Contrôle gouvernemental des réseaux sociaux : le phénomène se répand

ENFANT ORDINATEUR

En Floride, la Chambre des représentants a ratifié, ce 24 janvier, un texte de loi ayant pour but de contrôler l’accès aux réseaux sociaux pour plus jeunes. C’est, selon Le Figaro, le texte de loi le plus strict en la matière. Et pour cause : cette loi largement adoptée - 106 pour et 13 contre - par les républicains comme par les démocrates prévoit l’interdiction, aux adolescents de moins de 16 ans, de s’inscrire sur les réseaux sociaux, en dépit d’un éventuel accord donné par les parents. Avec cette loi « Media Use for Minors Bill », la Floride rejoint cinq États des États-Unis légiférant, eux aussi, sur les réseaux sociaux à usage des mineurs.

Chine, États-Unis : les grandes puissances mondiales se méfient de la puissance des écrans

En tout, ce sont une trentaine d’États américains qui poursuivent en justice le groupe Meta Platforms, Inc. (auquel appartiennent, entre autres, Facebook et Instagram). En cause : la collecte de données indue de mineurs et l’impact négatif sur les jeunes générations qui en font usage, dû à un caractère volontairement addictif, favorisant l’anxiété, la dépression, les insomnies, etc.

Ce sujet ne préoccupe pas que l’Amérique. La Chine renforce, depuis 2019, la censure appliquée au réseau social dont elle est pourtant à l’origine : TikTok. L’inscription est interdite avant 14 ans et l’accès au réseau impossible entre 22 heures et 6 heures. L’utilisation est, quant à elle, limitée à 40 minutes par jour. Les contenus favorisés et mis en avant par l’algorithme sont éducatifs.

La France mesure le danger des écrans aux mains des trop jeunes

La France, quant à elle, commence à s’inquiéter de l’omniprésence des écrans dans les journées des enfants, et ce, de plus en plus tôt. Une étude menée par Doctissimo rend compte de ce phénomène : en France, 45 % des sondés - de 16 à 25 ans – passent entre trois et quatre heures par jour sur leur smartphone. 18 % avouent y consacrer plus de cinq heures par jour. Les parents se rendent compte du désastre qu'impliquent les réseaux sociaux sur la capacité de l’enfant à se concentrer, à réfléchir, à juger. Outre cela, les pensées suicidaires et les troubles de l’alimentation sont le lot, sinon commun, au moins fréquent, de ces enfants laissés face à eux-mêmes dans le cercle vicieux d’une utilisation non contrôlée.

C’est pourquoi, en août 2019, Marie-Alix Leroy a lancé un mouvement sur Facebook : « Parents unis contre le smartphone avant 15 ans ». Ce groupe recueille les témoignages de parents conscients de l’enjeu que représente l’usage des écrans. Ils sont plus de 18.000, aujourd'hui, à avoir rejoint ce mouvement. Le gouvernement lui-même se saisit de ce sujet crucial et des « effets délétères des réseaux sociaux sur le développement et le bien-être de nos enfants ». Dès lors, une commission d’enquête sur l’utilisation du réseau social TikTok a présenté, le 4 juillet 2024, un rapport devant le Sénat. Parmi les recommandations faites, la 19 suggérait d’« exiger de TikTok la mise en place d’un système performant de vérification d’âge, prévoyant un tiers vérificateur indépendant ». La recommandation 20 proposait d’« instaurer pour les mineurs un blocage de l’application au bout de 60 minutes d’utilisation ». Autrement dit, ce rapport présentait les mesures successivement prises par la Chine et les États-Unis.

Revenant sur les causes et les raisons des émeutes du mois de juin 2023, le président de la République Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité de suspendre l’usage des réseaux sociaux pour une durée déterminée, en cas d’émeute. Cette prise de position est un aveu d’impuissance face à la machine infernale que sont les réseaux sociaux qui, tels qu’ils sont réglementés, échappent au gouvernement.

