Catalogne : un président « raciste » en Europe ?

Quim_Torra_a_la_Assemblea_General_d'Òmnium_Cultural_(2015)

Président, certes, d’une région et pas encore du nouvel État-nation que les séparatistes catalans souhaitent constituer, mais président quand même, et président aux déclarations étonnamment haineuses. Tel est Quim Torra, le nouvel homme à la tête (formellement, du moins) de la Generalitat de Catalogne, quelqu'un qui déverse des propos qu'aucun dignitaire d'aucun pays n'a jamais osé proférer à l'encontre... de la majorité de sa propre population. La majorité, en effet : 51 % des voix émises lors des dernières élections catalanes​ l'ont été pour les partis espagnols​. Ce à quoi il faut encore ajouter l’ensemble de la population ​du reste de l'Espagne​, sans oublier les chers voisins français​, visés eux aussi​.

Voici un petit échantillon des perles que ce président a proférées, dans des tweets et des articles, tout au long des dernières années :

"Les Espagnols, ces bêtes, ces charognards, ces hyènes à l’ADN taré."

"Les Espagnols et les Français partagent la même vision destructrice des choses."

"Les Espagnols, voilà des voleurs, des fascistes, révulsifs et pathétiques."

"On ne négocie pas avec des terroristes. Nous ne pouvons pas négocier avec l’État espagnol."

Benoît Pellistrandi, historien spécialiste de la Catalogne, évoque, dans un article récent du Figaro, "une incroyable suite de clichés tout simplement racistes" !

Face à de telles déclarations insultantes, que fait le gouvernement Rajoy ? Que fait-il, plus particulièrement, face à la dernière provocation consistant à nommer un gouvernement catalan intégrant des auteurs du coup d’État du mois d’octobre dernier, qui sont soit incarcérés, soit en fuite ? Eh bien, face à une situation aussi grave, le gouvernement de Madrid se croise les bras et ne fait rien. Ou presque. Il vient, certes, de décider de ne pas publier dans le Journal officiel la nomination d’un gouvernement incapable d’exercer ses fonctions. Par là-même, les mesures d’intervention de la Generalitat restent en vigueur. Mais à quoi servent ces mesures qui, depuis leur entrée en vigueur, ont gardé intacte toute la structure du pouvoir, y compris le pouvoir de la télévision et de l’enseignement indépendantiste par lequel la population est, jour après jour, endoctrinée dans la haine chauvine ?

Entre-temps, le peuple espagnol, cette sous-race de "tarés, de charognards, d’hyènes et de voleurs", continue à donner la preuve du seul bienfait que le séparatisme aura apporté : la renaissance d’une identité espagnole qui, bêtement assimilée au franquisme, était restée endormie pendant de trop longues années. C’est ainsi que les deux grands partis du Système (le Partido Popular et le Partido Socialista, responsables d’avoir rendu possible une telle dégénérescence) sont déjà tombés dans les sondages loin derrière Ciudadanos, la grande force montante : un parti certainement du Système, lui aussi (il ne souffle pas mot, entre autres, sur l’immigration), mais un parti qui, au moins, n’a pas les atermoiements des autres face à la sécession.

Quant à Podemos, la formation ultra-gauchiste tout aussi favorable aux indépendantistes, il stagne dans les sondages (et tombera sans doute fortement après le scandale qui secoue, ces jours-ci, l’Espagne : Pablo Iglesias, son chef populiste et égalitariste, vient de s’acheter une somptueuse maison pour 650.000 euros). Ces mêmes sondages prévoient enfin que Vox, le seul parti identitaire et profondément espagnol qui jusqu’à présent – cas unique dans toute l’Europe – n’avait pas réussi à entrer dans le Parlement, pourra enfin y accéder. Grâces en soient rendues aux indépendantistes !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:10.
Javier Portella
Javier Portella
Écrivain et journaliste espagnol

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