[Cinéma] L’Abbé Pierre, ou la charité devenue folle

1550435.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx

Il y a, dans notre Histoire récente, des figures totémiques, des personnalités que la doxa interdit de critiquer sous peine de se voir associé aussitôt au camp du mal. Simone Veil fut de celles-ci, c’est pourquoi l’ancien ministre de la Santé a eu droit, l’an dernier, à un film-hommage – des plus discutables – par Olivier Dahan. Dans un esprit similaire, Frédéric Tellier, qui nous avait enthousiasmé en 2015 avec L’Affaire SK1 puis, dans une moindre mesure, avec Sauver ou périr en 2018, propose aujourd’hui un film biographique sur l’abbé Pierre.

Le cinéaste montre comment ce moine issu de bonne famille, passé par la Résistance entre 1942 et 1945 en tant qu’aumônier, puis par la députation sous l’étiquette MRP à la Libération, fonda Emmaüs, association d’aide aux plus démunis. Une initiative courageuse, basée sur le don et la charité, qui refusera toujours l’immixtion de la finance et la mainmise des groupes privés sur la gestion de ses deniers. Cela ne se fera pas sans heurts pour l’ecclésiastique, qui devra attendre la rudesse de l’hiver 1954 pour faire connaître sa démarche au grand public avec son fameux passage sur les ondes de Radio Luxembourg.

Un exemple de confusion intellectuelle

Le film de Frédéric Tellier montre également – mais sans le moindre regard critique – comment le positionnement idéologique de l’abbé Pierre épousa celui de la gauche libérale au tournant des années 80 sous la présidence de François Mitterrand. Passant de la protection des déshérités de la France traditionnelle à celle des « nouveaux prolétaires » du socialisme tendance trotskiste (à savoir ces immigrés illégaux venus du continent africain qui constituent l’armée de réserve du capitalisme et permettent de faire pression sur les salaires des travailleurs français), l’abbé Pierre fut manipulé de A à Z par ces puissances d’argent qu’il entendait combattre auparavant.

Transposant à l’échelle de peuples entiers le devoir de charité qui lie un individu à son prochain, cet homme illustrait à merveille la confusion intellectuelle qui règne toujours au sein du clergé français. Ses différentes saillies à l’encontre de Jean-Marie Le Pen – qui lui valent manifestement la sympathie du réalisateur – furent autant de démonstrations d’amour à un système globalisé injuste qui se joue, aujourd’hui encore, sur le dos des peuples européens, de leurs intérêts économiques, de leurs identités collectives, de leur sécurité et de leur continuité historique.

Une hagiographie assumée

En outre, dans sa volonté de gommer les inconséquences de l’abbé Pierre et de lisser le personnage, Frédéric Tellier se garde bien d’évoquer ses prises de position fédéralistes en faveur d’un gouvernement mondial. Projet fumeux qui semble, à première vue, peu compatible avec l’exercice de la démocratie.

Si l’on veut bien mettre de côté ces aspérités, le film de Frédéric Tellier, clairement hagiographique, est particulièrement bien mené. Le cinéaste compense les ellipses de son récit par un souffle épique, une musique inspirée couplée d’une voix off qui rendent le tout plus fluide et érigent l’abbé en véritable modèle de vertu. Dans le rôle principal, Benjamin Lavernhe, vieilli pour certaines séquences, dévoile toute l’étendue de son talent et subjugue par sa puissance de jeu.

À voir, tout en maintenant une élémentaire distance critique.

3 étoiles sur 5

 

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Les Français ont un problème d’ego … moins de 1% de la population mondiale veut sauver plus de 99% de cette population, l’accueillir chez elle, faire disparaitre la misère, la maladie, la famine, régler le problème du réchauffement climatique,… C’est curieux, mais personne ne trouve ça délirant, pourtant, nous savons très bien comment cela va se terminer.

