Cinéma : Slalom, de Charlène Favier

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Pour cette première recension cinématographique depuis la réouverture des salles, nous avons choisi de nous attarder un moment sur Slalom, le film de Charlène Favier. Précisons, d’ailleurs, que les critiques de Drunk et de Michel-Ange, toujours en salles actuellement, sont encore disponibles sur le site.

Avec Slalom, Charlène Favier aborde de façon inattendue – et assez finaude, il est vrai – la question des abus sexuels en milieu sportif, un sujet moins vendeur d’un point de vue journalistique que le sempiternel discours sur les méchants prêtres pédophiles, mais pourtant plus récurrent, si l’on en croit les statistiques. On pense, entre autres, à l’affaire Sarah Abitbol, née dans la foulée de MeToo et de BalanceTonPorc, après ses révélations dans un livre autobiographique…

Le patinage, le tennis, le judo, l’athlétisme, l’équitation, le football et même – semble-t-il – le lancer de marteau (!), toutes ces disciplines ont connu, ces dernières années, des affaires d’abus sexuels, avec condamnations à la clé.

Slalom, lui, a choisi le milieu du ski. Le récit suit la trajectoire de Lyz, quinze ans, élève en section sportive scolaire qui, à une période de sa vie où son père est inexistant et où sa mère est partie s’installer à Marseille, cherche naturellement à gagner l’estime de Fred, son entraîneur. Pour ce faire, la jeune fille parvient à se démarquer de ses camarades et à faire montre d’un véritable potentiel compétiteur. De son côté, l’entraîneur n’a rien du prédateur sexuel et grivois auquel on pourrait s’attendre, il ne prête au départ aucune attention particulière à la gamine. Ce n’est qu’en s’apercevant de son talent, au fil des entraînements, que cet ancien skieur en échec professionnel finit par fonder ses espoirs sur elle – l’intérêt qu’il lui porte est purement sportif.

Mais du souci de l’entretien physique de son élève mêlé à la fierté de la voir gagner les épreuves naît quelque chose d’indéfini, entre l’amour et le désir… De quoi dynamiter les bases – saines, au départ – sur lesquelles se fondait leur relation. Et lorsque l’entraîneur cherche à restaurer l’ordre, à rattraper ses erreurs, il est déjà trop tard. Lyz ne sait plus comment se comporter pour maintenir l’intérêt de Fred et la confiance qui les unissait, peu à peu, se disloque.

Loin de tout manichéisme, Slalom n’a rien du film moralisateur que pourrait attendre un certain militantisme féministe délateur ; il excelle au contraire dans sa façon de traiter la zone grise des relations humaines. Et ce, grâce en partie à l’acteur Jérémie Renier – l’un des plus subtils de sa génération – dans le rôle de cet entraîneur qui perd toute maîtrise et en a conscience.

Là où Charlène Favier, en revanche, se fourvoie complètement, c’est dans son choix de s’appesantir sur le rapport sexuel de ses personnages dans le dernier tiers du film, se rendant ainsi coupable à l’égard de ses comédiens du même genre de faute que Fred à l’égard de Lyz…

Enfin, pour un film qui aborde le milieu du ski, on regrette que Charlène Favier ait si peu profité de l’occasion pour créer de belles images des entraînements et autres compétitions.

 

 

3 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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