études nécessitent de nombreuses expérimentations chez l'animal puis chez l'homme afin d'étudier son efficacité et ses effets secondaires.

Aucun laboratoire n'annonce un vaccin avant 2021, mais déjà une société américaine de biotechnologie, Moderna, qui a annoncé des résultats encourageants pour son vaccin à l'étude, invite les États européens à passer commande rapidement, sans doute pour être servis les premiers.

À ce stade, nous ne sommes plus dans de la médecine à échelle humaine mais dans un univers industriel où les enjeux financiers sont considérables ; inutile d'essayer de raisonner avec nos critères moraux, ils ne sont pas en usage dans cet univers où seule compte la loi du marché et des profits.

Alors, ne soyons pas trop pressés, ne nous vexons pas si Sanofi réserve la primeur de ses vaccins aux Américains, laissons-leur le temps d'essuyer les plâtres avant de nous jeter sur le premier vaccin venu.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 04/06/2020 à 10:21.

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28 mai 2020 à 11:44

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