[Cinéma] Misanthrope, ce que le polar américain a de meilleur à nous offrir
Alors que la population de Baltimore s’apprête à fêter le réveillon de la Saint-Sylvestre, un sniper embusqué profite des détonations des feux d’artifice pour abattre froidement vingt-neuf personnes au hasard, sur les terrasses comme dans les rues.
Eleanor Falco, jeune policière non gradée, est aussitôt dépêchée sur les lieux, puis envoyée avec une équipe dans l’appartement en ruine où vient d’exploser une bombe, à partir duquel ont été tirés les coups de feu. Mis sur le coup, Geoffrey Lammark, un agent du FBI charismatique à la réputation solide, surprend plus tard, au poste de police, une conversation entre Eleanor et un collègue, et se laisse séduire par la forme d’esprit originale et le discernement de la jeune femme. Guidé par son intuition, Lammark choisit, le lendemain, de l’intégrer à son équipe pour faire la liaison entre la police de Baltimore et le FBI, l’estimant peut-être plus encline que la moyenne à l’aider à comprendre les motivations et la psyché du tueur. Ensemble, ils vont partir de zéro pour tenter de le retrouver et l’empêcher de poursuivre son carnage.
Avec Misanthrope, son premier long-métrage tourné en anglais, le cinéaste argentin Damián Szifrón nous propose un thriller à l’ancienne comme on en voit de moins en moins sur nos écrans ; un film lugubre, tendu, âpre et maîtrisé, à mi-chemin entre le cinéma de David Fincher et celui de James Gray. Sur fond de terreur collective, le récit témoigne de la préoccupation majeure des Américains pour les tueries de masse qui endeuillent régulièrement leur pays depuis vingt ans. Un phénomène que l’on peut mettre en relation avec la prééminence, dans l’espace public, d’une certaine culture du narcissisme, lequel constitue clairement l’un des principaux ressorts de ceux qui passent à l’acte, fussent-ils ouvertement en rupture avec cette société consumériste dont ils sont, quoi qu’ils en pensent, le pur produit…
Écrit par Damián Szifrón, le scénario évite de façon habile l’action spectaculaire et facile, les courses-poursuites effrénées, et prend au contraire le temps de brosser des personnages complexes à mesure qu’il pose les jalons de leur enquête. Un peu à la manière du Silence des agneaux ou du feuilleton True Detective, Misanthrope privilégie ses héros à son intrigue, ce qui, par ailleurs, n’est pas sans poser problème dans la dernière partie du récit, nettement plus prévisible et un tantinet décevante…
Toujours est-il que la relation entre Eleanor Falco (Shailene Woodley) et Geoffrey Lammark (Ben Mendelsohn, trop rare au cinéma), teintée à la fois de déférence mutuelle, d’exigence et parfois d’incompréhension, fait de belles étincelles. On aimerait voir plus souvent ce genre de polar dans nos salles.
4 étoiles sur 5
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9 commentaires
Curieux comme j’ai été au çontraire très déçu par ce film. Différence de générations ? J’ai trouvé les personnages éculés, tellement habituels dans la production américaine, les dialogues en rapport des personnages, convenus, simplistes. Un film « lourdingue », hollywoodien. On est loin de la finesse psychologique d’un « no country for old man » des frères Cohen.
Comparé au cinéma Français ! ! !
Je l’ai vu, enfin un film qui donne l’envie de retourner au cinéma. Je le conseille vivement.
Les états unis, prédateur de l’humanité qui n’a d’égalité qu’avec l’islam, suite à la reconquête de l’Europe pendant la guerre où elle a tenu un rôle prédominant en concluent un accord dit, prêt-bail, et du plan Marshall après guerre nous ont mis la corde autour du cou, Le rêve Américain, le cinéma imposé, le coca cola avec le chewing-gum mais c’est du surfait pour beaucoup, sans grande qualités.
Certes un film à voir .
Merci pour votre chronique, ça donne envie de voir.
Suggérant une « moliérade », le titre est assez loin de l´original (to catch a killer).
Je donnerai également 4 étoiles sur 5 au film ainsi qu´à l´ami Marcellesi et son style clair et posé, aux antipodes des critiques amphigouriques de Télérama.
En effet, pourquoi ne pas garder le titre anglais « Attraper un tueur ». Le tueur est peut-être un misanthrope dans l’histoire ? Mais ça n’autorise pas à transformer un titre. Ces changements de titre comme dans « Les dix petits nègres », même si cela n’a rien à voir avec le film d’ici et n’est pas une opération wokiste, finissent par donner de l’urticaire.
Tant qu’on y est, pourquoi ne pas transformer tout un tas de titres comme par exemple, celui de Président par ‘Le roi Ubu » ?
Ça donne envie…