Plus encore que les réseaux sociaux, c’est l’usage même des écrans que le président de la République tend à encadrer. Dans cette logique, une commission devra rendre un rapport, fin mars, afin d’« installer un consensus scientifique ». Une à une, les grandes puissances se rendent compte du pouvoir et de l'emprise de cette technologie et tentent, tant bien que mal, de faire marche arrière !

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Et ce n’est qu’un début ! Dans moins de dix ans, au lieu d’avoir d’avoir le nez dans leurs portables, les ados porteront tous un casque de réalité … virtuelle !

  2. Tant qu’ils sont devant leurs écrans à regarder des inepties, ils fichent la pais aux parents, qui eux même, ont étés plus ou moins « biberonnés » à ces choses là. Je crois que c’est irréversible.

  3. C’est bien de pondre des lois qui se juxtaposent a un empilement de lois mais les faire appliquer c’est un autre problème. Comment contrôler un jeune mineur rivé des heures à son téléphones en regardant des vidéos gravement nulles et inscrits sous un noms d’un majeurs. Aucun contrôle ne sera valable.

  4. Surtout qu’en parallèle, on perverti nos têtes blondes, avec des cours pratiques « d’éducation sexuelle », voire pornographiques…

  5. Le Réseau chinois TIKTOC est Interdit aux petits Chinois sauf à certaines heures chaque jour . Pékin a compris le danger de l’image.

  6. Encore une fois que font les parents , c’est leur rôle de gérer les tablettes , téléphones , smartphones de leurs enfants . Mais quand on voit comment se comportent certains parents avec leurs appareils que peut on espérer pour les enfants .

    • Depuis qu’on a dédié un Ministère à l’Education des enfants, les familles sont déchargés de leur rôle essentiel d’éducateur.

    • Comment voulez-vous que les enfants de parents n’ayant eu aucune éducation, hormis celle de s’abonner aux prestations sociales, puissent eux même éduquer leurs enfants. On a bien connus comment certains parents, il fut un temps, apprendre à leurs enfants comment récupérer les magnétoscopes qui tombaient des camions.

  7. « Les parents se rendent compte du désastre qu’impliquent les réseaux sociaux .. », vraiment ?! Non sérieusement, le bon sens ne commande-t-il pas de s’en préoccuper en n’achetant pas ce genre de « joujou » aux enfants (oui, c’est possible et on économise !) qui, non seulement sert de dérivatif à beaucoup de parents comme la télé (pour avoir la paix), et qui bientôt va même (pourquoi pas tant que l’on y est) servir de tétine aux bébés ?!! Où sont les parents ?

  8. Il faut rester vigilant car quand un gouvernement veut contrôler un canal de communication sous couvert d intentions louables cela veut toujours cacher une intention moins louable de contrôler et orienter l information. Et quand on sait que le gouvernement se passerait volontiers de VA du JDD, de BV et de CNEWS…

  9. Et si l’État s’occupait sérieusement de ses attributions alors il pourrait légitimement exiger des parents qu’ils remplissent sérieusement les leurs.

    • Il faut donc revenir sur le titre de l’E.N. et l’appeler à nouveau ce Ministère « Instruction Publique ». Les mots ont un sens.

  10. En premier lieu il appartient aux parents d’instaurer une discipline. À l’école les portables devraient être interdits pendant les cours. Cela dit, lorsque, à table, papa et maman sont chacun sur leur portable, comment voulez-vous que les gamins prennent de saines habitudes ?

      • Moi aussi.
        Mais problème! La banque impose un portable avec une application -« appli », comme ils disent. Certains sites (genre Télégram) imposent un N° de téléphone portable…. On en est à voir certaines grandes surfaces imposer cette appli (donc le tél portable) pour pouvoir bénéficier des promotions… Début de l’imposition d’avoir un portable pour pouvoir sortir de chez soi, afin de mettre en place le pass numérique (peut être associer le N° de portable avec le N) de carte bancaire, pour bloquer cette dernière si le dictateur le veut? Là, j’invente, je le sais, mais… Quelque fois, les idées le pus folles deviennent réalité)

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