  2. J’ai lu ,je ne sais ou,que l’Abbé Pierre lors de son mandat de député s’était opposé à l’augmentation des rations alimentaires destinées aux prisonniers de guerre Allemands en France, une étrange notion de la charité chrétienne !
    Rappelons-nous les attaques subies par l’Abbé Pierre qui soutenait un ami historien ,ce dernier revoyait à la baisse le nombre de juifs déportés et tués par les nazis, il ne s’agissait nullement de négationisme ,mais d’une étude statistique,le CRIF et nombre de membres de la nomenklatura intellectuelle s’étaient offusqués ,l’Abbé était venu faire amende honorable devant cette institution .
    L’homme ,reconnu chaque année comme le préféré des Français , lors d’une soirée télévisée en faveur des personnes atteintes du sida,avait osé préconiser l’abstinence sexuelle , ce fut un tollé général parmi l’assistance .
    Danièle Mitterand ,fondatrice de l’association France Terre d’Asile,ainsi que d’autres membres de mouvements gauchistes du même style , était allée assister à une messe célébrée par l’Abbé Pierre ,ce dernier n’était qu’un faire valoir de toutes ces associations prétendues humanitaires.
    En vérité l’Abbé Pierre fut un homme providentiel en 1954 , nous ne pouvons nier le bien dont il fut à l’origine après guerre ,mais Emmaüs aujourd’hui ne vient en aide qu’à des immigrés et des clandestins qui n’ont de cesse que de profiter de notre système social, les premiers Compagnons d’Emmaüs devaient travailler afin de survivre .

  3. Transposant à l’échelle de peuples entiers le devoir de charité qui lie un individu à son prochain, cet homme illustrait à merveille la confusion intellectuelle qui règne toujours au sein du clergé français. Et chez bcp de chrétiens aussi, oserais-je ajouter. Nous avons tous par notre baptême une vocation de prêtre, prophète et roi. La mission première du roi est de veiller sur son peuple, quitte parfois à le protéger de ses tendances égoïstes plus ou moins naturelles, en le bousculant un peu. A titre individuel, nous avons tous à (essayer de) nous comporter comme le Bon Samaritain lorsque nous rencontrons une personne humaine en situation de détresse, surtout si elle vient d’être agressée. Le Roi qui est censé veiller sur nous doit surtout travailler à ce que les routes de son pays soient sûres pour que le risque de s’y faire agresser disparaisse ! L’équilibre entre nos trois vocations baptismales restera tjrs délicat ! Pensons à l’éternelle lutte entre Créon et Antigone.

  4. Emmaüs, les Restos du coeur et d’autres.
    Toutes ces actions qui partaient d’une belle cause et sont devenues des machines à aider les autres avant les nôtres.
    Les Restos ont lancé un appel à l’aide de plusieurs millions il y a quelques jours.
    L’État avait dit qu’il aiderait. On n’entend plus parler de rien, on en conclut donc que nos impôts sont venus à la rescousse de ce tonneau des Danaïdes.
    On n’aurait rien contre, si ça ne s’ajoutait pas à tout ce que nous devons déjà payer pour le bien être de populations arrivées sur notre sol à qui tout est dû

  5. Il serait plus utile de donner aux pauvres les millions qui servent à réaliser des films sur la vie de ceux là même qui ont toute leur existence aidé les plus démunis.

  6. La charité est, avant tout, un bizness. Comme disait un certain : »la misère, c’est triste, mais çà fait vivre tellement de monde ! ». …… et il faut quelques idéalistes naïfs comme l’abbé Pierre ou les bénévoles des Restos de coeur(ou les assoces qui s’occupent des migrants) pour alimenter le système et lui donner l’aspect des bonnes oeuvres.

  7. Moi, désolé, mais lors du Rapratiement des PN, M L’Abbé n’avait pas de mots assez durs envers nous.

    Alors ces coups de gueule lorsqu’il était député, aussi bien avec toute sa Miséricorde envers les personnes poursuivies après la Libération et son apathie envers les PN.

    SILENCE

    • En Mère Téresa, je verrais bien Marion Cotillard. Et tout naturellement le rôle de l’abbé revient de droit à Guillaume Canet.
      Des rôles de composition, mais bon, c’est leur métier.

  8. Abbé Pierre créateur d’Emmaüs , non ? Aujourd’hui , Emmaüs distribue des centaines de téléphones portables aux migrants sans papiers . Avec abonnement , payé par ceux qui donnent à cette institution et par des fonds publics . J’allais chez eux de temps en temps pour acheter une bagatelle ou plus . Je n’irai plus .

  9. Charité bien ordonnée commence par celle des autres… Quand la bien-pensance s’en Méle, cela devient de la politique.

  10. Décidément, Mitterrand, sous ses airs d’homme cultivé, aura manigancé, usé de, salit tout ce qu’il aura touché.
    Il suffit de voir tout « ceux » qu’il nous a laissé, ces parvenus gauche caviar qui n’en finissent pas d’encombrer les plateaux TV, style Jack Lang, qui n’en finissent pas d’en finir pour de bon, qui usent, dans le sens non pas d’utiliser, mais d’user, les bonnes recettes avec la Macronie.

