[CINÉMA] Les Règles de l’art, récit d’un cambriolage historique en France

Les Règles de l’art s’avère une comédie élégante et tout à fait prenante.
Copyright Eloïse Legay - SrabFilms
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Expert en montres de luxe pour Drouot, à Paris, Yonathan Cobb est un homme consciencieux et sans histoires qui mène une petite vie de famille bien rangée et se contente parfaitement de sa situation. Lorsque sa route croise celle d’Éric Moreno, un marchand d’art à l’éthique plus que douteuse, Yonathan, fasciné, se laisse happer par ses combines illégales et se retrouve bien malgré lui au cœur d’une sombre affaire de recel. En effet, Moreno est en affaires avec Jo, un cambrioleur de haut vol qui parvient, une nuit, et sur un coup de tête, à subtiliser au Musée d’art moderne de Paris cinq tableaux à la valeur estimée à cent millions d’euros. On trouve notamment, parmi ces œuvres volées, du Modigliani, du Kandinsky et du Fernand Léger… Lorsqu’il met la main sur ces toiles, le recéleur Moreno se tourne naturellement vers son nouvel ami Yonathan, l’expert de Drouot, pour l’aider à les revendre. Seulement, ce dernier n’est pas plus compétent pour trouver un repreneur. Bien embêtés, les deux hommes ne savent comment tirer profit de leur nouvelle acquisition. Ils doivent, en outre, composer avec Jo, le cambrioleur, qui s’estime lésé financièrement, et surtout avec les agents de l’OCBC (l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels) lancés sur leur piste…

Une histoire rocambolesque tirée de faits réels

Librement inspiré du plus grand cambriolage opéré, jusqu’à présent, dans un musée français, Les Règles de l’art, de Dominique Baumard, pioche à loisir dans le dossier d’instruction de cette véritable affaire, survenue en 2010, et nous raconte avec une ironie mordante, digne des frères Coen, une histoire des plus rocambolesques où l’amateurisme complet le dispute à la cupidité.

Tourné en partie au 11, avenue du Président-Wilson, où se situe le Musée d'art moderne de la ville de Paris, le film, sous des dehors de comédie légère, vise aussi bien l’authenticité qu’une certaine exhaustivité, bien qu’il ait choisi de modifier les noms des protagonistes : pour Benjamin Charbit, le coscénariste, et Dominique Baumard, le dossier d’instruction a été « une mine d’informations qui a permis de réutiliser des dialogues entiers, des échanges de SMS, avec cette idée de retracer le fait divers avec le plus de précision ».

Des libertés prises par le réalisateur

Le film, malheureusement, ne montre pas grand-chose du procès de 2017 au cours duquel nos trois gaillards se sont, semble-t-il, illustrés par leurs propos et leur désinvolture. Par ailleurs, Dominique Baumard, sans doute par volonté d’appuyer la dimension comique de son récit, atteste la version de Yonathan selon laquelle les tableaux volés auraient fini lamentablement à la poubelle… Une hypothèse peu vraisemblable, tant cet expert connaît la valeur de telles œuvres. C’est bien simple : ni ses complices de l’époque ni la police ne croient ses explications. Les enquêteurs, en effet, sont convaincus que les toiles « ont été transférées à l'étranger ».

Des acteurs au diapason

Indépendamment de ces libertés assumées par le cinéaste, Les Règles de l’art s’avère une comédie élégante et tout à fait prenante dans laquelle Melvil Poupaud peut tranquillement donner la mesure de son potentiel comique, tandis que son partenaire de jeu, Sofiane Zermani – qui a véritablement connu des ennuis avec la Justice et a plus ou moins menacé de mort Jordan Bardella dans un morceau de rap –, se révèle criant de vérité dans le rôle du filou… Reste que Steve Tientcheu est sous-exploité, son personnage de Jo, trop en retrait, aurait mérité un meilleur développement.

À voir en famille.

3 étoiles sur 5

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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

5 commentaires

  1. Allez plutôt voir le nouveau film de Mike Leigh : « Deux soeurs ».
    Palme d’Or à Cannes en 1996 avec le déjà très bon « Secrets et Mensonges, Mike Leigh reste l’un de nos meilleurs réalisateurs européens pour analyser les maux de nos sociétés contemporaines.
    Une nouvelle œuvre truculente …

  2. Sûrement pas ! Même si ce film exposé des vérités trop longtemps cachées sur le microcosme très parisien des marchands d’art , aller le voir reviendrait à soutenir des pseudo acteurs propulser sur l’avant scène au nom du principe des quotas et de la discrimination positive ! Si en plus vous n’ignorez pas les menaces perpetrees contre un homme politique de l’une des rares oppositions de ce pays , vous deviendrez le complice schizophrène d’un autre petit monde qui ne survit que grâce à la commission très marxiste des avances sur recettes !

  3. Un film qui semble en noir et blanc tant l’image est sombre , il en devient invisible . Quant à la diction des acteurs elle donne dans l’inarticulé propre aux nouvelles générations .
    Le type même de film subventionné , on attend les chiffres d’entrées .

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