Cinéma : Présidents, d’Anne Fontaine

présidents

« Nicolas mesure 1,82 m. François pique de grosses colères. Toute ressemblance avec des personnes existantes n’est purement pas fortuite. »

C’est sur cet écriteau un brin moqueur que débute Présidents, le dernier long-métrage d’Anne Fontaine.

Présenté comme la première comédie de l’été, avant le nouveau OSS 117 et la suite cinématographique de Kaamelott, le film affiche d’emblée ses ambitions : jouer ouvertement avec l’image de Nicolas Sarkozy et de François Hollande sans nécessairement chercher la fidélité absolue à leurs personnages. Un équilibre difficile à trouver dans la mesure où, dès les premières minutes du film, les noms des deux anciens Présidents sont clairement évoqués à la radio dans une séquence en voiture. Dans ces conditions, il sera difficile de demander au spectateur la moindre indulgence quant aux failles d’écriture et d’interprétation des deux héros.

Piquant et rocambolesque à la fois, le concept se plaît à imaginer un ersatz de Sarkozy contraint à l’inactivité depuis sa défaite en 2017 et trompant l’ennui dans les tâches ménagères aux côtés de sa diva. Après un rendez-vous infructueux chez un coach en développement personnel et une séance de dédicaces des plus mornes pour son dernier bouquin, Nicolas prend conscience des chances de Marine Le Pen d’arriver au pouvoir en 2022 et se met en tête d’aller chercher François (Hollande) au fin fond de sa Corrèze pour lui proposer un partenariat en vue de la prochaine présidentielle.

Présidents vaut, avant tout, pour son portrait ironique de ces personnalités politiques de tous bords qui, accros au pouvoir et à leur image médiatique, ne parviennent jamais totalement à raccrocher les gants, fussent-elles complètement lessivées, vidées, discréditées à force de trahisons, de reniements, de contradictions idéologiques… On se prend, d’ailleurs, à imaginer un scénario similaire autour du « nouveau » Manuel Valls fraîchement revenu d’entre les morts après sa déconfiture à Barcelone.

Au fond, qu’importent les divergences politiques de Nicolas et François, leur sinistre ennui et leur complaisance à vouloir combattre une fantasmatique menace fasciste sur la France fournissent le prétexte idéal à leur résurrection dans le jeu électoral. Des idées, de toute façon, il n’y en a pas, il n’y en a jamais eu et il n’en sera sans doute jamais question…

Si l’idée de départ du scénario est savoureuse, Anne Fontaine se révèle malheureusement incapable de développer son concept jusqu’au bout et tourne rapidement en rond avec ses personnages, ne sachant véritablement où elle veut en venir. Sans doute eût-il fallu pour cela qu’elle assumât franchement la caricature et l’ironie et portât un regard éminemment politique sur ces deux anciens Présidents. Hélas, la tendresse évidente dont elle fait preuve à leur égard l’empêche d’atteindre le niveau de cruauté indispensable à la réussite d’un tel film et réduit l’intérêt de l’ensemble aux imitations, certes convaincantes, de Jean Dujardin en Nicolas Sarkozy.

Encombrée d’un concept brillant dont elle ne sait quoi faire, Anne Fontaine nous bricole alors une conclusion qui laisse pantois et recycle des vieilles antiennes féministes en guise de point final.

Gentillet et légèrement paresseux.

 

2,5 étoiles sur 5

 

 

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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