    • Oui.
      « Charité bien ordonnée commence par soi- même » et « Aimes ton prochain comme toi-même ».
      Ce qui veut dire -pour moi- que si je ne m’aime pas et ne me protège pas, et que je me soumets à n’importe qui, je ne peux pas aider mon prochain. Prochain venant de « proche » c’est à dire d’abord la famille, les habitants de mon pays, avant les habitants de la Terre. Et il est clair que si on me demande de tout donner à ces « lointains », de toute façon, lorsque je n’aurais plus rien, ni ce lointain, ni mon prochain, ni moi-même ne pourront continuer ainsi.

  11. Comme tant d’autres associations celle là s’est détournée de son objectif de départ et beaucoup se sucrent et s’enrichissent sur la misère d’autrui . Il faut arrêter tous ces dons qui ne profitent pas aux pauvres si l’on veut donner on peut aider des gens à proximité ou de petites associations qui sont encore parfaitement intègres, elles sont rares mais il y en a encore .

    • Tout à fait d’accord de favoriser les petites structures locales où les frais de fonctionnement ne sont pas indécents !

    • « donner » demande en effet pas mal de discernement. Mais il n’y a pas que de petites associations qui soient encore parfaitement intègres (et les petites peuvent aussi être mal gérées ou se mettre un jour à dériver…).

  12. Ne comptons pas sur le cinéma Français pour avoir une vision objective d’un personnage ou d’un fait. Pourquoi travestir la réalité, êtes vous si peu inspiré que vous ne puissiez inventer un personnage fictif qui tiendrait lieu de support à une histoire rêvée? On est loin des films de Robert Lamoureux qui prenant pour thème les heures dramatiques de notre histoire, savait nous faire rire de la candeurs de personnages face aux aléas d’une époque troublée.

  13. Il suffit d’aller dans un maqasin Emmaus , on y voit toute l’Afrique et le Maghreb , et je vous laisse deviner la religion dominante. On peut classer EMMAUS avec d’autres associations comme des aspirateurs à migrants.

    • Seul 1% des hébergés dans les centres d’urgence d’Emmaüs sont français (Chiffres de 2017 )
      Toutefois, les chiffres donnés dans le rapport d’activité de l’année 2017 par Emmaüs Solidarité donnent une photographie assez claire et inquiétante de l’état présent de notre pays. Ainsi, parmi les 22.355 personnes suivies en 2017 par Emmaüs dans le cadre de l’accompagnement social des 60 structures d’hébergement et de logements adaptés, seules 3 % d’entre elles étaient de nationalité française et 2 % ressortissantes d’Etats-membres de l’Union européenne. Ce qui signifie donc que 95 % des personnes accompagnées venaient de pays non membres de l’Union européenne ! On compte d’ailleurs 95 % de célibataires et une très large majorité d’hommes (19.397, soit 86,76 % des effectifs).

      La tendance est encore plus marquée pour ce qui concerne les personnes hébergées dans les 18 centres d’urgence présents en France, puisque ces dernières se recrutent à 98 % dans des pays non membres de l’Union européenne ! Même les centres d’hébergement et de réinsertion sociale sont concernés par le phénomène, alors que leur mission diffère très largement, accueillent 66 % de personnes issues de pays hors de l’Union européenne. C’est proprement colossal. À savoir qu’un Centre d’hébergement et de Réinsertion Sociale est un établissement accueillant des personnes stabilisées pendant une durée de deux ans en moyenne où elles seront prises en charge par des équipes sociales correspondant en moyenne à un travailleur social pour 12 hébergés contre 25 en Urgence.

    • L’immiscion de la gauche au sein de l’église m’a toujours interrogée. Elle s’est inspirée inconsciemment du catholicisme et pour saper les consciences a voulu le changer de l’intérieur même. Les agression contre les prètres de St Nicolas du Chardonnet par des gauchistes le prouve. De quoi je me mêle? Les mêmes qui s’insurgeaient de la messe en latin ne bougeaient pas lors des prières islamistes de rues pour obliger des laïques à fournir des mosquées avec les deniers publics!

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois