« Choose France » : et si Emmanuel Macron se mettait à parler français ?
Le Président Emmanuel Macron parlerait-il trop l’anglais et pas assez le français ? Probable, son « franglais » ayant été timidement recadré par Édouard Philippe, Premier ministre préférant annoncer "Vous êtes les bienvenus" à de possibles investisseurs étrangers plutôt que ce très convenu "Choose France", vocable ayant pourtant eu l’aval de l’Élysée.
On a évidemment vu plus grave comme « dysfonctionnements » au Château. Mais celui-là n’est pas anodin. Car le français n’est pas que la langue officielle des Jeux olympiques (merci, Pierre de Coubertin), mais également une langue internationale, censée être parlée dans les instances du même nom. En France, nous sommes donc censés parler français. Et à l’étranger, devant des étrangers, les Français censés représenter la France sont également tenus de s’exprimer dans leur langue natale. C’est bien le moins.
Ainsi, la langue est-elle partie constitutive de l’identité, au-delà de la culture, de la religion ou de l’appartenance ethnique. « Je pense, donc je suis », certes. Mais la façon dont on « pense », la manière d’employer tel mot plutôt qu’un autre en dit également sur ce que l’on « est ».
Ce n’est pas par hasard que tant de revendications identitaires, de type autonomiste, séparatiste ou indépendantiste, démarrent par des revendications linguistiques. Il y a donc les mots pour le dire, sachant que certains mots peuvent aussi en dire long.
Il est vrai que nos dirigeants, ayant intégré le fait que la France soit désormais devenue une "puissance moyenne", Valéry Giscard d'Estaing dixit, la langue de Molière ait pu devenir au passage un dialecte optionnel.
Au contraire de ses prédécesseurs, le très « jupitérien » Emmanuel Macron entendait refaire siens les traditionnels attributs du pouvoir régalien. L’intention était plus que bienvenue. Mais au rang de ces derniers, la langue aurait pourtant eu vocation à figurer au rang des premiers. À l’occasion de « l’Alliance impie », telle que définie par le pape d’alors, alliance conclue entre François Ier et Soliman le Magnifique, l’une des clauses, majeure mais souvent oubliée, consistait à la création d’écoles françaises – donc d’obédience catholique – au sein de l’Empire ottoman.
Ce qui signifie que les élites turques d’alors, plaçant tous leurs enfants dans nos écoles françaises, apprenant le français dès ce qui tenait alors lieu de maternelle, finissaient, à force de parler français, à « penser » français. Cet épisode ne remonte pas à hier, c’est vrai. Mais, aujourd’hui encore, il existe des journaux francophones en Turquie, tandis que nombre de mots relevant de concepts contemporains se prononcent encore dans la langue de Molière, l’homme des turqueries et des mamamouchis chers à notre Bourgeois Gentilhomme.
Une leçon qu’un George Soros semble avoir bien retenue. Ses innombrables écoles Open Society, sources de tant de troubles, en Europe de l’Est mais ailleurs aussi, en sont la preuve. Leçon qu’Emmanuel Macron paraît avoir, entre-temps, oubliée. Car dans ces écoles, on ne fait pas que « parler » américain. On « pense » également américain, avant « d’agir » comme les Américains.
Une petite note d’optimisme, pour finir : Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, a lui aussi usé ses fonds de culottes sur les bancs des écoles Open Society. Avant de déclarer George Soros persona non grata au pays des Magyars. Il est plausible que ce turbulent chef d’État ait développé cet audacieux concept en hongrois.
Qu’attend Emmanuel Macron pour dire la même chose en français ?
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