"Le camp du droit n'est pas nécessairement le camp du faible", c'est ce qu'a déclaré Emmanuel Macron, ce mardi matin, au Parlement européen.

Nicolas Dhuicq réagit, au micro de Boulevard Voltaire, aux propos du chef de l'État. Il dénonce la stratégie du gouvernement qui, en Syrie, mène une mission de guerre en dehors de tout droit et en dehors de toute preuve, transgressant les règles de droit international.

Emmanuel Macron a déclaré, ce matin, à Bruxelles, que les frappes en Syrie avaient pour but de démontrer que le camp du droit n’était pas nécessairement le camp du faible. Que pensez-vous de cette phrase du Président ?

Je la trouve totalement incohérente puisque le Président a décidé de faire mener aux forces françaises des missions de guerre et frapper des objectifs en dehors de tout droit. Ces frappes ont été effectuées en dehors du cadre de l’ONU et sans preuve vérifiable et vérifiée qu’il y avait bien eu des attaques chimiques et que ces dernières étaient imputables aux forces armées syriennes.

Je trouve que cette action est dans la droite ligne de ce Président qui est dans l’hubris, c’est-à-dire dans la démesure, lorsqu’il déclare sans honte qu’il fait partie du camp du droit, alors qu’il a transgressé par cette décision, comme chef d’État, les règles de droit international.

Quant à la question du faible, c’est tout aussi absurde. La Syrie va entrer dans une huitième année de guerre. Cette guerre est, pour moi, une guerre imposée de l’étranger au peuple syrien. S’il y a bien un peuple qui souffre et qui est dans une opposition de faiblesse et qui lutte pour sa survie, c’est bien le peuple syrien. S’il y a bien des puissances aux moyens exceptionnels en matière d’armement, ce sont bien les États-Unis d’Amérique en premier lieu et les alliés qui ont suivi sans réfléchir - le Royaume-Uni et la France. Je note, à cet égard, que l’Allemagne, elle, qui a des informations - puisque les services allemands ont repris des contacts avec les services syriens -, a décidé de ne pas participer à cette aventure - à juste titre. Nous sommes donc dans une situation qui se renverse où la France a perdu la position qu’elle avait avec Jacques Chirac lorsqu’il avait refusé, à juste titre, d’intervenir une deuxième fois en Irak pour supprimer Saddam Hussein, quoi qu’on pense de ce dernier.

D’ailleurs, je ne fais aucune comparaison entre Bachar el-Assad et Saddam Hussein. Ce sont des personnages totalement différents. Je m’insurge quant à cette espèce d’hystérie anti-Bachar el-Assad permanente qui est totalement folle. Il suffit d’aller en Syrie pour voir combien le président Assad est soutenu par la majorité de la population syrienne.

De manière globale, on voit la France réalignée militairement sur la politique américaine. Est-ce cela, qui vous insupporte ?

Cela a commencé quand Emmanuel Macron était ministre de François Hollande avec des ventes à des puissances étrangères de certains de nos attributs. La vente d’Alstom, en particulier, est un véritable scandale. Alain Juillet, ancien de la DGSE, l’a dénoncé. Cela va nous interdire à terme, si les Américains le veulent, d’exporter certains armements au Brésil. Je rappelle aux auditeurs que nous n’avons pas exporté au Brésil le Rafale à cause des Américains, qui l’ont interdit parce qu’il y a, dans le Rafale, quelques composants d’origine américaine.
Cela a commencé par la vente de nos attributs de puissance et cela se poursuit avec une vision totalement européiste, alors que l’Europe de la Défense n’existe pas, et avec l’alignement complet non seulement sur les États-Unis d’Amérique, mais sur la position des néo-conservateurs américains. C’est cela, qui est le plus effrayant.

Le député Jean Lassalle a déclaré qu’il ne reconnaissait plus Emmanuel Macron comme président de la République à partir du moment où celui-ci a décidé de frapper la Syrie. En êtes-vous rendu au même point ?

Ce n’est pas un mystère que de dire que je ne supporte pas du tout la politique menée par Emmanuel Macron. Je ne suis pas l’un de ses soutiens, bien au contraire.
Emmanuel Macron mène une politique néolibérale au sens économique et sociétal du terme.
Tout a une valeur, sous-entendu une valeur marchande. Il s’imagine que seul le marché fait loi. Il est dans une culture de négation de la souveraineté nationale et de négation de l’État. On le voit, d’ailleurs, avec l’affaire de la SNCF.
La position de Jean est tout à fait honorable, car c’est une position affective.
Je n’ai pas voté pour monsieur Macron, je ne soutiens pas la politique de monsieur Macron. Il n’en reste pas moins qu’il est, dans les faits, encore président de la République.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:57.

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17 avril 2018 à 22:02

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